Foi, Amour et Espérance - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Foi, Amour et Espérance

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La semaine prochaine, Francis Beckwith va retrouver pour la 35ème fois son lycée Bishop Gorman de Las Vegas, dans le Nevada. Le texte suivant est une adaptation du discours d’ouverture qu’il a adressé aux élèves diplômés en 2011.

Bien que j’ai beaucoup appris depuis que j’ai obtenu mon diplôme en 1978, il y a trois choses que j’aurais aimé comprendre lorsque j’avais votre âge.

Premièrement, prendre sa foi au sérieux. Le lycée Bishop Gorman est un établissement catholique, ce qui signifie qu’il est attaché à une importante tradition intellectuelle. C’est un établissement qui a été et qui est encore aujourd’hui, le berceau de quelques-uns des plus grands penseurs que le monde ait jamais connu. C’est avec orgueil que vous devriez crier au monde entier la fierté d’avoir étudié ici vous aussi. Quand j’avais votre âge, je n’avais que des notions enfantines de l’enseignement catholique et de la relation entre l’esprit et la vie, parce que, et bien oui, j’étais jeune.

Étant les enfants d’Abraham, notre foi est ancrée dans les Ecritures Hébraïques. Cependant, notre Église a commencé à prendre forme au premier siècle avec Jésus de Nazareth, le plus intelligent et le plus sage homme qui ait jamais existé. Sa vie, ses idées, ses actions, son exemple, ainsi que l’exemple de ses disciples, ont changé le monde antique et par conséquent, modifié le cours de l’histoire.

Mais tout ça est loin de ce qu’il a accompli. Tout au long de l’histoire de l’Eglise, les plus fins esprits ont lutté et suscité judicieusement des défis intellectuels et culturels, de façon à amener « toute pensée captive à l’obéissance du Christ » (2 Cor. 10:5).

Le vrai objectif de ce projet dans la formation des civilisations de l’ouest défie l’esprit lui-même. Les idées et les concepts que nous prenons pour acquis, que nous trouvons aujourd’hui dans des disciplines aussi diverses que l’économie, l’astronomie, la médecine, l’éthique, l’architecture, la musique, les mathématiques, ou encore la politique, se sont développés et ont prospéré sous la direction des intellectuels les plus accomplis et talentueux de l’Église.

Deuxièmement, la vie entière dépend de la vertu de l’amour. Selon St Paul, l’amour est plus grand que la foi et l’espoir, lesquels ne valent rien sans l’amour (I Cor. 13), puisque « l’amour supporte tout, fait confiance en tout, espère en tout, endure tout » (I Cor. 13: 7). Jésus disait à ses disciples qu’il y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. (Jean 15: 13). Pour faire simple, l’amour demande un don de soi pour le bien des autres.

Si vous commencez à penser sincèrement à l’amour, vous réalisez vite que votre vie entière en dépend. C’est l’amour des parents, professeurs, amis et famille, qui vient immédiatement à l’esprit, et le fait que cet amour ait rendu possible votre présence ici aujourd’hui. Mais il y a également ceux qui ne partagent plus notre espace-temps, et qui pourtant gardent une place importante dans notre société et dans nos modes de vie grâce à l’amour et au soutien qu’ils ont apportés. L’auteur de l’épître aux Hébreux dirait qu’ils sont une incroyable foule de témoins.

Le lycée Bishop Gorman a été fondé en 1954 par un petit groupe de catholiques, dont les noms ne diraient pas grand chose à beaucoup d’entre vous. Bien qu’ils aient évidemment vécu à Las Vegas, beaucoup d’entre eux ont émigré d’endroits exotiques et lointains tel que Chicago, Boston, Philadelphie, Pittsburgh, Los Angeles, New York, ou même Steubenville, Ohio, pour venir dans le Nevada. Ils ont parcouru une longue route et ont fait de nombreux sacrifices car ils aimaient leur Eglise, leur communauté, leurs enfants, et les générations à venir qu’ils n’allaient probablement jamais connaître. En effet, vous et moi sommes les bénéficiaires de cet amour.

La réponse à cet amour est notre gratitude, ainsi que notre volonté d’acquérir de nouvelles connaissances dans ce domaine. Cela signifie que l’amour et la réponse à cet amour n’est pas que vous, ou moi suivions nos rêves, même s’ils ne sont pas insignifiants. Ils sont plutôt secondaires. Ils acquièrent leur signification dans la manière dont nous répondons à cet amour, l’amour qui nous lie dans le mariage, qui nous lie à notre famille, l’église, l’amitié, l’amour de notre nation ou même l’amour de quelqu’un au hasard, comme nous l’a appris le Bon Samaritain. L’amour peut aussi exiger que nous demeurions fermes dans notre volonté de faire le bien face à l’adversité, ou il peut vouloir dire qu’il faut prendre sa croix et mettre de côté son Iphone.

Troisièmement, ce que vous accomplissez au lycée n’est pas votre destin. Quand j’ai obtenu mon diplôme ici, j’étais champion dans trois disciplines sportives et membre de l’équipe des championnats de basket de l’état de l’Ohio. Mais je n’ai pas eu de récompenses pour ça, et je n’aurais sûrement pas été admis, si j’avais fait un dossier pour m’inscrire à l’université de Baylor, où je suis maintenant professeur titulaire à temps plein. J’étais un étudiant moyen, avec beaucoup de potentiel, cependant bien caché par mon caractère taquin de l’époque.

C’est seulement au second semestre de ma deuxième année à l’université et après une série d’événements plus ou moins fortuites, que j’ai commencé à réaliser que j’aimais lire, écrire et penser.

J’ai découvert, à mon grand étonnement, qu’il existe des personnes bien plus sages que moi, qui ne font plus partie du royaume des mortels, et qui auraient pu être mes mentors. Socrate, Platon, Cicéron, St Augustin, St Thomas d’Aquin, St Anselme et le bienheureux John Henry Newman, forment un ensemble de mentors harmonieux de philosophes du passé. Ils étaient parmi ceux que G.K. Chesterton appelait “les plus mystérieux de nos ancêtres, toute catégorie confondue.” J’ai ainsi découvert une ressource d’idées qui, selon les mots de Chesterton, “refuse de se soumettre à l’arrogante et petite oligarchie de ceux qui vont simplement se balader dans ce monde. »

Si la vie était une partie de baseball, le lycée serait le second batteur de la deuxième manche d’un programme double. Il y a une raison pour laquelle cette cérémonie est appelé « cérémonie du commencement », et vous n’êtes qu’au début de la partie.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/faith-love-and-hope.html

Photo du lycée Mgr Gorman.

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Francis J. Beckwith est professeur de philosophie et d’études des relations Eglise-Etats à l’université de Baylor, au Texas. Son livre le plus récent ( écrit en collaboration avec Robert P. George et Susan McWilliams) s’intitule « A second look at first things : a case for conservative politics – The Hadley Arkes Festschrift (St. Augustine’s Press).