Enfants saints, Église de demain - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Enfants saints, Église de demain

Le 10 octobre 2020, Carlo Acutis a été béatifié à Assise. Mort à 15 ans d’une leucémie en 2006 en Italie, cet amoureux du Christ n’a eu de cesse de faire aimer l’Eucharistie. Récit du Père Will Conquer, missionnaire des Missions étrangères au Cambodge, qui a rencontré la famille de Carlo à Milan.
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Carlo Acutis

Carlo Acutis

© Famille Acutis

«Être toujours uni à Jésus, c’est le but de ma vie. » Ces mots simples du jeune Carlo Acutis sont le reflet de sa vie spirituelle extraordinaire, vécue dans l’ordinaire d’une vie d’adolescent. Né en 1991, fils unique d’une riche famille milanaise, il n’a cherché qu’une chose dans sa courte vie : l’amitié avec le Christ. Les rares écrits qu’il a laissés ne témoignent que de cela : « Tous, nous avons été créés potentiellement saints. Mais Dieu nous a aussi créés libres, libres de faire aussi bien le bien que le mal. Et moi, je veux suivre l’exemple du disciple Jean, le disciple bien-aimé. Chacun de nous peut devenir un disciple bien-aimé de Jésus, comme Jean l’a été. » Il y est parvenu au point d’être déclaré bienheureux par l’Église ce 10 octobre à Assise (Italie), dans la basilique Saint-François, tout près du sanctuaire de la Spogliazione – Dépouillement – où il est enterré.

La messe tous les jours de sa vie

Sa grande rencontre avec Dieu a lieu le jour de sa première communion. Il a 7 ans. Lui qui vit dans une famille peu pratiquante, il a un très grand désir de recevoir l’eucharistie. À partir de ce jour-là, Carlo ira à la messe tous les jours de sa vie. Peu à peu, il approfondit le cœur à cœur avec Jésus qui irriguera toute sa vie. L’eucharistie devient vraiment centrale pour lui, le cœur de sa vie et sa grande passion. « Si l’on s’approche tous les jours de l’Eucharistie, on va tout droit au paradis », assure-t-il.

Au point de devenir un véritable missionnaire : la messe est si importante pour lui qu’il y entraîne dès qu’il peut ses parents, grands-parents, cousins, amis… La messe fait partie du programme de sa journée, même en vacances. Antonia, sa maman, témoigne que même lors de leurs voyages en famille, la première chose qu’il faisait en arrivant était d’aller voir à l’église locale l’heure de la messe.

Une enquête sur les miracles eucharistiques

Dès 12 ans, Carlo s’engage dans sa paroisse comme catéchiste, chose courante en Italie dans les patronages. Mais cela fait grandir sa foi et son désir de la transmettre. Car pour Carlo, « si Dieu possède notre cœur, nous posséderons l’Infini ». Et plus sa foi grandit, plus il souffre de voir si peu de gens à la messe, tant de catholiques attiédis qui ne croient pas à la Présence réelle dans l’eucharistie. Pour aider les gens à prendre conscience de l’immensité de la présence de Dieu dans la petite hostie consacrée, il décide d’utiliser ses talents en informatique. Il réalise une exposition qui recense tous les miracles eucharistiques ayant eu lieu partout dans le monde au cours de l’histoire. Pendant deux ans, il mène une véritable enquête scientifique. Cette passion pour ces miracles n’est pas une fascination pour l’extraordinaire : l’adolescent a vraiment une approche missionnaire. Il désire transmettre la foi dans la Présence réelle de Jésus dans l’hostie, grâce aux miracles. C’était aussi l’approche des premiers chrétiens !

Le chapelet avec les vieilles dames

Carlo a également un lien très fort avec la Vierge Marie. Il a découvert la prière du chapelet pendant les vacances chez sa grand-mère, dans son village près de Naples, où il va chaque jour à l’église avec elle, pour réciter le chapelet avec toutes les vieilles dames ! Il aime cette humble prière : « Le rosaire est la prière la plus simple pour monter au Ciel », affirme-t-il. Parmi les nombreux voyages qu’il a faits avec ses parents, Lourdes et à Fatima, son rêve, figurent en tête de liste.

Carlo devant le sanctuaire de Fatima.
Carlo devant le sanctuaire de Fatima.

La charité

Carlo vit aussi la charité à travers l’amitié, pour laquelle il possède un don indéniable : filles et garçons, il est très aimé. Il joue souvent au foot avec ses amis. Il a été un vrai témoin du Christ auprès de tous ceux qu’il côtoyait. Par amitié, il n’hésite pas à dire la vérité à ceux qu’il côtoie : au collège, il souffre beaucoup de la violence et du manque de décence des jeunes de son âge. Il a même une certaine intransigeance sur la question de la pureté. Il n’hésitait pas à faire une critique fraternelle sur ce sujet à ceux qui se comportaient mal : il était exigeant et n’avait pas peur de dire la vérité, par amour. Pour Carlo, « une vie est vraiment belle seulement si on arrive à aimer Dieu par-dessus toute chose, et notre prochain comme nous-même. Ce qui nous rendra vraiment beaux aux yeux de Dieu ce sera seulement la manière dont nous aurons aimé nos frères. » Et le garçon joint les actes à la parole, lui qui vit dans une famille très riche et habite le quartier le plus chic de Milan : à ses funérailles, tous les pauvres du quartier sont présents, immigrés, gardiens d’immeubles… Et parmi les personnes qui travaillent au service de sa famille, le jeune Indien Rajesh, converti à la foi catholique au contact de Carlo.

