Déjà deux semaines depuis le scrutin ! Pour beaucoup, la dépression commence à s’estomper quoiqu’elle traîne en longueur – pour de bonnes raisons. Je me suis intéressé un bref instant au marché immobilier à Malte. Mais la plupart d’entre nous devons nous reprendre, travailler, et ainsi continuer à vivre.
Que les choses doivent empirer, dans de nombreux secteurs, voilà qui est certain. Certes, il y a eu des présidents anticatholiques au dix-neuvième siècle, mais aucun ne disposait à l’époque des moyens d’agir sur l’Eglise sur tant de points, le rôle de l’Etat ayant été depuis largement étendu.
Le gouvernement aujourd’hui peut refuser des permis, menacer de suspendre le versement des subventions fédérales, aux hôpitaux catholiques qui ne pratiqueraient pas l’avortement. Ou pénaliser les employeurs catholiques qui ne prendraient pas en charge les avortements ou la contraception (pour leurs employés).
Aucun président, d’aucun parti, à aucune époque, n’aura été aussi extrême que l’actuel dans son rejet de l’enseignement moral de l’Eglise catholique sur l’avortement et les autres enjeux vitaux.
Des licenciements préventifs sont déjà intervenus avant que le système de sécurité sociale (Obamacare) ne commence à être appliqué avec son lot de sanctions. Les fonds de pension dont dépendent les gens ordinaires ont commencé à subir des à-coups en raison des cessions préalables à l’introduction de l’impôt sur les plus-values au 1er janvier.
Les lecteurs de « The Catholic Thing » sont préoccupés par la situation de l’Eglise en Amérique et l’évolution des sensibilités de ceux qui se considèrent comme Catholiques. Cependant les transferts de voix d’une élection à l’autre sont significatifs. Ceux qui se considèrent Catholiques ont voté à 50 contre 48 pour Obama, mais en 2008 ils étaient 54 contre 45. Dans le camp de ceux qui vont à la messe chaque semaine, ils étaient à 57 contre 42 pour Romney. C’est une grande consolation, mais je continue à m’interroger et à m’offenser en partie des 42 % restants.
Romney a obtenu 1,25 millions de voix de moins que John McCain. J’ai exprimé ma sympathie pour les conservateurs qui dédaignaient d’aller voter. On ne peut pas en vouloir à Romney. Ces abstentionnistes portent une part de responsabilité dans les dangers qu’ils avaient déjà devant les yeux.
Quoiqu’on dise des qualités personnelles de Romney, on doit admettre que la campagne a néanmoins souffert de profondes imperfections. On a ainsi laissé déraper le débat au Missouri sur la question de l’avortement et du viol. Mais le candidat républicain n’aurait pas subi une défaite si redoutable (16 points) si l’on avait centré le débat sur « Obamacare » et ses conséquences pour les patients et le système américain…
Comment Romney s’est-il laissé acculé par les fausses accusations selon lesquelles son parti et lui menaient une guerre contre les femmes ? Refuser de voter une proposition de loi contre l’avortement sous le prétexte que le bébé est de sexe féminin n’est pas dirigé contre les femmes, alors que protester contre l’obligation faite aux employeurs de prendre en charge les moyens contraceptifs est littéralement engager une guerre contre les femmes.
Nous avions essayé de répliquer en apportant le témoignage de femmes ayant subi un avortement. Nous aurions voulu mettre au défi Obama d’appliquer la loi sur les bébés survivants qui enjoint de refuser assistance médicale aux bébés ayant survécu à l’opération abortive. Nous aurions ainsi dit la vérité sur ce que les médias ont constamment tu : que Obama est la seule personnalité démocrate de premier plan à s’être opposé aux efforts de protection de l’enfant survivant à un avortement.
Les responsables de campagne de Romney ont continué de suivre la ligne « sage » prévalant au parti républicain sous les Bush, selon laquelle la meilleure chose à faire sur ces enjeux est de se taire. Plutôt reculer qu’agiter la population.
Obéissant à la même ligne de campagne, Romney a reculé sur l’affaire de Benghazi sans doute pour cette raison que paraître trop « viril » dans l’usage de nos forces armées aurait fait peur à l’électorat féminin.
Or c’est pourtant bien à travers ces exemples que l’on peut faire la preuve des idées dans lesquelles on croit, qui gouvernent nos vies, les principes et les politiques qui sont incontestables. Inconsciemment, Romney est parti en vaincu avant même que le scrutin ait commencé.
http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/after-the-election-still-reckoning.html
Gravure antireligieuse du XIXe siècle (via Thomas Nast) avec deux reptiles voraces représentant l’Eglise romaine et l’Eglise mormone…