La Marche pour la vie, qui s’est déroulée dimanche 20 janvier, a montré une fois de plus que sa cause, loin d’être obsolète, comme le proclament les habiles et les pseudo-modernes, est essentielle pour la sauvegarde de notre humanité. Déjà, elle s’inscrit dans l’actualité politique et l’agenda du gouvernement et du parlement qui prévoit de réexaminer et même de refonder les lois sur la bioéthique. Il est possible d’ailleurs qu’Emmanuel Macron, à l’inverse des partisans pressés qui l’entourent n’ait pas envie de déclencher trop vite une nouvelle crise nationale de l’ampleur du mariage homosexuel, à l’heure où il maîtrise si péniblement la crise des Gilets jaunes.
Cela n’empêche pas lesdits partisans de proclamer très haut leurs projets et la philosophie qui les inspire. Jean-Louis Touraine n’annonce-t-il pas « une procréation sans sexe pour tous ». Expression qui a fait réagir Eugénie Bastié du Figaro, qui l’a qualifiée d’affligeante et de glaçante, en renvoyant à une citation de Michel Houellebecq dans son dernier roman, Sérotonine : « Je savais bien que si par malheur l’humanité occidentale en venait à séparer effectivement la procréation du sexe (comme le projet lui en venait parfois) elle condamnerait du même coup non seulement la procréation, mais également le sexe, et se condamnerait elle-même par un identique mouvement, cela les catholiques identitaires l’avaient bien senti… »
Nous ne sommes pas seulement face à la requête « de nouveau droits », nous sommes confrontés à un défi décisif de civilisation, qui a tout à voir avec ce qu’on pourrait appeler l’écologie humaine. Une écologie détruite par l’agression de la technique au même rythme que l’anthropologie est détruite par une pensée devenue folle. Je me permets, à ce propos, de renvoyer à un des ouvrages les plus importants parus ces derniers mois, La philosophie devenue folle. Le genre, l’animal et la mort de Jean-François Braunstein (Grasset). Son étude des courants de la philosophie américaine dont nous sommes tributaires, avec leurs conséquences législatives, est littéralement terrifiante. Oui, plus que jamais, devant de tels défis contemporains, il faut marcher pour la vie. Marcher pour la vie, c’est marcher pour notre humanité.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 janvier 2019.