Folies antédiluviennes - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Folies antédiluviennes

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Note : Je révèle beaucoup de choses dans cette critique, sur le film « Noé », que je ne suis pas venu louer, mais enterrer.

Pour évoquer le contexte biblique, je vais paraphraser Nathanaël : « Est-ce que quelque chose de bon peut sortir d’Hollywood ? » A l’évidence, probablement pas ; pas si la Bible en est la source matérielle d’inspiration.

Si on vous a dit du mal du film de Darren Aronofsky « Noé », croyez le. Ce film n’est pas simplement une retranscription bizarre et misanthrope. C’est une épopée brutale et sans âme, un échec en tant que drame biblique et de drame tout court.

Le problème principal est que tout est centré sur les effets spéciaux. Le « visuel » a pris possession de « Noé » et supplanté les mérites de l’écriture du scénario, du jeu des acteurs, et de la mise en scène. Et de fait, ces éléments essentiels du cinéma traversent « Noé » tels des fantômes, et jouent le rôle de paramètres fictifs pour les manifestations pyrotechniques. Pourtant, même dans « Noé », le vent, la pluie et le feu ne sont pas mieux rendus que dans beaucoup d’autres films moins ambitieux, aux budgets plus modestes, et au résultat artistique bien meilleur, quoique les scènes tournées sur place en Islande et au nord de l’Etat de New York soient superbes.

Passons en revue la source. Dans les journaux, les publicités pour le film rendent le service au spectateur de lui rappeler que « on peut trouver  l’histoire de Noé dans le livre de la Genèse », et au chapitre 6 nous lisons l’histoire de la méchanceté de l’homme. A l’époque, il y avait sur terre des géants, les Nephilims, qui « pénétraient les filles des hommes » et c’est une des iniquités qui ont conduit Dieu à décider d’effacer presque toute la race humaine.

Mais  « Noé a trouvé grâce aux yeux du Seigneur » parce qu’il était juste et sans défauts ? Et notre Dieu dans sa grâce a promis de faire alliance avec lui et « tes fils, ta femme et les femmes de tes fils avec toi ».

Les Nephilim aux quatre bras du film appelés « Gardes » sont des esprits enfermés dans des corps de pierre animés. Bien que beaucoup d’érudits considèrent les Néphilims comme des anges tombés, c’est-à-dire des démons, dans Noé, ce sont de braves gars (tout à fait comme les Ents de Tolkien), et ils aident Noé à se battre contre la horde de gens méchants, acharnés à vouloir prendre possession de l’arche. Cette bataille, qui est une des scènes clé du film, n’est pas dans la Genèse, bien qu’elle réapparaisse pratiquement chaque fois qu’on fait un film épique sur la Bible ?

Le vrai Noé a construit sa ménagerie maritime faite de bois Gopher et de poix, et l’a remplie de « sept paires de tous les animaux purs, le mâle et la femelle ; et d’une paire de (ces créatures) qui ne sont pas pures », et il a fait tout cela en une semaine avant le déluge, un travail qu’Hercule lui-même n’a jamais imaginé, et particulièrement impressionnant de la part d’un homme âgé de 600 ans. Noé a fait tout cela sur les ordres de Dieu, présentés dans la Bible entre guillemets, pour exprimer que Noé a effectivement entendu la voix du Seigneur.

Mais voilà, ce n’est pas tout ce qui arrive dans Noé.

Il y a un énorme problème au cœur même du message du film : Noé est le premier VHEMT. Ce sigle veut dire : Mouvement pour l’Extinction Volontaire de l’Humanité (Le T est là pour donner l’impression qu’on peut lire véhément. ) il s’agit d’un groupe qui croit que l’humanité devra guérir notre planète en difficulté en renonçant à se reproduire- pour faire comme Dieu dans la Genèse, sauf qu’ils omettent l’alliance de l’arc en ciel.

C’est pour cela que seul le fils aîné de Noé, Sem, a une épouse dans le film. Son fils Cham en courtise une, mais elle se fait prendre dans un piège à ours rempli de ressorts en métal – un des nombreux anachronismes du film. Noé (Russell Crowe) refuse de la sauver. Japhet, ici le plus jeune, mais dans les écritures l’aîné, n’a pas non plus de femme.

Quand on regarde le film, sachant qu’il devrait y avoir à bord de l’arche deux femmes en plus de madame Noé, ici appelée Naameh (jennifer Connelly), et de madame Sem, Ila (Emma Watson), on se demande à quoi les rédacteurs du scénario Aronofski et Ari Handel veulent en venir.

Eh bien, après que Noé et Naameh aient calmé tous les animaux grâce à la fumée d’une certaine potion qu’elle fouette, et après que Cham ait conçu un plan meurtrier avec le méchant Jubal-Cain (Ray Winstone), qui s’est caché subrepticement dans l’arche, Noé déclare à sa famille que quand ils auront touché terre et débarqué tous les animaux, il n’y aura plus de relations sexuelles parmi les 6 humains survivants, parce que ce que Dieu veut en réalité, c’est sauver les petits lapins et les cobras, mais pas les gens. « Nous travaillerons, complèterons notre tâche, et mourront avec le reste » de l’humanité noyée.
Mais Ila est enceinte. (Nous le savons très tôt car Naameh concocte un test de grossesse à base de salive dans un plat.) Noé est furieux, mais accepte de ne pas tuer l’enfant si c’est un garçon qui deviendra le Dernier Homme de la Terre. Mais si c’est une fille (qui pourrait se reproduire) il promet un avortement tardif.
Il n’y a pas d’autres femmes à bord de l’arche d’Aronofsky parce qu’elles gêneraient l’intrigue, tout simplement.

Et voilà qu’Ila met au monde des jumelles. Noé, l’homme qui aime la nature, un couteau à la main, se tient menaçant au-dessus d’elles , tel un Kermit Gesnell antédiluvien. Crowe fulmine et tempête, mais on ne croit pas une seconde que Noé va vraiment assassiner ces bébés.

La corneille revient le bec vide, mais la colombe arrive à son tour avec un rameau d’olivier, et on débarque dans un paisible royaume, bien que Noé ne construise pas l’énorme barbecue dont il est question dans Genèse 8 ; 20.

On voit des allusions à des viols, des meurtres, du cannibalisme, parmi les gens menés par Tubal-Cain (qui existe dans la bible, mais pas dans l’histoire du déluge), mais la version du mal que préconise le film n’est pas la perversité violente que les humains s’appliquent les uns aux autres, c’est la dévastation forgée sur le monde par leur « civilisation industrielle » (tiré littéralement de l’introduction du film).

On trouve « croissez et multipliez-vous », mais rien à propos de la domination des griffes et des dents (genèse 9 : 2-7) qui est une partie essentielle du traité d’alliance.

Oh il y a un arc en ciel à la fin, mais il ressemble à un drapeau humide et délavé de la gay pride un jour de pluie.

S’il le faut, allez voir ce film PG-13, mais lisez d’abord la Genèse.

Traduction d’Antediluvian follies : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/antediluvian-follies.html