Emmanuel Macron était attendu, hier, pour son discours au Congrès. Effacerait-il son Premier ministre, en rendant subalterne la déclaration de politique générale qu’Édouard Philippe doit prononcer devant le Parlement ? Jacques Julliard, dans Le Figaro, n’avait-il pas promis à celui-ci l’unique rôle de souffre-douleur, celui qui reçoit les coups de bâton à la place du Prince qui doit être épargné. Mais le genre qu’a choisi le président de la République laisse toute faculté à son Premier ministre de développer, de façon concrète, l’agenda du quinquennat. C’est de la philosophie qu’Emmanuel Macron a proposée à la nation, par-delà ses représentants. D’aucuns ont trouvé qu’il y avait un peu trop de rhétorique dans certains passages, mais il est possible aussi d’apprécier la façon dont le chef de l’État a tenté de surmonter certaines querelles nationales, telle celle sur l’histoire, quitte à prendre de la distance par rapport à certaines de ses saillies lors de la campagne présidentielle.
« Les Français demandent à leur gouvernement de rester fidèle à l’histoire de France. » Tiens, intéressant ! Comment se tirer d’une querelle tenace ? « Ces dernières années, l’histoire a été prise en otage par le débat politique. Nous avons vu fleurir l’histoire pro-coloniale et celle de la repentance, l’histoire identitaire et l’histoire multiculturelle, l’histoire fermée et l’histoire ouverte. » Et voilà la réponse la plus significative donnée à la querelle : « Il n’appartient pas aux pouvoirs exécutif ou législatif, de décréter le roman national, que l’on veuille lui donner une forme “réactionnaire” ou une forme “progressiste”. Cela ne signifie pas que l’histoire de France n’existe pas. Qu’il ne faut pas en être fier tout en regardant lucidement ses coins d’ombres et ses bassesses. Mais pour nous, elle doit prendre la forme, non d’un commentaire, mais d’une action résolue en faveur du meilleur. »
Cette simple manière de poser le problème, sans le résoudre d’autorité, n’en comporte pas moins des affirmations précieuses quant à la nécessité d’une fidélité à une certaine essence de la France. Essence inclusive certes, mais inspiratrice d’une volonté et d’une continuité. Non, le président ne répudie pas la culture française, en dépit de sa formule hasardeuse. Il a reçu « un mandat de fidélité historique ». Ce n’est pas rien !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 4 juillet 2017.