Le pape François a signifié que sa venue à Marseille ne se justifiait que par son intervention lors de la réunion des évêques en charge du bassin méditerranéen. On saisit l’importance du sujet, l’antique Mare nostrum étant aujourd’hui le carrefour d’intenses échanges et même d’un tragique défi, celui des migrants y ayant trouvé leur tombeau. Comment ne pas envisager aussi le choc des civilisations, avec la confrontation avec l’islam, qui pose des questions directes, en dépit de toute une culture interdisant leur seule évocation.
Le choix de Marseille, à ce propos, est particulièrement judicieux, la deuxième ville de France étant un des miroirs de la Méditerranée, avec la présence de communautés diverses et la coexistence des religions, surtout du christianisme et de l’islam.
Fractures ethniques et confessionnelles
Certes, ce n’est pas d’aujourd’hui que l’antique Massilia vit intensément les échanges méditerranéens, mais ceux-ci ont pris ces dernières décennies un tour qui nous éloigne de la paisible coexistence dont les jeunes amis lycéens Marcel Pagnol et Albert Cohen étaient les témoins au début du XXe siècle. On sait la situation des quartiers Nord avec leur succession de règlements de compte. Où il y avait cohabitation, il y a de plus en plus fractures ethniques et confessionnelles. On comprend que les responsables catholiques en soient inquiets. Mais comment réagir autrement que sur le terrain civique avec les tentatives de favoriser un patriotisme marseillais ? On s’en préoccupe depuis longtemps avec la création d’un institut de science et théologie des religions, à l’initiative du cardinal Coffy et sous la responsabilité de son futur successeur, Jean-Marc Aveline.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? On parle beaucoup de dialogue interreligieux. Né d’une volonté pacificatrice, il ne saurait s’ériger en une sorte de super religion, en dépit des illusions de certains. Une meilleure connaissance des différentes cultures religieuses permet d’éviter certaines impasses et aide surtout à envisager la rencontre en connaissance de cause. Signifie-t-il la suspension de l’évangélisation ? On pourrait le craindre à écouter certains propos récurrents : « Il ne s’agit pas de convertir les musulmans ! » Et lorsque s’ajoute obsessionnellement la crainte du prosélytisme, c’est bien la paralysie qui s’impose.
Salut universel du seul Christ
Il faudrait se mettre au net sur cette notion de prosélytisme, qui se comprend d’abord comme une entreprise de captation psychologique, alors que l’évangélisation est ouverture à une grâce d’appel. Dans cette perspective, il faudrait relire les Actes des apôtres et les épîtres de saint Paul, le converti « aux forceps ». Ce Paul parti évangéliser le bassin méditerranéen, promoteur d’une entreprise initiée lors de la Pentecôte et qui doit se poursuivre à Marseille et partout ailleurs, pour répondre à la volonté de Salut universel du seul Christ et Seigneur.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- DES MILLIONS DE CIVILISATIONS
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Discours de Nicolas Sarkozy à Ryad le 14 janvier
- Vous avez dit « violence catholique » ?