Dans son offensive médiatisée contre l’ancien président Sarkozy qu’il considère désormais comme un rival national, l’ancien Premier ministre François Fillon est déjà sur la piste des élections présidentielles de 2017. Il semble oublier qu’en attendant, son camp, celui de l’UMP, doit gagner les élections municipales de l’an prochain, dès mars 2014… Et cela face à deux adversaires non négligeables, le PS, certes affaibli actuellement, et le Front national, qui, lui, gagne du terrain…
Mais ce n’est pas la seule faiblesse de la démarche décevante de M. Fillon, pourtant un homme très respectable. Dans son ambition personnelle qui le porte à se juger déjà « présidentiable », après la défaite électorale de 2012, il ne s’est pas du tout engagé dans le grand débat de fond qui a mobilisé massivement la société française en cette année 2013, à l’heure de la « Manif pour tous » pour la défense de la famille et de l’enfance. Au contraire, il n’a… manifesté qu’un fâcheux absentéisme, en s’abstenant de toute prise de position ferme, et de toute présence dans la rue, à Paris, lors des rendez-vous historiques des 13 janvier, 24 mars et 26 mai. A ses yeux, ce n’était pas la place d’un ancien Premier ministre…
Cette conception très officielle, très formelle, de la vie politique paraît hélas dépassée, périmée, à l’heure d’un conflit de civilisation qui doit engager toutes les énergies. La France a besoin d’hommes de bonne volonté, bien plus que de simples ambitions personnelles. Elle a besoin aussi d’une autre manière de faire de la politique : au-delà du cas non isolé de M. Fillon, très peu de personnalités paraissent l’avoir compris, quelle que soit l’étiquette de leur parti. La classe politique est à nouveau en retard d’une guerre.