Dans un couple ou ailleurs, il faut bien voir que la vie spirituelle est essentiellement impartageable : « Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Matthieu 6, 5-6). Si bien qu’il n’y a pas à s’étonner de l’incapacité des époux à communiquer sur ce plan, et ils n’ont surtout pas à s’en culpabiliser. L’union du mariage est signe d’une union plus haute, celle du baptême, dans laquelle nous ne faisons qu’un avec le Christ, et qui seule épuise la plénitude de l’amour.
L’intimité de chacun avec le Christ
En revanche, loin de toute jalousie, les époux peuvent être sûrs que leur amour mutuel ne peut que se renforcer dans cette intimité de chacun avec le Christ : « C’est une grande chose que l’amour, mais à condition qu’il remonte à son principe, retourne à son origine, replonge en sa source et en reçoive de quoi continuellement s’écouler », écrit saint Bernard (1090-1153), dans son Sermon 83 sur le Cantique.
Et pour cela, « il faut que se détache d’elle-même et se dénoue l’âme des époux, l’âme des fiancés. Autrement il n’y a pas d’amour possible, mais un égoïsme cherché dans l’autre. À l’extrême pointe de l’amour se trouve l’amour de Dieu, don total et réciproque de l’un à l’autre. Mais pour l’homme, Dieu est l’Autre, l’autre qui finalement se révélera, dans l’amour, l’être de notre être », explique Yves Raguin (1912-2000), dans Chemins de Contemplation.
L’épanouissement spirituel
Bref, les époux ont tout à gagner à favoriser la vie spirituelle de leur conjoint, et l’on n’en finirait pas de citer les réussites « mystiques » dans le mariage, la question étant le plus souvent de bien comprendre que le mariage étant un sacrement, il est d’abord ordonné à cet épanouissement spirituel du baptisé.
