Le bilan du rapport du comité d’évaluation du Grenelle de l’environnement a été remis à Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie et du développement durable le 2 novembre. Les mauvais esprits auront pu voir dans cette date, consacrée au souvenir des défunts, celle d’un enterrement en grande pompe de ce qui a pourtant été l’un des moments forts de la première partie du quinquennat présidentiel.
Ce n’est pourtant pas l’avis du ministre pour qui « après trois années de travail, les parties prenantes ont souhaité faire un point d’étape : il s’agit d’ouvrir le capot et de regarder, très précisément, ce qui marche bien et ce qui fonctionne moins bien afin de poursuivre consciencieusement son application ». En dépit de cette métaphore automobile qui aurait pu faire penser à l’échec de la taxe carbone, ce n’est pas non plus ce qui ressort, a priori, de ce document très complet, élaboré par le professeur Alain Grimfeld, le climatologue Jean Jouzel, le sénateur (UMP) Jean-François Le Grand et la présidente de l’agence de notation Vigeo Nicole Notat, présidents des groupes de travail du Grenelle, avec l’appui du cabinet d’expertise Ernst & Young, qui indique que 96% des démarches ont été engagées et que sur les 268 engagements initiaux, 77% sont déjà réalisés ou en cours de réalisation. Qu’il s’agisse de bâtiment et de l’urbanisme, du transport et de la mobilité, de l’énergie, de la biodiversité, 257 engagements ont été réalisés ou sont en cours de mise en œuvre . Seulement un engagement sur cinq nécessite à ce stade une poursuite de la mobilisation ou une réorientation, permettant ainsi au rapport de conclure que le Grenelle de l’environnement est à l’origine d’une dynamique désormais en marche. Satisfaction, par conséquent, du ministre pour lequel « le Grenelle avance et les Français s’en rendent compte dans leur quotidien ».
A l’appui de son affirmation, Jean-Louis Borloo peut en effet faire référence à l’étude réalisée par l’IFOP le 22 octobre précédent, qui indique que 92% des Français approuvent la méthode du Grenelle (la fameuse gouvernance à cinq associant Etat, collectivités, entreprises, syndicats et associations de protection de l’environnement), 88% souhaitant même son extension pour mener à bien d’autres réformes à enjeux, d’où effectivement la floraison de demandes d’organisation de Grenelles (en passe de devenir un nom commun) sur des sujets les plus divers. Les Français disent aussi être au courant du contenu du Grenelle de l’environnement : 93% affirment ainsi connaître (ne serait-ce que de nom) le développement des énergies renouvelables, 89% le tri des déchets ménagers, 87% le bonus-malus automobile ainsi que le doublement du nombre de tramways et 65% le moratoire sur les organismes génétiquement modifiés (OGM).
Perfectionnistes, ou quelque peu contradictoires, 81% demandent à être encore mieux informés sur les mesures issues du Grenelle.
Plutôt qu’un bilan, d’autres observateurs, à commencer peut-être par le ministre lui-même, auront vu dans ce bilan aux résultats flatteurs moins un retour en arrière qu’un tremplin vers de futures ambitions.
Mais c’est là une autre histoire dont le dénouement sera connu dans quelques jours.
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Le rapport du comité d’évaluation ainsi que les résultats de l’enquête de l’IFOP sont consultables sur le site du ministère de l’écologie et du développement durable :