Le philosophe Thomas Reid nous a entrainés vers la langue de la Nature fondement de toutes les langues qui rend la traduction possible. Même sans l’apport des mots, nous pouvons dire la différence entre un regard d’approbation amicale et un œil menaçant porteur d’un danger. De la même façon nous possédons un sens naturel qui guide notre perception dans les arts, peintures, et architecture. Même des paysans ignorants savent dire la différence entre un taudis et un palace. Nous nous en remettons à ce sens naturel des choses pour cultiver une sensibilisation dans un classement qui nous permet de faire la différence entre une cathédrale et un stand à hamburger.
L’Église a enrichi sa vie de ces signes, soit par la dignité de la Messe, par l’encens qui se consume, et bien entendu, par les sacrements du pain et du vin. Le Pape François a clairement fait sien l’importance de ces signes par exemple en prenant le bus, après avoir fait la queue, plutôt que d’en appeler à l’apparat de sa fonction. Il apparait que sa décision fut comprise sur le champ, et par tous. Il fut aussi clair que sa propre perception, au travers de ces gestes très simples, était celle d’enseigner à chaque instant.
Dès lors survint comme très étonnant dans ce récent étrange entretien, qu’un homme si pleinement conscient d’être un maître ait pu être si banal, si indifférent à ce que ses mots soient mal compris. Tout d’abord je crus qu’il avait succombé à la faute de parler à bâton rompu selon son style populaire. Mais il apparut qu’il avait complété cet entretien, et que la transcription avait été révisée avec soin pour être traduite et préparée avant diffusion. Ce ne fut pas une sortie par inadvertance.
Il fut donc particulièrement curieux que, lorsqu’il aborda les questions les plus centrales et les plus moralement brulantes de l’avortement et de la suppression de la vie, ou de la sexualité et du mariage, il ne dira rien qui désignait la place de ces problèmes dans le spectre plus vaste des préoccupations et de l’enseignement de l’Église. Il dira simplement que « nous ne pouvons pas insister uniquement sur les questions de l’avortement, du mariage des homosexuels, et de l’usage de méthodes contraceptives » – comme si l’Église n’avait jamais insisté que sur ces questions.
Jean-Paul II avait prêché sur la position centrale de «la personne humaine»: ce qui compte dans l’être humain, l’importance de l’origine des maux et des blessures. Nous semblons submergés de nos jours, par une vague implacable qui dénie que les vies humaines sont détruites dans l’avortement, et par une insistance que chaque vie humaine ne « compte » pas réellement ou demande notre respect. Il ne se passe pas un jour dans notre monde politique, ou dans l’ordinaire de nos vies sans que l’on soit confronté à la volonté d’évacuer de notre esprit, allègrement et en toute sécurité, la question de « la personne humaine ».
Il semble que nous devons enseigner cette leçon chaque jour, « tant ce que nous recevons que ce que nous délivrons ». Et si cette question devait être soupesée avec la juste « balance » des choses comme le dit le Saint Père quelles autres questions devraient peser plus en comparaison ?
Il est évident que la pondération pour cet homme bon est la pondération délivrée par le prêtre vivant proche de ses ouailles. C’est la nécessité « de panser les plaies, de réchauffer les cœurs des fidèles et de les accompagner dans la nuit noire ». Le cœur de tout cela est « l’amour rédempteur de Dieu », ce qui passe, selon lui, « avant les impératifs moraux et religieux ». Un ami, dans un commentaire, cita le Pape disant que nous devons parvenir à une communion avec Jésus, avant que nous puissions être imprégnés des enseignements de l’Église sur ces questions morales.
Mais si c’est la ligne indiquée ici, cela va à l’encontre des efforts les plus tenaces des fidèles, de prêcher contre les courants de la culture pendant les quarante dernières années. L’enseignement de l’avortement a été porté comme une loi de la nature, une réunion de l’embryologie et du raisonnement moral. Il n’est nul besoin d’être catholique pour comprendre l’enseignement de l’Église. Mais à présent le Pape sera convié à confirmer l’argument facile des Kennedy et des Biden, selon lesquels l’Église est bâtie sur une doctrine religieuse et nous n’avons pas de droit à imposer aux autres « nos croyances religieuses ».
Vendredi dernier dans un propos vers des professionnels de la santé le Pape fit un cours sur l’avortement, s’appuyant sur science et raisonnement moral. Mais je crains que les corrections d’ajustement et les précisions apportées n’aient plus d’importance. Car un « signe » plus fort a été délivré, et beaucoup de gens sont maintenant confiants, avec un air entendu, de savoir ce que le Pape veut « réellement dire ». Cette perception des choses promet de s’incruster plus que « les clarifications » qui y seront liées.
Le conseil municipal à Topeka la semaine dernière examina une loi proche de celle mise en œuvre récemment pour sanctionner les photographes qui refusent de prendre des photos de mariages homosexuels. Un membre du conseil, promoteur de cette mesure, déclara qu’il était catholique et homo – et que le Pape était de son côté. Et quand l’organisation NARAL lance une publicité dans le New York Times pour remercier le Pape, c’est un autre signe.
Les fidèles ont été découragés ; les gens hostiles à l’enseignement de l’Église ont trouvé une dynamique. Et comme le Pape François l’a souligné lui-même, conduire « un discernement » spirituel va demander en particulier « de lire les signes des temps ».
Source http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/reading-the-natural-signs.html