L’époque que nous vivons nous invite à prendre d’utiles leçons du passé. J’ai toujours pensé qu’un échange fascinant — et instructif — s’est produit lors de la signature des Accords de Camp David en 1978, sous l’impulsion du Président Jimmy Carter. L’Israëlien Menachem Begin et l’Égyptien Anwar el-Sadate étaient deux vieux combattants et adversaires. Lors d’une pause au cours des rudes négociations de paix, Carter les emmena sur le proche champ de bataille de Gettysburg. Ils longèrent à pied le parcours de la Charge de Pickett, qui survint le dernier jour de la bataille. L’héroïque assaut frontal de Pickett contre les troupes de l’Union [Les Nordistes], ordonné par le Général Robert E. Lee tourna au désastre. Les Confédérés [Sudistes] durent battre en retraite, laissant des milliers de morts sur le terrain.
À la fin du parcours, Sadate fondit en larmes et tendit la main à Begin en disant : «Plus de guerres !» L’horreur de la charge revivait dans l’esprit de Sadate au cours de leur marche à travers le champ naguère couvert de sang. Le Moyen-Orient attend toujours la paix, mais il se produisit au moins pour un instant une évocation historique devenue expérience vivace et bouleversante.
Les pélerinages sur des lieux saints peuvent produire le même effet. Beaucoup de Catholiques ont grandi avec l’histoire des apparitions de Notre Dame à Fatima. Enfant, j’étais moi-même fortement impressionné par ces phénomènes — en particulier la vision de l’enfer — mais, le temps passant, c’est devenu pour moi une espèce de souvenir de lecture enfantine.
Après tout, les dévotions pour Fatima étaient déclarées par l’Église « piété populaire », et « dignes de croyance ». Mais si croire était possible, douter l’était aussi. Le plus sûr itinéraire pour comprendre les enseignements du Christ se trace dans l’étude de la théologie et une pratique orthodoxe de la Foi.
Mais un pélerinage à Fatima a ranimé mon intérêt et m’a permis de réunir ses éléments remarquables. L’Ange Gardien apparaît aux enfants en 1916 — voici précisément un siècle — apparation qu’ils taisent par crainte du ridicule. En 1917 Notre Dame apparaît régulièrement aux enfants, le 13 de chaque mois, de Mai à Octobre.
Son message est simple : récitez le Rosaire et offrez toujours des sacrifices pour la conversion des pécheurs et la paix dans le monde — ou pour d’autres intentions. Elle confie trois « secrets » qui seront révélés plus tard : la vision de l’enfer pour les pécheurs non repentis (pour la plupart péchés d’impureté sexuelle) ; une future nouvelle guerre mondiale suite aux « erreurs de la Russie » répandues dans le monde ; et une immense souffrance pour le Saint-Père.
Pour certains, les apparitions peuvent être attribuées à l’imagination débordante des enfants, et à l’hystérie collective suivie de coïncidences historiques. Mais la masse d’évènements historiques confirmant les révélations est convaincante, absolument renversante.
Le « Miracle du Soleil » a eu des milliers de témoins le 13 octobre, évènement rapidement rapporté en détail par les journaux laïques mais jamais pris en compte sérieusement par les milieux scientifiques. Les enfants, anxieux de savoir s’ils « iraient au paradis », apprirent que deux d’entre eux, Francisco et Jacinta, décèderaient avant Lucia. Tous deux moururent dans des conditions extraordinaires de sainteté, Francisco en 1919 et Jacinta en 1920. Comme promis, Lucia vécut pour répandre le message, et mourut, Carmélite agée, en 2005.
La seconde grande guerre fut précédée par « les grandes lueurs » prédites par Notre Dame. L’évènement extraordinaire et mystérieux de 1938 (À la Une du New York Times du 26 janvier : «une aurore boréale surprend l’Europe») se produisit quelques mois avant l’annexion des Sudètes par l’Allemagne, débutant en fait la seconde guerre mondiale.
La dévotion populaire épargna au Portugal d’entrer en guerre, tout comme l’avait promis Notre Dame. En 1942 les Portugais contribuèrent avec des joyaux pour la confection d’une couronne en or conçue pour sa statue.
Le Portugal ne s’engagea pas sur la voie du communisme dans les années 1970, malgré les convulsions politiques et de nombreuses prédictions, encore selon les promesses de Notre Dame.
Le mystérieux et terrifiant « Troisième Secret » se réalisa (vraisemblablement) avec la tentative d’assassinat de S.S. Jean-Paul II. Il attribua sa survie à Notre Dame et envoya à Fatima la balle tirée par l’assassin. On peut la voir insérée dans la couronne de Notre Dame de Fatima.
Pour moi, on peut attribuer ces faits à des coïncidences, mais ils ne comptent pas pour rien. Suivre les pas de ces petits enfants lors de mon pélerinage a réveillé en moi l’histoire de Fatima. Penser à ces enfants, à leur jeune âge (7, 9 et 10 ans), à leur foi toute simple et à leur inébranlable honnêteté, à leurs humbles (selon mes propres standards) fermes et à la puissance de leur message vous remet en mémoire les façons d’agir du Seigneur : «Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché celà aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits.» (Mt, 11:25).
Nous vivons une époque dure, de plus en plus dure. Les erreurs de la Russie se sont répandues. L’idée communiste sans Dieu de l’homme, simple rouage au service de l’État, est semblable à nos idées sans Dieu selon lesquelles les enfants à naître ne seraient que des accessoires jetables pour notre société de consommation. Mère Térésa a réuni ces deux idées : les maux dûs à l’avortement mènent aux maux de la guerre. « L’avortement est une forme de guerre nucléaire. »
Mais une troupe armée du Rosaire peut-elle vraiment réussir à transformer le monde ?
Songez à la récitation quotidienne du Rosaire, ou même d’une simple dizaine de chapelet, en famille. (La simple idée d’une prière en commun hors de l’église peut sembler de nos jors un défi lancé même aux Catholiques pratiquants). Si vous récitez chaque jour le Rosaire, voux ne pouvez oublier la grâce accordée par Dieu («Je vous salue Marie pleine de grâce . . .»). La dévotion au Rosaire des Catholiques Japonais leur a gardé vivante la foi durant des siècles après l’expulsion des prêtres en 1620. Et la dévotion envers le Rosaire rend impossible le parti pro-avortement. — «. . . et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.»
L’Année de la Miséricorde touche à sa fin. Ensuite ? Pourquoi pas une année de prière et de pénitence en l’honneur de Notre Dame de Fatima à l’occasion du centième anniversaire ? Nous en aurions grand besoin, et c’est bien à notre portée. Prenons la décision de réciter chaque jour le Rosaire, et d’inviter toutes les famillrs à en faire autant.
9 novembre 2016.
NdT : citation de St. Matthieu, texte français de la Bible de Jérusalem.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/11/09/in-a-time-of-strife/
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Photo : Une procession à Fatima (Portugal).