L’Eucharistie (Benoit XVI à Washington, 2008).
La doctrine catholique vraisemblablement la plus déroutante est celle de la Présence réelle de Jésus-Christ dans le Saint Sacrement. De notre temps bien des gens ont la même réaction que les disciples qui, entendant Jésus la proclamer pour la première fois à Capharnaum, furent scandalisés: « Elle est dure, cette parole! Qui peut l’écouter?» (Jean, 6.61). Et Jean dit que « dès lors beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec Lui.»
Ce qui d’évidence est si « dur » dans ces paroles c’est la suggestion de « cannibalisme ». Si les catholiques croient que l’Eucharistie est vraiment le corps et le sang du Christ, alors il croient consommer la chair et le sang humains. Les Romains accusaient les chrétiens de cannibalisme, et cette accusation a été répétée bien des fois depuis ce temps.
Mais que la Sainte Communion implique la consommation de chair et de sang humains, n’est-ce pas du cannibalisme? Alors ?
L’Eucharistie est source de vie. Les cannibales consomment du cadavre. Les Aztèques, société historiquement le plus notoirement cannibale, consommaient le cœur encore battant de leurs victimes, mais ils ingéraient quelque chose voué à la mort, mort causée par là même. À l’opposé, le Christ est vivant. Il est ressuscité le troisième jour, et il est pleinement vivant (en vérité Il est la Vie même), présent dans l’Eucharistie. Recevoir l’Eucharistie n’y change ni ne détruit rien, en aucune façon.
L’Eucharistie est entièrement le corps et le sang de Jésus Christ. Les cannibales ne consomment qu’un morceau de leurs victimes. Mais la plus petite parcelle d’Hostie contient intégralement le corps et le sang du Christ. Les notions familières d’espace et de matière ne s’appliquent pas: consommer une plus grande Hostie ne signifie pas qu’on reçoit davantage du corps et du sang du Christ, ni recevoir une petite Hostie qu’on en reçoit moins. Boire au Précieux Calice n’est même pas nécessaire: par « concomitance », en recevant l’Hostie on reçoit également le Précieux Sang.
L’Eucharistie est le corps glorieux de Jésus Christ. La concomitance est possible car le corps vivant et éternel du Christ est uni à Son sang; recevoir Son corps signifie en même temps recevoir Son sang. Le corps ressuscité du Christ n’est pas un cadavre ressuscité comme celui de Lazare, mais un « corps spirituel » (1-Cor. 15:44) intégralement transformé, bien différent de « notre corps de misère » (Phil. 3:21) spatio-temporel. Et donc, un catholique recevant l’Eucharistie reçoit non la chair ordinaire, mais la chair glorieuse, un « corps super » ressuscité et transfiguré, qui préfigure la nouveauté du paradis et d’une nouvelle terre. Les pratiques cannibales ne font pas ça.
L’Eucharistie contient l’âme de Jésus-Christ. Dans certaines sociétés cannibales, on mange la chair ou boit le sang des guerriers tombés dans l’espoir d’en prendre la « force vitale », ou le courage, ou de détruire en même temps leur esprit. Et justement parce que Jésus ressuscité est vivant, Son âme immortelle est unie à Son corps et à Son sang, inséparables dans l’Eucharistie.
L’Eucharistie contient la divinité de Jésus Christ. Parce qu’Il est vrai Dieu et vrai homme, la divinité et l’humanité de Jésus Christ sont inséparables. Par conséquent, en participant au « côté humain » du Christ (Corps, sang, âme), nous participons également à Sa nature divine. Contraste frappant avec les cannibales tels que les Binderwurs d’Inde centrale, dont les rites religieux de consommation de chair humaine avaient pour but de les rapprocher de leurs dieux, mais les abaissaient au rang d’animaux.
En synthèse de ces remarques, on peut conclure avec la formulation catholique: « L’Eucharistie est le corps, le sang, l’âme et la divinité de Notre Seigneur Jésus Christ ».
L’Eucharistie n’est pas réduite. Le Christ étant totalement présent dans la plus petite parcelle d’Hostie, le corps vivant du Christ et Son sang ne sont pas diminués par la distribution de la Sainte Communion (un plus grand nombre de communiants ne signifie pas qu’il « restera moins de Christ »).
L’Eucharistie NOUS consomme. La nourriture que vous mangez s’intègre à vous. C’est le contraire qui se produit avec l’Eucharistie: c’est nous qui nous y intégrons, par la Sainte Communion nous devenons une partie du corps mystique du Christ. Selon la parole de notre Seigneur « qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.» (Jean 6:56).
L’Eucharistie est non-violente. Les catholiques comprennent la Messe comme la représentation non sanglante du sacrifice de la Croix. Le Christ, dont le sang innocent fut injustement répandu voici 2.000 ans, est rendu accessible à Ses disciples sous la forme du pain et du vin, d’une manière apaisée, non violente. Le cannibalisme est violent par nature et implique généralement que la victime est coupable d’un crime contre la société (généralement prisonnier de guerre).
Tout cela suggère que ce qui se passe à la table du Seigneur est fondamentalement différent des sombres rites d’une tribu dépravée. En fait, d’un point de vue métaphysique, on peut considérer que toutes les coutumes cannibales (contrairement au cannibalisme dû à la folie ou à l’inanition) sont une parodie perverse, démoniaque, de notre Sainte Communion au corps de notre Seigneur ressuscité.
La plupart des anthropologues pensent que le cannibalisme a une nature intrinsèquement religieuse. Tout comme les sacrifices sanglants des païens étaient des répliques dénaturées de l’unique véritable Sacrifice du Calvaire (même commis bien avant la Crucifixion), les actes rituels de cannibalisme sont une tentative perverse pour remplacer le Pain de la Vie par le mammon de l’iniquité.
Les disciples scandalisés par les dures paroles de Jésus avaient bien raison d’être horrifiés par le cannibalisme, mais se trompaient en le confondant avec ce qu’ils entendaient. L’Eucharistie n’est pas une eutre forme de cannibalisme. Au contraire c’est une sainte union avec la Vie même, ce que les cannibales cherchent aveuglément sans jamais trouver.
Vue sous cet angle, la Sainte Communion est en fait le dernier bastion de l’anti-cannibalisme, dévoilant les imposteurs pour ce qu’ils sont, agents du mal. Jésus a assez nettement marqué la différence quand Il S’est désigné comme « le pain vivant » (Jean, 6:51).
Si on vous demande votre avis, voici de quoi répondre.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/the-eucharist-a-cannibalism.html