Face au défi du mal - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Face au défi du mal

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Décombres après le tremblement de terre dans la ville d'Osmaniye, Turquie, 9 février 2023.

Décombres après le tremblement de terre dans la ville d'Osmaniye, Turquie, 9 février 2023.

© Onur Erdoğan / Voa

Avec ses dizaines de milliers de morts, la tragédie qui s’est abattue sur la Turquie et la Syrie nous replace brutalement face à l’énigme du mal qui s’impose à la condition humaine.

Il y a certes la réalité du mal moral qui relève de la responsabilité de ceux qui, volontairement, introduisent dans le monde sa charge de destruction, qui peut aller jusqu’à la haine et la mort. Mais il y a aussi le mal physique qui s’attaque à l’intégrité des individus et qui peut revêtir des allures gigantesques, face auxquelles nous sommes ramenés à notre fragilité native.

Sans doute les tremblements de terre relèvent-ils d’une causalité propre à la nature qu’il s’agit d’observer pour en prévenir les conséquences dans la mesure du possible. N’empêche qu’il y a de quoi s’interroger sur la cruauté non pas morale mais physique de cette nature où nous avons à établir notre séjour.

Dieu s’associe à notre humanité

Comment ne pas s’interroger sur la notion de Providence divine ? Nous sommes prompts à la reconnaître lorsque nous sortons indemnes d’une catastrophe. Ne parle-t-on pas de miracle à propos de ce bébé que l’on a pu sauver des décombres ? Mais que dire de la maman qui, elle, a perdu la vie et qui ne pourra jamais bercer son tout-petit ? Il y a bien un défi du scandale du mal, n’en déplaise aux idéologies qui, hier encore, nous promettaient un avenir radieux. C’est vrai que la période de l’après-guerre a connu un moment d’optimisme historique, dont on a prétendu que le concile Vatican II n’était pas dépourvu, notamment dans la Constitution appelée significativement Gaudium et spes, « joie et espérance ». Mais sur le moment, on avait laissé tomber les deux autres termes qui suivaient, « tristesse et angoisse ».

Cette période des années 1960 avait été aussi marquée par la pensée du Père Teilhard de Chardin vue sous l’angle d’un progressisme évolutif. Mais qui donc avait écrit : « Oui, plus l’Homme devient homme, plus s’incruste et s’aggrave dans sa chair, dans ses nerfs, dans son esprit le problème du Mal à comprendre et du Mal à subir. » Le même Teilhard parlait « d’une souffrance qui croît en qualité et en quantité au même rythme que monte la Conscience, au cours des âges ». Comme prophète de l’optimisme, on fait mieux, même si tout va se trouver transformé par l’espérance eschatologique.

Tout cela pour dire que le christianisme, loin d’ignorer le scandale du mal, peut se définir comme la doctrine même du défi à l’égard du mal, un défi dont Dieu est partie prenante. Ce n’est pas pour rien que le théologien catholique Hans Urs von Balthasar a pu développer la partie centrale de sa somme théologique à l’enseigne de la Dramatique divine. Il n’est pas possible d’ignorer cette dramatique où Dieu s’associe à notre humanité dans la perspective où s’élève la croix glorieuse.

En définitive, la Révélation s’achève sur la promesse du livre de l’Apocalypse : « Il n’y aura plus de mort, plus de plainte, plus de douleur, car l’ancien monde s’en est allé. » Cependant, ce mystère d’une rédemption victorieuse, il appartient à chacun de l’intégrer dans son secret personnel, pour affronter le mal du monde, la tragédie actuelle.