Et maintenant voilà où nous en sommes - France Catholique
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La justice de Dieu
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Et maintenant voilà où nous en sommes

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La police de Cologne a été critiquée. De même que celles de Stuttgart et Hambourg. Les médias allemands ont été critiqués. Le ministre de la Justice a parlé de « crime organisé » (selon moi, plutôt mal organisé). La Chancellerie a été indignée qu’on ait pu supposer qu’un de ces malfaiteurs soit l’un des récents demandeurs d’asile. A cause de rumeurs faisant état de critiques à leur encontre.

Et tout cela à la suite de rassemblements dans les rues de ces villes et d’autres, la nuit de la Saint-Sylvestre, de gens se souhaitant Fohes Neues Jahr malgré leurs diverses origines culturelles.

Il a fallu trois jours à la radio nationale et aux autres médias pour relater l’épisode. Car ils avaient signalé qu’il n’y avait pas eu d’« incidents » cette nuit-là. Je suppose que, comme la police, ils manquaient de personnel. Et d’ailleurs, quel intérêt aurait pu présenter le fait que tant de jeunes gens « d’apparence arabe ou nord-africaine » se soient répandus dans les rues du centre de Cologne, près de la cathédrale et, comme nous l’apprenons à présent, dans tant d’autres villes allemandes (et leurs cathédrales).

A ce que je comprends, tout a commencé à Cologne par des pétards. Les jeunes gens « d’apparence arabe ou nord-africaine » les lançaient directement sur les foules de fêtards d’apparence allemande. Mais ces pétards n’ont fait que très peu de blessés.

Et par la suite, toujours à ce que je comprends, très peu de femmes ont été effectivement violées. La plupart ont seulement subi des « attouchements » de la part d’une trentaine de ces jeunes gens. Selon le rapport de l’une d’elles, seulement quelques centaines d’attouchements auraient eu lieu, tandis qu’elle hurlait en se débattant et en se frayant un chemin hors de la gare. (Il n’y a pas eu d’arrestations).

La nouvelle maire de Cologne, une femme élue en raison de sa réputation de
personne tolérante et bien disposée à l’égard des réfugiés, a accusé les femmes de ne pas avoir su se comporter. En effet, elles doivent respecter un « code de conduite » pour éviter des incidents désagréables avec le million et plus (et ce n’est pas fini) de « nouveaux Allemands » fraîchement débarqués – dans leur grande majorité des jeunes gens ayant l’âge du service militaire.
Mais d’autres voix ont critiqué la nouvelle maire de Cologne.

J’ai de la sympathie pour elle. De nos jours, il est difficile de satisfaire un groupe « politiquement correct » sans en irriter un autre. Je me serais contenté de conseiller aux jeunes femmes d’apparence allemande de ne pas sortir la nuit de la Saint-Sylvestre pendant le reste de leurs vies.

Pour autant que mon mauvais allemand me le permette, je constate qu’une débauche de critiques inonde le pays, maintenant que l’épisode a été officiellement relaté. Une grande partie de celles-ci visent Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident). Ses membres ont été fustigés avant même d’avoir le temps de s’exprimer.

Pour les progressistes qui déraillent complètement, les réfugiés ne sauraient causer le moindre ennui : ce sont les autochtones qui ne les aiment pas.
Si cette histoire a des ramifications – et on dirait qu’elle en a des centaines de milliers – nous assistons seulement au début d’un « printemps arabe » en Europe. C’est-à-dire des foules nombreuses de jeunes gens désoeuvrés et en rut, tentant de s’exprimer selon leur propre mode culturel. Une autre manifestation, au fond, de « démocratie ».

L’Europe s’est désintégrée pendant deux guerres mondiales causées par des foules réclamant l’espoir, un changement ou tout autre solution et se transformant au final en foules de troupes nationales prêtes à s’entredétruire. Quelle est la différence dans le cas présent ? Peut-être avons-nous seulement affaire à une troisième guerre mondiale (très européenne) ?

Sauf que je ne suis pas sûr que ces « vieux Européens » aient envie d’une nouvelle guerre. Tous les rapports de « grands pontes » que j’ai réussi à lire dans les médias allemands me semblent inviter à la capitulation. Au troisième round, les musulmans gagnent.

Sauf que nous ne sommes pas censés les traiter de « musulmans ». C’est très « raciste » parce que trop spécifique. Mieux vaut les qualifier de personnes « d’apparence arabe ou nord-africaine ». A moins que quelqu’un ne trouve un meilleur euphémisme pour préserver ces pauvres gens de leur propre identité.
C’est à tout le moins un affront fait aux idéaux du multiculturalisme. Une grossière réponse à la question : « Pourquoi ne pouvons-nous pas tout simplement vivre ensemble ? »  

Tel est plus ou moins le slogan de l’Allemagne « blanche » actuelle. Une forme d’humilité arrogante qui s’exprime par une politesse fausse et exagérée. La culture de ceux qui sont riches et sans héritiers, et très étonnés quand ils découvrent qu’ils sont rituellement agressés.

En tant que Canadien, je peux sentir cette maladie. Elle fait aussi partie de notre culture nationale. C’est le nouveau « génie » de cette culture qui a remplacé le christianisme : la « gentillesse ». Ce concept repose sur un refus obstiné d’affronter la réalité ; et sa réaction, quand la réalité lui explose à la figure, est tout à fait imprévisible. Tout cela parce qu’il n’y a jamais eu encore de génération aussi ignorante de tout engagement, idéal ou bon sens, ni aussi incapable d’autonomie morale.

Les paranoïaques répètent que l’islam triomphe du christianisme. Mais c’est faux. La grande majorité des Occidentaux ne sont pas du tout des chrétiens : seulement des « post-chrétiens » présentant encore des dispositions chrétiennes complètement déformées. Les habitants d’un continent chrétien ne se seraient pas laissé envahir par les Sarrasins. C’est inconcevable. Ils les auraient combattus.

Parce qu’au fond de lui-même un chrétien sait qu’il est un chrétien et seulement un chrétien. Son identité n’est pas négociable. Il incarne un idéal et s’il peut s’en dédire par lâcheté, il ne saurait le faire à cause d’une indécision quant à son identité. En dépit de toutes ses querelles internes, la vieille Europe chrétienne avait l’intention de rester chrétienne.

Mais l’histoire joue son rôle. Les deux dernières guerres mondiales ont été en fin de compte causées par la perte de la foi chrétienne après des siècles d’existence, la perte de l’identité chrétienne et son remplacement par des idées séculières et nationalistes.

La nouvelle Europe post-chrétienne n’a pas la solution. Pegida elle-même ne sait pas ce qu’elle incarne : elle fait partie d’une Europe totalement sécularisée et l’expression « patriote européen » est tout simplement fasciste. Il n’y a jamais eu de patriotisme européen. Il y a eu une Europe chrétienne, et maintenant voilà où nous en sommes.

Vendredi 8 janvier 2016

Source : http://www.france-catholique.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=18309

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Photographie La cathédrale de Cologne, 1945

David Warren est un ancien rédacteur du magazine Idler et un collaborateur du Ottowa Citizen. C’est un spécialiste du Proche-Orient et de l’Extrême-Orient.