Etapes suivantes pour répondre au problème d'abus sexuels par des prêtres. - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Etapes suivantes pour répondre au problème d’abus sexuels par des prêtres.

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L’horreur des abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres catholiques a de nouveau fait les gros titres la semaine passée quand des représentants du Saint-Siège ont témoigné devant la commission des Nations Unies sur la convention des Droits de l’Enfant à Genève. L’archevêque Silvano Tomasi, diplomate chevronné du Vatican, dirigeait la délégation du Saint-Siège. Il était secondé par l’évêque Charles Scicluna de Malte, qui occupait précédemment le poste de promoteur de justice au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, où il avait en charge les dossiers d’abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres.

L’évêque Scicluna a instantanément fait les gros titres quand il a dit, en réponse à une question d’un membre de la commission : « le Saint-Siège comprend. Ne disons pas trop tard ou pas. Seulement, il y a certaines choses qui doivent être faites différemment. »

Les politiciens et les célébrités usent et abusent de cette expression passe-partout « je comprends ». Cela veut dire plus que simplement comprendre quelque chose. Ces mots portent une expression de regret qui implique que l’on a l’intention de mener une action pour résoudre un problème. Cela signale qu’on a eu une sorte d’éclair de lucidité. La remarque de Scicluna a fait mouche parce qu’il a reconnu franchement que le Saint-Siège sait qu’il n’a pas fait assez.

« Certaines choses… doivent être faites différemment ». Bien trop vrai. Beaucoup a été fait pour agir plus efficacement contre le fléau des abus sexuels. En témoigne le rapport du Saint-Siège : durant les années 2011 et 2012, 384 prêtres ont été démis de leur fonction parce que reconnus coupables d’abus sexuels sur mineurs ou ont volontairement quitté la prêtrise suite à une accusation d’abus sexuel sur mineur.

Indubitablement, davantage sera fait pour améliorer la façon dont le Saint-Siège gère cette honteuse souillure sur la sainteté de l’Eglise. Le pape François a décidé la création d’une commission pour la protection des mineurs – une initiative bien nécessaire.

Les fidèles ordinaires restent stupéfaits par l’ampleur de comportements de prédateurs sexuels parmi les hommes ordonnés pour annoncer l’Evangile, même si le pourcentage de tels malfaiteurs est plutôt bas au sein de la prêtrise. Ils sont aussi stupéfaits par le manque de responsabilisation des évêques chargés de la direction de l’Eglise.

Les évêques qui ont échoué dans leur devoir de protéger les enfants de prêtres prédateurs ne peuvent qu’être punis par le pape. Jusqu’à présent, très peu d’évêques ont été tenus pour responsables. Cela aussi doit changer.
L’évêque Scicluna a dit à la commission des Nations Unies : « je pense qu’il y a un signal fort que ‘l’omerta’ n’est pas la bonne réponse pour l’Eglise. Je suis convaincu que la meilleure chose pour l’institution est de rechercher la vérité, quelle qu’elle puisse être. »

Des paroles réconfortantes s’il en est. Le silence et la dissimulation pratiqués dans le passé ont permis à des prêtres criminels de poursuivre leurs agressions – quand ils étaient tranquillement remis dans le circuit en paroisse après un prétendu traitement. Cela ne doit plus jamais arriver.

Il est intéressant de noter que, dans ses propos à la commission des Nations Unies, l’archevêque Tomasi se réfère à la fois à l’étude de la faculté John Jay : Les causes et le contexte des abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres catholiques aux Etats-Unis entre 1950 et 2010 et à la Charte pour la protection des enfants et des jeunes, réalisation des évêques américains. Ces documents sont la preuve d’une réponse vigoureuse de la part des évêques américains, tenant une comptabilité de ce qui s’était passé et formulant des procédures canoniales rigoureuses pour punir les abuseurs sexuels présents dans le clergé.

Mais ces mesures n’ont clairement pas été suffisantes pour surmonter la crise, ainsi que démontré par la révélation en février 2011, de l’existence d’un groupe de prêtre de Philadelphie accusés d’abus sexuels sur mineurs et non encore traduits en justice par l’archidiocèse.

Le Saint-Siège doit aussi reconnaître que les révélations sur la crise des abus sexuels de membres du clergé aux USA et ailleurs sont venues par le biais du système judiciaire et des médias. Le Saint-Siège doit être plus actif dans la recherche de la vérité. Cela signifie plus de vigilance et plus d’enquêtes.

Je suggère d’envoyer des visiteurs pontificaux travailler avec les nonces apostoliques dans chaque pays pour examiner l’histoire de chaque diocèse et la réponse donnée à cette crise. Certains objecteront que c’est un processus pénible et chronophage. Je leur réponds : « et alors ? » Faire la vérité et prévenir les abus sexuels sur mineurs par des prêtres est bien plus important que beaucoup d’autres problèmes auxquels nous devons faire face dans l’Eglise.

L’archevêque Tomasi a cité l’allocution du pape Benoît aux évêques d’Irlande en 2006 : <>

Etant donnée l’histoire passée – mais pas si ancienne que ça – d’évêques divers ayant protégé des prêtres abuseurs, le Saint-Siège doit prendre des mesures à cet égard s’il veut rester crédible. Cela sera bon, et commencera à convaincre croyants comme incroyants que l’Eglise est sérieuse et contrite.


Le révérend Gerald E. Murray, un nouveau contributeur, est curé de l’église de la Sainte Famille à New-York et spécialiste du droit canon.

illustration : l’archevêque Silvano Tomasi (à G.) et l’évêque Charles Scicluna.

source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/next-steps-for-addressing-priestly-abuse.html