Fête des mères dans le Massachusetts - France Catholique
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Fête des mères dans le Massachusetts

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Atterrissage dans une place bizarre et familière : je suis allé à Washington ce printemps, pour travailler à notre nouveau centre pour la jurisprudence de la loi naturelle. Mais j’ai dû retourner brièvement à deux reprises dans le Massachusetts, un terrain connu depuis plus de 45 ans, quoique devenant de plus en plus extra-terrestre, tout au moins dans ces enclaves académiques dans lesquelles je vis. En réatterrissant à Amherst ou Cambridge, j’ai envie de chercher un consulat américain, pour me relier à la véritable Amérique.

Mais ces deux voyages m’ont ramené au sein d’un autre cercle d’amis, sainement détaché de la culture des campus. Ce sont les gens qui ont soutenu le mouvement pro-vie au sein de l’état, même face à une classe politique de moins en moins favorable et dans un climat politque de plus en plus hostile. Ils ont tenu bon. Ils détaillent leurs victoires : ils ont sauvé des vies par leurs conseils, par leur présence à l’extérieur des cliniques, ou par leur résistance à une législation qui veut faire empirer les choses.

Ces pro-vie se nomment Szetela, Moriarty, Pitoniak, Maran, Butler, Reilly, Fox, Allen. Il ont constitué pour moi un univers quasi alternatif, composé de gens installés dans le monde, libérés des théories qui permettent aux universitaires de balayer d’un geste habile les vies humaines qui ne comptent pas pour eux.

J’ai pris un vol pour Boston afin de voir les hommes de loi pro-vie décerner le prix Thomas More à Philip Moran, qui a fondé le groupe il y a quelque seize ans. Il a conservé son habitude de soutenir les pro-vie dans leur lutte contre la loi, quand ils cherchent à plaider pour la vie des enfants à naître.

Une semaine plus tard environ, j’ai pris un vol pour l’exotique Agawam, en vue de présenter Robert George de Princeton au rassemblement annuel des Citoyens du Massachusetts pour la Vie, dans le Massachusetts Ouest.

Pendant le souper, le prix principal a été remis à Don Golden, un professeur de lycée qui a effectué des veillées à proximité des cliniques d’avortement et qui, par l’amour plutôt que par le blâme, a persuadé des femmes de mettre leurs enfants au monde.Robby George m’a fait remarquer que ces personnes étaient vraiment le « sel de la terre » et si différentes de la plupart des personnes nous entourant à Princeton et Amherst.

Le prix Thomas More décerné à Phil Moran m’a remis en mémoire cette observation de More : c’est une chose de conserver une bonne personnalité quand la valeur est soutenue par les conventions sociales et la loi. La véritable mise à l’épreuve a lieu quand un homme conserve ses qualités alors que les vertus ne sont plus soutenues pas les lois et que les vices sont célébrés partout.

Pour les pro-vies du Massachusetts, cette mise à l’épreuve devient de plus en plus difficile chaque année. De retour au Massachussets, j’ai trouvé nos amis engagés dans une bataille contre une proposition de vote pour « l’assistance médicale au suicide ». la mesure provient du même état d’esprit, et de plusieurs des mêmes groupes qui ont donné naissance à cette politique en Oregon et en d’autres états. Sur tout cela, nous aurions beaucoup à dire.

Mais qu’est-ce qui détermine les gens qui donnent naissance à ces régimes ? Pourquoi cette passion pour la mort ? La ligne révélatrice est « contrôle » – avoir le contrôle de sa vie et de la façon de la quitter. Et le concept à prétention philosophique est « l’autonomie », la condition pour se donner à soi-même sa propre loi.

Mais ce n’est pas l’autonomie comme « libre volonté », ou même l’autonomie d’Emmanuel Kant. La liberté va toujours sous-entendre des normes pour choisir sa façon d’agir, avec la possibilité que ces choix soient soumis à un jugement moral. Pour Kant, l’autonomie prend place dans un univers moral, avec la compréhension que l’acteur autonome a la liberté d’atteindre les principes justement revendiqués pour gouverner ses actions.

Mais ce qui se trouve derrière la revendication pour l’avortement et le suicide assisté semble être une passion pour « l’autonomie » dans le sens de s’affranchir de tous les principes du discernement moral, les principes qui entrent en jeu dans les -oups -jugements, particulièrement sur la façon dont les gens mènent leur vie sexuelle.

Et le principal centre de conservation de cette notion de vérités morales intrinsèques a été, bien évidemment, l’Eglise. Nous n’allons pas minimiser dans le courant en action le désir violent de combattre l’Eglise et tout ce qu’elle représente.

Mais le souper dans le Massachusetts était à l’occasion de la fête des mères. Et si l’on votait pour la mère de l’année dans le Massachusetts, les suffrages pourraient bien se porter sur cette diplômée de Mt Holyoke College, la soeur de Donald Trump, cette redoutable juge fédérale du nom de Maryanne Trump Barry.

La juge Barry s’est distinguée il y a des années par la façon dont elle a attaqué la loi sur l’avortement par naissance partielle dans le New Jersey. (NDT : l’avortement par naissance partielle est pratiqué sur des foetus jusqu’à la veille du terme de la grossesse. Le praticien détruit le cerveau du foetus avant qu’il ne soit entièrement sorti du ventre de sa mère, de façon à « respecter la loi » sur l’infanticide). Elle était offensée par la demande d’interdire l’avortement proche de la « naissance ». Tout cela, a-t-elle dit, était « une manipulation sémantique, une ligne de conduite irrationnelle, une tentative manifeste d’enflammer l’opinion publique ». La juge Barry a insisté sur le fait que « le foetus n’était pas en voie de naître au moment de son décès… Une femme en demande d’avortement n’est clairement pas en demande d’un accouchement. »

La femme a décidé de ne pas être mère. Par conséquent, il n’y a rien à mettre au monde. Pas de grossesse, pas d’enfant. Mais les pro-vie du Massachusetts ne sont pas esclaves d’une telle ingéniosité théorique. Ils continuent de vivre dans un monde de vérités qui ne peuvent être gommées.

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Hardley Arkes est professeur de philosophie du droit à Amherst College et le directeur du centre Claremont pour la jurisprudence de la loi naturelle à Washington. Son plus récent livre est Constitutional Illusions & Anchoring Truths : the Touchstone of the Natural Law.

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illustration : Thomas More peint par Hans Holbein le Jeune en 1527

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/mothers-day-in-massachusetts.html