Faut-il opposer action et contemplation ? - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Faut-il opposer action et contemplation ?

Suite de notre série : à rebours de notre tendance à croire que lʼaction est plus efficace que la contemplation, lʼhistoire de lʼÉglise montre que les grands contemplatifs ont souvent accompli des œuvres fondamentales.
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En cherchant Dieu avant tout, les contemplatifs ont été de grands civilisateurs.

En cherchant Dieu avant tout, les contemplatifs ont été de grands civilisateurs.

© Pascal Deloche / Godong

Nous citions la semaine dernière le grand spécialiste de la mystique chrétienne que fut Mgr Combes peu avant Vatican II, qui a eu lʼaudace dʼintroduire au Collège de France un cours sur Thérèse de Lisieux, et qui nous disait : « La part de lʼhomme dans lʼaction, cʼest la contemplation. » Dieu seul crée, fait être ce qui nʼétait pas, et voilà pourquoi le contemplatif, souvent considéré par ses contemporains comme un marginal, est en fait celui qui permet à une société donnée de grandir en humanité.

Une culture nouvelle

Cʼest ce quʼa démontré Benoît XVI dans son discours du 12 septembre 2008 au Collège des Bernardins : « En considérant les fruits historiques du monachisme, nous pouvons dire quʼau cours de la grande fracture culturelle, provoquée par la migration des peuples et par la formation des nouveaux ordres étatiques, les monastères furent des espaces où se forma petit à petit une culture nouvelle. Quelle était la motivation des personnes qui se réunissaient en ces lieux ? Il faut reconnaître avec beaucoup de réalisme que leur volonté n’était pas de créer une culture nouvelle ni de conserver une culture du passé. Leur motivation était beaucoup plus simple. Leur objectif était de chercher Dieu, quaerere Deum. Au milieu de la confusion de ces temps où rien ne semblait résister, les moines désiraient la chose la plus importante : sʼappliquer à trouver ce qui a de la valeur et demeure toujours, trouver la Vie elle-même. Ils étaient à la recherche de Dieu. »

Et de fait, les grands contemplatifs ont toujours été de grands civilisateurs : un saint Augustin ouvre le Moyen Âge au cœur de la débâcle de lʼAntiquité, un saint Bernard domine sa période la plus brillante, et une sainte Marie de lʼIncarnation fera du Québec un bastion de la culture française dans le Nouveau Monde. Pour Benoît XVI encore, « chercher Dieu reste aujourdʼhui comme hier la voie maîtresse et le fondement de toute véritable culture » (Audience du 17 septembre 2008).

On pourrait objecter : « Je suis bien dʼaccord avec Benoît XVI, mais malgré tout, jʼai toujours un peu lʼimpression de perdre mon temps dans la prière, alors quʼil y aurait tant de choses utiles à faire pour mes frères ! » Depuis deux mille ans, la tentation sera toujours dʼopposer Marthe à Marie. Alors que pour lʼune comme pour lʼautre, saint François de Sales (1567-1622) expliquait que « ce nʼest pas par la grandeur de nos actions que nous plaisons à Dieu, mais par lʼamour avec lequel nous les faisons… Cʼest lʼamour qui donne la perfection et le prix à nos œuvres », (Vrais entretiens spirituels).

Dieu mʼa créé pour le connaître

La question nʼest donc pas : est-ce quʼil sert à quelque chose de prier ? Mais : est-ce aimer que de prier ? Elle est à peu près la première que posait lʼancien catéchisme : « Pour quelle fin Dieu vous a-t-il créé ? — Dieu mʼa créé pour le connaître, lʼaimer et le servir en cette vie et jouir ensuite et pour toujours de lui dans lʼautre » (Catéchisme de saint Pie X). Connaître Dieu, lʼaimer et le servir, et jouir de lui : voilà qui ne sert à rien, et qui est pourtant la raison dʼêtre de lʼhomme. Sa noblesse est dʼêtre libre, libre pour connaître et aimer Dieu, le premier acte de lʼamour étant de se mettre à la disposition de celui que lʼon aime ; et cʼest là notre part dans la contemplation.