Être chrétien - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Être chrétien

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Être chrétien, tel était le titre d’un livre de Hans Küng, qui n’était sans doute pas le plus mauvais de ceux qu’il a pu publier. Au moins avait-il le mérite de poser une question essentielle dans le monde d’aujourd’hui. Ne sommes-nous pas sollicités de toute part, aussi bien par une conception minimaliste de la foi que par une propension syncrétiste, qui au nom de la pacification du monde, voudrait nous faire adhérer à une sorte de credo commun ? Dans l’Église même, dans les propos du Pape, n’est-il pas question sans cesse d’une volonté de dialogue universel, qui nous rend proches et amicaux à l’égard de toutes les religions du monde ? On attribue généralement au concile Vatican II cette ouverture généreuse. C’est d’ailleurs un des motifs de la fronde traditionaliste qui, à la suite de Mgr Lefebvre, n’a cessé de s’insurger contre un relativisme conçu comme mortel. Mais on ne saurait sous-estimer le danger contraire, qui nous enfermerait sur nous-mêmes, en jetant un regard systématiquement hostile au reste du monde. Jean-Paul II, suscitant les rassemblements d’Assise, n’avait pas en vue une religion syncrétiste, mais la pacification des esprits. Et ce qui s’est passé depuis lors, en fait de radicalisation dans certains secteurs de l’islam et de l’hindouisme, lui a donné amplement raison.

Mais le dialogue interreligieux, s’il est une nécessité, doit être éclairé par un discernement sérieux que permet la connaissance explicite de la pluralité religieuse. Déjà, la déclaration conciliaire Nostra ætate établissait une sorte d’échelle de graduation, qui marquait la plus ou moins grande proximité que les chrétiens avaient à l’égard des grandes confessions religieuses à travers la planète. Depuis lors, nous avons appris de mieux en mieux la parenté qui était la nôtre avec le judaïsme. Le père Jean Dujardin, qui vient de nous quitter, a joué un grand rôle dans un rapprochement qui a progressivement changé de nature. Nous sommes passés de la tentative de pacifier nos relations (reconnaissance de l’État d’Israël, dénouement de la querelle du carmel d’Auschwitz…) à un dialogue théologique qui n’est possible en vérité qu’avec ceux qui sont les premiers héritiers de la Promesse. Les résultats sont étonnants, lorsqu’on songe aux préventions à l’égard du cardinal Lustiger de beaucoup de responsables du judaïsme et à la volonté manifestée aujourd’hui de ce côté pour aborder ensemble les concepts essentiels de la Révélation.
Mais notre relation au judaïsme est intrinsèque à notre foi. Il n’en va pas de même des autres « religions », et même de l’islam qui se réclame pourtant de la filiation d’Abraham. Ce n’est pas une raison pour refuser une rencontre d’autant plus nécessaire qu’il s’agit d’éviter à beaucoup de nos compatriotes la tentation du djihadisme. Mais en tout état de cause, le défi de l’ouverture aux autres est pour nous l’occasion de mieux identifier ce que signifie le christianisme dans sa force d’attestation, toujours à approfondir.

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Photo : le père Jean Dujardin.