Ensemble pour prier - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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Ensemble pour prier

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Comment exprimer la singularité de l’événement qui s’est déroulé hier soir, dimanche de la Pentecôte, dans les jardins du Vatican ? Certes, on avait en tête les précédents d’Assise, avec Jean-Paul II et Benoît XVI. Mais lors des trois rassemblements inter-religieux dans la patrie de saint François, il n’y avait pas de responsables politiques. La nouveauté de l’initiative du pape François consiste à avoir convié les présidents Shimon Peres et Mahmoud Abbas à une prière en commun avec des juifs, des chrétiens et des musulmans. Cela veut peut-être dire qu’on a encore progressé d’un pas dans un processus de nature spirituelle qui trouve son origine à Vatican II. Sans la déclaration conciliaire Nostra Ætate, le simple fait de rassembler des personnes des trois religions aurait été tout simplement impensable.

Il fallait ce discernement doctrinal pour que se dénouent les formidables obstacles qui créaient des séparations insurmontables entre les uns et les autres. Encore fallait-il joindre des initiatives concrètes aux déclarations d’intention. Les premières rencontres qu’il y eut entre juifs et catholiques, au lendemain du concile, étaient gênées par la non-reconnaissance diplomatique de l’État d’Israël par le Saint-Siège. Pour qu’on commence vraiment à parler de questions de fond, il faudra que ce dernier obstacle soit levé. On ne soulignera jamais assez la conjonction providentielle Jean-Paul II – Jean-Marie Lustiger, qui permit un renouvellement en profondeur des relations judéo-chrétiennes.

Le nouveau pas franchi par le Saint-Père ouvre encore un autre horizon qui peut déconcerter. Nous comprenons mieux de quoi il retourne en rapprochant cette prière commune de la célébration du débarquement du 6 juin 1944 avec les échanges diplomatiques auxquels elle a donné le lieu. La diplomatie, c’est le face-à-face qui permet parfois d’éviter le pire, par exemple en Ukraine. La prière introduit dans un autre ordre qui n’est pas contraire à l’ordre politique. Il peut parfois le modifier de l’intérieur, par la grâce de l’humilité, du pardon et de la reconnaissance commune d’un Dieu miséricordieux.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 9 juin 2014.