La nomination de Nathalie Kosciusko-Morizet, lors du dernier changement de gouvernement, comme ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement, a pu laisser penser que l’environnement n’était plus une priorité gouvernementale. Plusieurs indices pouvaient le laisser penser que les commentateurs ne se sont pas privés d’énoncer comme preuve d’une victoire des écolo-sceptiques que le Président de la République avait déjà semblé encourager lors de son passage au dernier Salon de l’Agriculture.
La ministre, jeune femme de 37 ans, jusque là modeste secrétaire d’Etat à la prospective et au développement de l’économie numérique, n’avait manifestement pas la stature de ses prédécesseurs, Alain Juppé et Jean-Louis Borloo, dont le nom était le plus cité pour accéder au poste de Premier Ministre. Pas le rang non plus dans l’ordre protocolaire : bien que placée à une enviable quatrième place, elle n’avait plus le titre de ministre d’Etat attribué à ses devanciers comme gage donné par Nicolas Sarkozy, en tant que signataire du Pacte écologique de Nicolas Hulot, à défaut de pouvoir désigner un Vice-Premier Ministre comme le demandait le texte.
Mais plus encore que son âge et son rang, c’est la titulature de son ministère qui inquiétait, non pas pour ce qu’il contenait, mais par ce qu’il ne comportait pas par rapport à celui de ses prédécesseurs. Plus d’aménagement du territoire, mais c’était déjà le cas depuis la passation de pouvoir entre Alain Juppé et Jean-Louis Borloo. Plus de technologies vertes, plus de négociations sur le climat, mais surtout plus d’énergie, celle-ci entrant dans le portefeuille d’Eric Besson, nouveau secrétaire d’Etat à l’industrie, à l’énergie et à l’économie numérique. Plus de mer non plus, alors que Jean-Louis Borloo avait fait rajouter cette mention à son ministère à l’issue du Grenelle de la mer afin de témoigner de son ambition pour la promotion des océans.
Le fait est que la création, à l’issue des élections présidentielles de 2007, d’un grand ministère en charge à la fois de l’écologie et du développement durable, marquait une rupture par rapport aux pratiques précédentes. Alors que le ministère de l’environnement apparaissait jusque là comme un supplément d’âme et un « poil à gratter » mais le plus souvent mis en minorité dans les arbitrages face aux grands ministères économiques et industriels, le nouvel ensemble se voyait contraint de résoudre en son sein ses propres contradictions afin de présenter, pour chaque dossier, une position conciliant le développement économique et la protection de l’environnement. D’où, également, le Grenelle de l’environnement, exercice d’un type nouveau qui a étonné par son ambition et son déroulement, même si les résultats sont jugés de façon plus contrastée.
Tout cela allait-il donc appartenir au passé ? Non, si l’on en croit les déclarations successives de la nouvelle ministre confirmées par le récent décret fixant les attributions de son ministère. Les appellations ministérielles ne disent pas tout et Nathalie Kosciusko-Morizet entend bien reprendre à son compte tout l’héritage. Ministre de l’écologie et du développement durable, elle sera aussi celle du climat, attendue dès lors à la conférence se déroulant actuellement sur le sujet à Cancun, au Mexique, celle des énergies renouvelables et des ressources rares, appelée par conséquent à lancer le prochain appel d’offre sur l’énergie éolienne en mer, d’autant qu’elle sera bien également la ministre de la mer comme elle vient de l’affirmer à Toulon devant le millier de participants du Forum de l’économie maritime. Enfin, elle se porte garante de la continuité du Grenelle de l’environnement dont le soufflé ne doit pas retomber.
En fait, rien n’était moins sûr au départ et il semble bien que NKM, comme l’appelle les journalistes et la classe politique, ait emporté le morceau face à ses concurrents. Celle qui avait dû céder devant Jean-Louis Borloo dans l’affaire des organismes génétiquement modifiés (OGM) a manifestement fait plier ses rivaux. A voir désormais si cette belle preuve de caractère se confirmera dans l’exercice de son mandat.
Pour aller plus loin :
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Édouard de Castelnau
- LES MALADIES DE LA DÉMOCRATIE ÉLECTIVE : COMMENT N’ÉTRE PAS DÉSABUSÉ ?
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
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