La réponse à la crise que traverse l’Eglise, c’est la sainteté, déclare Mgr André-Joseph Léonard : « la sainteté des laïcs, des consacrés, des diacres, des prêtres et des évêques ». L’archevêque de Malines-Bruxelles a commenté samedi 8 mai – en flamand et en français – le message du Pape à l’Eglise de Belgique, au terme de la visite « ad limina » (des évêques belges au Pape).
L’archevêque a redit la « douleur » éprouvée par l’Église belge après la démission de l’évêque de Bruges pour son implication dans une affaire de pédophilie des années 80.
Benoît XVI fait une brève allusion à cette crise – de confiance surtout – : « votre Église elle-même a été éprouvée par le péché ».
Rien de plus ? Parce que, répond Mgr Léonard : la « chose est entendue », entre « lui et nous », il n’y avait rien de nouveau à dire. La question a été évoquée par la visite à la congrégation pour la Doctrine de la Foi, compétente en la matière depuis 2001. Les évêques de Belgique rappellent leur exigence de « tolérance zéro ». Dans leur gestion de la crise, ils se trouvent sur « la même longueur d’ondes » que la Doctrine de la foi et Benoît XVI. « Qui s’est rendu coupable de pédophilie ne peut être ordonné prêtre ni évêque », affirme Mgr Léonard.
Cette brève allusion « nous aide aussi, ajoute-t-il, à ne pas voir que ce problème-la ». Benoît XVI fait le tour des autres questions : il « connaît les dossiers », constate l’évêque d’Anvers, Mgr Johan Bonny.
Mgr Léonard souligne le « contraste éloquent » entre cette brève allusion et le choix du Pape de parler longuement de saint Damien de Veuster : pour l’archevêque, c’est par la sainteté que l’Église retrouvera sa « crédibilité ».
« Ce nouveau saint, dit le Pape, parle à la conscience des Belges », il a été « désigné comme le fils de la nation le plus illustre de tous les temps ».
Pourquoi ? « Sa grandeur, vécue dans le don total de lui-même à ses frères lépreux, au point d’être contaminé et d’en mourir, réside dans sa richesse intérieure, dans sa prière constante, dans son union au Christ qu’il voyait présent dans ses frères et à qui, comme lui, il se donnait sans réserve ».
La Saint-Damien est fêtée pour la première fois ce 10 mai : Damien « de Molokaï » a en effet été canonisé le 11 octobre 2009.
« En cette Année sacerdotale, ajoute le pape, il est bon de proposer son exemple sacerdotal et missionnaire, particulièrement aux prêtres et aux religieux ».
Mgr Léonard relève les encouragements de Benoît XVI pour les prêtres – éprouvés par les « amalgames » et les « généralisations » – et pour la pastorale des vocations. Les évêques vont regrouper leurs séminaristes de façon à ce qu’ils ne soient pas isolés au cours de leur formation.
Pour l’évêque de Liège, Mgr Aloys Jousten, qui s’exprime en allemand, « le Pape encourage aussi les laïcs, pour qu’ils vivent l’Évangile et le transmettent dans la société ».
L’évêque de Tournai, Mgr Guy Harpigny, relève l’invitation à « l’annonce du contenu objectif de la foi », de façon à favoriser « le contact personnel avec le Christ », dans l’écoute de sa parole et dans les sacrements de l’Église, d’où l’importance de la liturgie.
Comme la Lettre pastorale des évêques de Belgique, Benoît XVI situe le défi au cœur de la foi: « la foi ne consiste pas uniquement à accepter un ensemble de vérités et de valeurs, mais d’abord à se confier à Quelqu’un, à Dieu, à L’écouter, à L’aimer, et à Lui parler, enfin à s’engager à son service ».
Une chose est sûre : les évêques de Belgique font preuve d’une très naturelle aisance dans les trois langues du pays, témoignage de communion quand la politique semble diviser les communautés. Ils communiquent avec le même naturel en italien ou en anglais. Un des cœurs de l’Europe – que nous fêtons aujourd’hui – ne palpite-t-il pas chez eux ?
NB