Les actuels péripéties parisiennes ne sauraient cacher les grands problèmes qui se posent de façon permanente aux politiques. Parmi ceux-ci, les difficultés posées par l’immigration et l’intégration des populations venues d’ailleurs. Emmanuel Macron se rend aujourd’hui à Mulhouse pour prononcer un discours sur les moyens propres à juguler ce qu’on appelle maintenant le séparatisme. Le mot exprime bien ce qu’il veut dire. Il y a danger de sécession de quartiers entiers par rapport aux lois de la République. Et certains maires sont accusés de pactiser avec les islamistes pour assurer leur pouvoir, en partie parce qu’ils n’ont pas le choix.
Tous ne sont pas d’accord avec une attitude offensive à l’égard de ce phénomène. Le Monde se fait l’écho direct d’une protestation véhémente de la part de ceux qui craignent qu’on aboutisse à une stigmatisation des musulmans qui n’arrangerait rien. Un profond sentiment de malaise, de colère et d’injustice, explique le quotidien, se développe dans les quartiers populaires où les gens s’estiment victimes d’un amalgame insupportable. Mais la discussion fait rage entre ceux qui prônent une stratégie d’inclusion et ceux qui dénoncent la naïveté des organisations humanitaires, voire religieuses à l’égard d’un phénomène gravissime.
L’Église catholique elle-même se trouve mise en accusation par sa trop grande bienveillance, encouragée par le pape François, qui aboutirait à des méprises. Ainsi l’historien Pierre Vermeren, spécialiste des relations entre la France et le Maghreb, met-il en cause un déni, qui touche les dirigeants français mais aussi les responsables catholiques avec un grief dont il faudrait mesurer la fiabilité : « Dans toutes les grandes villes où les islamistes ont pignon sur rue, il y a un travail préalable de validation par le diocèse local. » 1
Il y a donc un sérieux discernement à opérer. Il serait fou de sous-estimer le danger islamiste. Mais les moyens propres à l’endiguer ne sont pas évidents. Il y a certes les moyens de police et de protection nécessaires. Mais il y a aussi la définition d’une politique intelligence apte à ne pas précipiter les musulmans dans les bras des extrémistes. Nous écouterons donc avec intérêt Emmanuel Macron à Mulhouse. Saura-t-il aider à ce discernement ?