La visite d’Emmanuel Macron au Vatican était une étape obligée de son parcours présidentiel. Du général de Gaulle à François Hollande, aucun président n’a manqué le rendez-vous qui s’impose pour des raisons qui relèvent d’une dimension supérieure de la politique. La période où les relations diplomatiques avaient été rompues entre la République et le Saint-Siège est bien révolue. Quelle que soit la personnalité du président, les rencontres s’imposent, même si elles n’ont pas la même teneur. De Gaulle, au début de la Ve République, ne dédaignait pas d’envisager une influence française directe dans l’élection du nouveau Pape, après la mort de Pie XII. Ses successeurs n’étaient pas dans le même état d’esprit, mais ils ne pouvaient non plus sous-estimer le poids de la continuité de la présence française dans la culture catholique. N’est-ce pas Paul VI qui déclarait encore en 1964 que c’est en France que se cuit « le pain intellectuel de la chrétienté » ? En dépit des vicissitudes du temps, la tradition s’est continuée.
Avec l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, il n’est pas douteux qu’une évolution s’est produite dans les relations de la France et de l’Église en général. En cela très différent de son prédécesseur François Hollande, le nouveau Président a marqué fortement son souci de réparer le lien des catholiques avec l’État, en n’hésitant pas, lors de son discours aux Bernardins, à aller très loin dans l’empathie avec la culture chrétienne. Cela ne signifie nullement que des désaccords graves ne risquent, à brève échéance, de ternir la belle harmonie envisagée. Des sujets aussi sensibles que ceux de la bioéthique, créent, d’ores et déjà, troubles et désaccords, même si le Président tente, de toutes façons, d’amortir les chocs. La rencontre de mardi avec le pape François entre, sans nul doute, dans cette stratégie d’apaisement, dont on saura, dans des délais assez brefs, si elle est susceptible d’aboutir.
Il semble bien, en effet, que le Président ait décidé de faire voter assez rapidement l’extension de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux célibataires, répondant ainsi à une des promesses de son programme électoral. En revanche, la légalisation de la gestation pour autrui serait toujours proscrite, de même que celle de l’euthanasie. On sait qu’une large fraction du parti présidentiel est très fermement coalisée en faveur du suicide assisté. Agnès Buzyn, ministre de la Santé, s’y montre au contraire défavorable et semble refléter l’opinion du Président. La légalisation de l’extension de la PMA n’en créerait pas moins une nouvelle crise, avec le sentiment d’une désagrégation continue du lien familial, avec l’élision de la figure paternelle. Ce n’est sûrement pas l’entretien du Président et du Pape qui a permis la mise au point de fond qui s’imposait, d’autant qu’il y avait d’autres dossiers, extrêmement lourds, à évoquer. En toute hypothèse, il est précieux que le dialogue se poursuive, dans l’attente de dénouements encore problématiques.
Voir la rencontre sur KTO http://www.ktotv.com/emmanuel-macron-au-vatican
Qui accompagne le président Macron au Vatican ?
https://www.bfmtv.com/politique/qui-accompagnera-macron-au-vatican-mardi-1477744.html