Il offre sa maladie pour les prêtres

En octobre 2006, Carlo est atteint d’une forme de leucémie la plus grave. Le personnel soignant de l’hôpital où il est hospitalisé d’urgence témoigne de son souci de transmettre la foi autour de lui jusqu’au dernier moment : sans se plaindre, malgré la douleur, il veut au contraire réconforter et évangéliser ses infirmiers ! Après avoir demandé la guérison, sans être exaucé, il offre ses souffrances et sa mort pour les vocations et la sainteté des prêtres, et pour aller au paradis, ajoute-t-il ! Il meurt cinq jours seulement après l’annonce du diagnostic brutal, sans voir l’inauguration de son exposition sur les miracles eucharistiques deux jours plus tard, après deux ans de travail intensif…

L’hôpital dans lequel il est mort est situé à côté du séminaire des missions, à Monza (les Missions étrangères d’Italie). Pour moi, c’est un signe très fort: je crois qu’il est parti au Ciel en mission…

Sa fécondité

Depuis sa mort, sa fécondité est énorme, dans le monde entier : son exposition sur les miracles eucharistiques continue de faire le tour du monde, allant de paroisse en paroisse; il y a des pages Facebook et des sites Internet sur lui ; des gens retrouvent la foi grâce à lui, beaucoup font des neuvaines pour le prier et certains disent avoir obtenu des miracles grâce à lui… Pour beaucoup de parents dont les enfants ont perdu la foi, Carlo est un immense signe d’espérance de voir un jeune d’aujourd’hui avec une si grande foi, mort en offrant sa vie pour les prêtres et les vocations…

Ses parents

Pour ses parents, que j’ai rencontrés et dont je suis resté très proche, c’est une situation unique je pense dans l’histoire : voir béatifier son enfant ! Mais ils ne vivent pas du tout dans le culte de leur fils : il n’y a quasiment pas de photos de Carlo chez eux ! Sa mère, Antonia, ne cherche qu’une chose depuis sa mort : comment être missionnaire aujourd’hui. C’est une femme de l’avenir, elle ne vit pas dans la nostalgie. Ils ne veulent pas réduire toute leur vie à Carlo. Mais elle dit que c’est Carlo qui l’a amenée à la foi : « C’est mon petit sauveur », dit-elle en souriant.

Béatification

Je crois qu’il a été béatifié très vite parce que c’est un saint dont le monde a besoin aujourd’hui. En effet, Carlo peut nous apprendre à faire d’Internet un instrument de mission et non de perdition (pornographie, paresse, temps perdu, consommation…). Et il nous donne de l’espérance pour les jeunes : la sainteté n’a pas dit son dernier mot…

En 2018, sa tombe a été ouverte et son corps retrouvé intact. La même année, la guérison inexpliquée d’un enfant brésilien a ouvert la voie à la béatification. Carlo avait dit : « L’Eucharistie, c’est mon autoroute pour aller au ciel. » Nul doute qu’il y soit monté tout droit. 

À voir

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Sa neuvaine

Dieu notre Père, Toi qui nous as donné le témoignage ardent du jeune Serviteur de Dieu Carlo Acutis, qui fit de l’Eucharistie le centre de sa vie et la force de son engagement quotidien pour que les autres aussi t’aiment plus que tout. Fais qu’il puisse être bientôt élevé parmi les Saints de Ton Église. Confirme ma Foi, augmente mon Espérance, vivifie ma Charité, à l’exemple de Carlo, qui, en grandissant imprégné de ces vertus, vit désormais auprès de Toi. Accorde-moi la grâce dont j’ai tant besoin… (l’exprimer) Je m’en remets à Toi, mon Père, à Ton doux Fils Jésus, dans la puissance du Saint Esprit ; je me confie à la Vierge Marie, notre si douce Mère, et à l’intercession de Ton Serviteur Carlo Acutis. Ainsi soit-il.

Son exposition

Actuellement, trois expositions sur les miracles eucharistiques du monde entier, sous forme de 40 panneaux ou 40 bâches des principaux miracles, circulent en France, dans les paroisses, écoles, groupes de jeunes et mouvements divers. Pour la recevoir vous pouvez envoyer un mail à sr Beata ( srbeata@stjean.com). L’exposition circule également dans le monde entier.

À lire :

Carlo devant le sanctuaire de Fatima.
Carlo devant le sanctuaire de Fatima.

Will Conquer, Carlo Acutis. Un geek au paradis, Éditions Première Partie, 2019.

Retrouvez l’intégralité du Grand Angle « La sainteté de l’enfance » dans le magazine.