En une seule journée, le vent a tourné. Cette même commission du Sénat qui avait voté à la majorité — une majorité courte mais indubitable — le droit à faire mourir une personne en fin de vie est revenue sur le sujet, démentant son intention première. Il s’agissait, rappelons-le d’autoriser « une assistance médicalisée permettant, par un acte délibéré, une mort rapide et sans douleur ».
Oui, fort heureusement, Marie-Thérèse Hermange a fait supprimer cette formule. Une formule qui tuait en quelques mots d’une redoutable simplicité. En un clin d’œil, une mutation fondamentale du droit s’opérait, avec la justification de la transgression. Pensez : avec ces deux mots « rapide et sans douleur », tout se trouvait permis, justifié, et même honoré. C’est une suspension de la conscience que l’on permettait, que l’on rendait possible. A l’encontre d’une des plus profondes traditions de notre civilisation.
Le message passe si facilement. Au journal de 13h sur France 2 hier, présenté par la si aimable Elise Lucet, le plaidoyer pro-euthanasie était unilatéral. On se référait à la seule Belgique, notre voisine immédiate, qui, elle, a franchi le pas, prétendait-on, pour la plus grande satisfaction de tous. La preuve ? C’est qu’on veut aller encore plus loin en permettant au moins de 15 ans l’accès à « la mort douce ». Pas un seul témoignage contradictoire. Il aurait été visiblement incongru, insupportable. Pourtant, il suffit de s’informer un tout petit peu pour se rendre compte qu’en Belgique et aux Pays-Bas, la législation en faveur d’une administration médicalisée de la mort a déstabilisé la sécurité profonde d’une société autrefois protégée par l’interdit.
Le cardinal Philippe Barbarin, dans une tribune publiée dans le Figaro, hier matin, écrivait: « Si l’euthanasie est légalisée, le patient aura peur même des interventions thérapeutiques légitimes. » Cela me rappelle ce que disait le cardinal Lustiger sur le même sujet il y a déjà bien longtemps. Une société qui prend parti en faveur du droit de donner la mort, prend une lourde responsabilité, expliquait-il, car elle prend le risque du désespoir à l’encontre de la vie et de l’espérance. Pour les jeunes, l’enjeu est crucial. Que la société choisisse la vie et leur hantise et leur désespoir ne sont plus sans réponse. Un pays — pardonnez l’expression — parie très gros, lorsqu’il légitime la mort.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 26 janvier.
Pour aller plus loin :
- Affaire Ulrich KOCH contre Allemagne : la Cour franchit une nouvelle étape dans la création d’un droit individuel au suicide assisté.
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La bataille de l'euthanasie
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918