Evocation de Rich Mullins: Disciple de Saint François. - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Evocation de Rich Mullins: Disciple de Saint François.

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En cette période de la Toussaint et du jour des morts, il est bon de se souvenir de ceux qui ont eu une grande influence sur notre vie spirituelle. Aujourd’hui, je suis particulièrement reconnaissant envers une telle personne.
Le 19 septembre 1997, j’avais 14 ans. En pleine crise hormonale que l’on appelle puberté, et au début d’une crise de ma foi (qui m’a finalement fait atterrir au sein de l’Eglise catholique) j’appris que Rich Mullins, auteur des chansons populaires « Dieu génial » et « chante la gloire du Seigneur », avait été tué dans un tragique accident de voiture. La nouvelle éclata sur une station de radio. Et à ce moment-là, elle me fit en quelque sorte éclater moi aussi.

Mon père a travaillé pour une radio chrétienne pendant une bonne partie de mon enfance, et nous n’écoutions pas de musique profane à la maison. Tandis que les nuages de l’adolescence s’amoncelaient, j’ai commencé à me poser les grandes questions de l’existence : Dieu, la vérité, la foi, et le but et le sens de la vie. J’ai tout de suite été séduit par le lyrisme profond de Rich, et la clarté et la beauté avec lesquelles il exprimait la vérité chrétienne.

Tandis que je l’écoutais de plus en plus, j’étais littéralement saisi par sa vie extraordinaire, une vie marquée par un abandon téméraire à Dieu, et une joie chrétienne irrépressible. Ces qualités ne sont rien d’autre que l’encre et la plume dont Dieu se sert pour écrire la vie des saints.

Signe de contradiction face à la sous culture évangélique à laquelle il appartenait, et qu’il avait plus ou moins contribué à construire, l’œcuménisme de Rich Mullins était audacieux. Il mélangeait les frontières entre le catholicisme d’une part, avec sa vision sacramentelle du monde, emplie du parfum de l’encens, d’images et de statues de saints, le corps du Christ caché sous les apparences du pain et du vin, et d’autre part, (pour tout ce qu’il y a de bon en elle) les tendances de la chrétienté évangélique anti liturgique et iconoclaste. A quarante ans, il embrassa le célibat, en contraste marqué avec la forte tendance des protestants à ignorer cette option très biblique et vivante pour suivre Jésus avec des sandales apostoliques.

Rich approcha sa vocation chrétienne comme un moine ( ou mieux : comme les mendiants à propos desquels il chante dans « Pays de mon séjour »), attentif à ce qu’on appelle ironiquement (dans le contexte américain,) les conseils évangélique de pauvreté, chasteté et obéissance. Pour vivre cet esprit de pauvreté, il vendit, littéralement, tout ce qu’il possédait, passa un examen de professeur de musique, et déménagea dans une réserve d’indiens Navajo pour servir ce peuple et enseigner dans leurs écoles. Et il était un disciple fervent de Saint François d’Assise. Vous savez, comme pourrait l’être un catholique.

Ses tendances franciscaines sont ce qui m’a le plus frappé. Elles étaient étrangères à ma mentalité évangélique tout autant qu’à mon expérience du christianisme dans une église non confessionnelle. Devenir pauvre, renoncer au mariage, des images de la sainte Vierge sur un livre d’art, l’amour de la liturgie, la foi en la présence réelle : Ce ne sont pas exactement les produits de base d’un régime de théologie Evangélique. A moi, pourtant, cela «  sonnait vrai ». Sans en être vraiment conscient, j’ai commencé à tendre l’oreille de plus en plus vers tout ce qui, même sotto voce, sonnait catholique.
J’admirais Rich Mullins parce que sa foi chrétienne était authentique, presque comme un fils admire son père. Et j’éprouvais envers lui une affinité semblable à celle qu’on peut avoir avec un mentor ou un guide spirituel. Mais bien sûr, nous ne nous connaissions pas. Je me souviens seulement vaguement l’avoir rencontré, étant enfant, dans une église où il donnait un concert que la station radio de mon père avait aidé à sponsoriser.

Je me souviens de lui, pieds nus sur la scène. J’aurais voulu lui ressembler ! Et lui voulait ressembler à Saint François. Cela a fait tomber toutes les objections que j’avais contre le fait que les catholiques favorisent la dévotion envers les saints, et encouragent à demander leur intercession. La dévotion de Rich envers Saint François ne diminuait en rien sa foi chrétienne. Elle la vivifiait et la fortifiait. Elle rendait son amour du Christ plus fort et très franchement (passez-moi l’expression) plus christique. C’est tout simplement la logique syllogistique de la dévotion envers les saints.

J’ai ressenti très profondément la perte de Rich Mullins. De cette façon paradoxale qui affecte tant la vérité chrétienne, Rich est devenu plus vivant à travers sa mort. Cela fait écho à la prière de Saint François : »C’est en mourant que l’on ressuscite à la vie éternelle. » Au fur et à mesure que le temps passait, j’ai commencé à ressentir un lien avec Rich, beaucoup plus profond que sa perte. Je dois me demander si c’est parce qu’il priait pour moi, de même que je suis sûr que Saint François intercédait pour lui.

Rich Mullins vers la fin de sa vie, avait un pied dans l’Eglise catholique. Sa mort tragique est intervenue avant qu’il puisse passer la porte avec ses deux pieds : seulement trois jours avant la date prévue pour son entrée dans la pleine communion. Les orages de la jeunesse apportent toujours une forte pluie de curiosité et de l’insatisfaction. Mais pour moi, la musique de Rich Mullins a été le tonnerre qui a suivi les éclairs de la vérité qui ne cessaient de m’éblouir tandis que je cheminais vers l’Eglise. Heureusement pour mes parents, ma révolte d’adolescent a surtout consisté dans ma conversion au catholicisme. Je suppose que j’ai passé trop de temps à traîner avec les mauvaises personnes : c’est-à-dire Saint François, et son petit frère Rich Mullins.

Traduction de Remembering Rich Mullins : disciple of St Francis

Photo : Patrick C. Beenan