Depuis des années, l’expression « Catholicisme de cafétéria » [ou Catholicisme « à la carte »] est employée pour désigner une approche de la foi où chaque catholique fait le tri des enseignements de l’Église, les choisissant ou rejetant à sa convenance. Vus ainsi, les enseignements de l’Église, comme les menus de la carte d’une cafétéria, n’ont guère d’importance, ils sont tous proposés pour satisfaire les goûts personnels du consommateur. On peut choisir les enseignements les plus attrayants, et laisser tomber les plus ardus. Et nul n’est tenu d’excuser ses préférences ou ses choix.
St. Paul mettait Thimotée en garde contre ceux qui « l’oreille les démangeant, se donneront des maîtres en quantité et détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers les fables.» (2 Tm, 4:3-4). Le catholicisme « à la carte » fait partie de ces fables, produit d’une époque qui a élevé l’individu au sommet de la connaissance, spécialement dans le domaine des croyances et de la morale. On trouve aisément n’importe où des maîtres de ce genre de relativisme, il y en a même au sein de l’Église.
Ce genre de raisonnement fait que nombre de « catholiques de cafétéria » ne se rendent pas compte de l’aspect intrinsèquement égocentrique et opposé à la foi de cette attitude. Car le catholicisme « à la carte » va à l’encontre du cœur du Christ, de Son enseignement, et de l’Église fondée par Lui pour répandre Sa grâce sur nous.
La Bible comporte soixante-treize livres, soit des centaines de pages, et le « Catéchisme de l’Église Catholique » contient près de trois mille paragraphes. Et pourtant tous les récits et les doctrines enchevêtrées coexistent en harmonie car chacun rayonne une part de la lumière divine infinie, Dieu, centre et unité de notre foi. Comme S.S. François l’a écrit dans Lumen Fidei : « La foi est une, en premier lieu, en raison de l’unité du Dieu connu et confessé. Tous les articles de foi se réfèrent à Lui, ils sont les chemins pour connaître son être et son agir.» (Lumen Fidei, 47).
Par l’incarnation Dieu est entré dans l’Histoire, et, avant l’Ascension au Ciel, Il a fondé l’Église, extension temporelle de l’Incarnation. Le Christ a remis à l’Église, dans leur union, toutes les vérités de Dieu. Imparfaits, ce sont maintenant des hommes qui gouvernent l’Église et transmettent ces enseignements. Cependant c’est le Christ qui reste la tête de son corps, l’Église, pour veiller à la transmission intégrale de son enseignement.
Le Saint Père François identifie clairement dans la vie des croyants les conséquences issues de ce corps unifié d’enseignement soutenu par Dieu en Son Église. « Étant donné qu’il n’y a qu’une seule foi, celle-ci doit être confessée dans toute sa pureté et son intégrité. C’est bien parce que tous les articles de foi sont reliés entre eux et ne font qu’un, qu’en nier un seul, même celui qui semblerait de moindre importance, revient à porter atteinte à tout l’ensemble.» (Lumen Fidei, 48).
Ainsi donc le catholicisme de cafétéria rejette l’unité de la foi, l’unicité de la vérité divine, et la plénitude de la révélation de Dieu. La foi est la réponse spontanée au Dieu aimant qui nous appelle à Lui. Le catholicisme « à la carte » prétend dicter à Dieu le mode de cette relation: j’aurai foi en ce qui Vous concerne, Seigneur, mais auparavant je déclare irrecevables certaines vérités et lois incompatibles avec mon mode de vie.
De tels pratiquants, dans nos milieux, n’acceptent pas toute les vérités concernant la Trinité, sauf à rejeter les vérités sur la divinité du Christ. Le catholicisme « à la carte » bute sur les enseignements de morale de l’Église, en particulier à propos de sexualité. Je peux bien être un bon catholique, va-t-on penser, si je choisis de croire en Dieu, d’aller à la messe, et d’aimer mon prochain; mais je choisis de ne pas obéir aux leçons de morale que je considère comme portant atteinte à ma façon de vivre.
Les épitres de St. Paul montrent largement que, dès les premiers temps, ceux qui souhaitaient suivre le Christ devaient à la fois confesser que Jésus est le Seigneur et se retenir de commettre une foule d’actes contraires à la morale. Pour les catholiques, foi et morale sont le reflet de l’unicité du commandement du Christ, aime Dieu et ton prochain. Le Bienheureux Jean-Paul II disait de l’Église: « En effet, l’Eglise est en même temps communion de foi et de vie ; sa norme est « la foi opérant par la charité »(Ga, 5:6).» (Veritatis splendor, 26).
Comme s’il pensait au catholicisme « à la carte » en écrivant ces lignes, Jean-Paul II poursuit : « Aucune déchirure ne doit briser l’harmonie entre la foi et la vie : l’unité de l’Eglise est blessée non seulement par les chrétiens qui refusent ou déforment la vérité de la foi, mais encore par ceux qui méconnaissent les obligations morales auxquelles l’Evangile les appelle (cf. 1C, 5: 9-13).» (Veritatis splendor, 26).
Quiconque s’est forgé son magistère personnel porte atteinte à la fois à sa personne et à l’unité de lÉglise. Il s’éloigne de Dieu et de la communauté — même s’il s’est persuadé du bien-fondé de ses choix — et l’Église est minée par le scandale de ceux qui choisissent de ne pas lui faire pleine et entière confiance.
La foi authentique est un acte total de confiance en Dieu et en Son Église divinement instituée. Par définition, le catholicisme « à la carte » choisit de faire confiance à l’individu plutôt qu’à Dieu. Si nous souhaitons sincèrement être admis dans la maison du Seigneur maintenant et pour l’éternité, alors il nous faut admettre que le jugement de Dieu est supérieur au nôtre. Le Dieu qui ne peut ni nous tromper ni être trompé nous promet bien davantage que ce que nous pourrions souhaiter trouver dans la cafétéria de nos propres désirs.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/on-faith-and-cafeteria-catholicism.html
Citations bibliques : texte français de la Bible de Jérusalem.
Citations d’Encycliques : texte français publié par le Vatican.
Lumen Fidei
Veritatis Splendor