Née à Paris en 1958 de parents algériens, Farida Belghoul a été poussée par ses parents à faire des études supérieures. Elle en garde une immense reconnaissance pour l’école de la République qui lui a donné une vaste culture à laquelle, se désole-t-elle, beaucoup de fils d’immigrés n’auront jamais accès. C’est d’ailleurs le motif principal qui la fait agir dans les banlieues où elle se dévoue sans compter pour réintégrer des jeunes dans le système scolaire même si, dégoûtée par une école publique qui n’apprend plus ni à lire ni à écrire, elle a préféré scolariser elle-même à la maison ses propres enfants.
Sa générosité et sa combativité ont poussé Farida Belghoul à faire pas mal d’erreurs dans sa vie. Elle a été communiste, puis, figure du combat des « beurs » pour leurs droits en 1983, elle s’est fait voler la vedette et son mouvement par des trotskistes qui en ont fait une courroie de transmission du Parti socialiste… Frustrée sans doute de ne pas être écoutée, elle a plus tard fricoté avec des antisionistes à la Alain Soral, et risque donc d’être assimilée au racisme d’un Dieudonné qui lui a décerné une « quenelle d’or » bien empoisonnée.
Ses anciens amis sont ses ennemis les plus virulents et dénoncent d’ailleurs, dans son discours « conspirationniste », des accents qui penchent vers l’antisémitisme. Ont-ils tort ? Du coup Farida Belghoul est une pestiférée dont, par exemple, La Manif pour tous, très soucieuse à bon droit de la justesse de sa communication, ne peut évidemment que se désolidariser. Pourtant la dernière initiative de Farida Belghoul a montré l’impact que cette croyante (elle se réclame de la tradition soufi) peut avoir sur des familles musulmanes d’origine maghrébine, turque, albanaise… Elle a lancé la Journée du Retrait de l’École (JRE) qui a eu un immense succès médiatique fin janvier. Un lundi par mois, des centaines de familles, souvent musulmanes mais pas seulement, retirent leurs enfants de l’école pour dire qu’elles ne veulent pas qu’on y enseigne la « déconstruction des stéréotypes », mais demandent qu’on y apprenne à lire, écrire et compter sans quoi il n’y a aucune intégration possible.
Le ministre de l’Éducation s’émeut, fait convoquer les parents par les directeurs d’école. Extraordinaire d’entendre des gens de gauche dénoncer le peu d’éducation, la crédulité, voire la stupidité des milieux populaires ! Farida Belghoul est accusée de manipulation et elle est caricaturée par 95 % des médias. Très isolée, elle ne maîtrise sans doute pas tout et on a vite fait de trouver ici ou là un sms odieusement ridicule évoquant des « cours de masturbation » en maternelle. Cela veut-il dire que les familles rebelles ne comprennent rien à rien ?
Ne nous leurrons pas. Le recul de Vincent Peillon sur la théorie du genre, désormais officiellement désavouée par lui au prix d’un énorme mensonge d’État, on le doit sûrement moins aux millions de manifestants de la Manif pour tous, qu’aux quelques centaines de familles musulmanes qui demandent à l’école de jouer son rôle et rien que son rôle. Avec cette théorie du genre « qui n’existe pas » le vote immigré systématiquement en faveur de la gauche, c’est peut-être fini ! Il faut saluer l’héroïsme de ceux qui suivent Farida Belghoul — en espérant que celle-ci saura exorciser ses propres démons. Ils risquent tout simplement d’inverser le « sens de l’Histoire ».