C’est un pari spirituel que l’Église engage avec le Synode sur la pastorale familiale, qui aura lieu à Rome du 5 au 19 octobre prochain. On en prend la mesure avec la publication d’un Instrumentum laboris qui fait la synthèse de la vaste consultation entreprise dans les diocèses du monde entier. La première conclusion retenue par Mgr Baldisseri, secrétaire général du Synode, c’est que les chrétiens ignorent, pour beaucoup si ce n’est la plupart, l’enseignement de l’Église en matière familiale. Les documents les plus importants du magistère sont méconnus, ou tenus à distance du fait de préjugés bien enracinés. Comment s’en étonner, lorsqu’on sait que les chrétiens n’échappent pas au phénomène d’opinion publique, qu’ils participent d’une culture commune répandue quotidiennement par les médias ?
Il est vrai que pour se mettre au diapason d’une doctrine chrétienne du mariage, il faut une véritable indépendance d’esprit, par rapport aux modes, aux préjugés et à la pression d’une pensée dominante. La défiance, voire la répulsion à l’égard de cette vision évangélique est aussi alimentée par des courants internes à l’Église, ceux qui se sont retranchés dans une hostilité radicale depuis l’encyclique Humanae Vitae, l’encyclique de Paul VI rédigée en 1968 et reçue alors comme une provocation dans le climat d’une prétendue révolution des mœurs. Pourtant, ce qui est considéré comme négatif dans cette doctrine chrétienne tient d’abord à l’ignorance de ceux qui méconnaissent l’histoire et les fondements de la spiritualité conjugale. Paradoxalement, un Michel Foucault, pourtant réputé comme un des animateurs de l’esprit des années soixante, était beaucoup plus au fait de la nouveauté du message chrétien à propos du mariage, des relations entre hommes et femmes que ceux qui s’alignent sur les préjugés les mieux partagés. C’est qu’avec les historiens de l’Antiquité tardive, il avait observé qu’une certaine clarification du désir avait humanisé les relations conjugales, en affinant les sentiments, en suscitant l’affection réciproque, la confiance et le respect.
Mais il ne faut pas être pessimiste, il y a aussi dans l’Église des organismes de préparation au mariage et de spiritualité conjugale qui suscitent l’adhésion profonde des jeunes générations. C’est à partir de là qu’un heureux mouvement de contagion pourrait se développer et préparer le succès du Synode romain.
Pour aller plus loin :
- LE MINISTERE DE MGR GHIKA EN ROUMANIE (1940 – 1954)
- En vue du prochain Synode pour le Moyen-Orient
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies