Élisabeth : « Dieu a promis » - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Élisabeth : « Dieu a promis »

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« La Visitation », artiste inconnu (français ou d'Italie du Nord) vers 1630

« La Visitation », artiste inconnu (français ou d'Italie du Nord) vers 1630

[National Gallery, Londres]

J’ai écrit précédemment sur Zacharie en relation avec l’Avent. Un second modèle de foi à considérer en cette période est son épouse, la modeste Élisabeth. Sa nature humble se révèle dans la question qu’elle pose de façon rhétorique lors de la Visitation de Marie : « et pourquoi cela m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? »(Luc 1:43). En d’autres mots, qui suis-je pour être ainsi honorée ? Ce n’est pas de la fausse humilité mais l’authentique vertu qui rend quelqu’un capable de s’évaluer à la lumière du Tout-Puissant. Et ainsi, ce n’est ni le dénigrement extrême insincère ni un ego boursouflé sans contact avec la réalité.

Parce que Élisabeth comprend sa propre petitesse (elle appartient à la longue lignée des Anawim fidèles dans les Écritures hébraïques), elle comprend également qui est Dieu, à la fois en Lui-même et pour elle personnellement. Même son nom éclaire cela car il signifie « Dieu est fidèle ».

Élisabeth porte en elle ce message et de ce fait sait intuitivement que le Seigneur ne l’abandonnera pas en la laissant stérile. Comme Anne, elle espère contre tout espoir. Et, au temps fixé par Dieu, sa fidélité à la Fidélité Personnifiée est récompensée par la conception de son fils.

Si nous essayions d’actualiser l’histoire d’Élisabeth pour notre époque, il faudrait noter que la souveraineté absolue de Dieu signifie tant pour elle et pour les autres véritables croyants que la conception et la contraception artificielles auraient été regardées comme abominables. Pourquoi ? Parce qu’elles manipulent la Volonté divine, mettant la créature à la place du Créateur.

Élisabeth comprenait que si le Seigneur avait promis, Il le ferait. D’où une profonde confiance.

Contrairement à son époux le prêtre Zacharie, Élisabeth est une personne de si grande foi qu’elle lit la Volonté de Dieu dans les circonstances banales de la vie quotidienne, sans avoir besoin de révélations spéciales. Ironiquement, Zacharie reçoit le message de l’ange et ne croit toujours pas tandis qu’Élisabeth poursuit les tâches qui lui sont assignées par la Divine Providence.

Bien sûr, nous avons toujours avec nous des gens comme ces deux-là. Certains catholiques recherchent toutes les manifestations extraordinaires des la présence de Dieu qu’ils peuvent trouver, dans un effort frénétique pour entrer en contact avec le Dieu caché qui (ils se refusent à l’admettre) restera finalement caché – même dans les révélations – s’Il est et demeure le Dieu du mystère et de la transcendance qui nous est communiqué dans la Tradition judéo-chrétienne.

Cependant, d’autres se satisfont de rencontrer le Seigneur de manière « normale » et peut-être moins excitante, comme les croyants depuis deux millénaires : les Écritures, les sacrements, le Magistère et, oui, même les circonstances quotidiennes de notre vie de tous les jours. Ces gens ne nient pas la possibilité de révélations privées, ils ne regardent pas de haut ceux qui semblent en avoir un besoin excessif, mais ils sont satisfaits de vivre avec le savoir incomplet qui est le lot de la plupart d’entre nous ici-bas, attendant la pleine révélation de la gloire à laquelle nous sommes appelés quand le Seigneur se montrera complètement à la Fin des Temps.

La foi d’Élisabeth est contagieuse. L’enfant en elle « l’attrape », si bien qu’il « tressaille de joie » (Luc 1:44) au son de la voix de Marie. Il est fascinant de réfléchir à ce discours de salut, qui se tient entre deux enfants non-nés – autant pour « les tissus fœtaux » ou « les produits de conception ».

Au contraire, le Tout-Puissant commence Son histoire d’amour avec nous depuis le premier moment où Il nous insuffle sa vie à la conception. Mais il y a une autre dimension à la contagion de la foi d’Élisabeth ; elle est offerte par Gabriel comme une raison de croire pour Marie elle-même : « voici, ta cousine Élisabeth a conçu un fils dans sa vieillesse ; elle est à son sixième mois, elle qu’on appelait la stérile. Car rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1:36-37).

Un autre effet de la foi est la joie. La joie est manifestée d’une charmante manière par l’enfant tressaillant dans les entrailles d’Élisabeth. Cependant, la joie ne doit pas être confondue avec l’hilarité ou une forme superficielle de gaieté transitoire. Au contraire, la joie est un état où la personne se repose tranquillement, assurée de la puissance de Dieu et de Sa volonté de nous sauver. On peut donc conserver la joie après un tremblement de terre, après avoir appris un diagnostic de maladie au stade terminal, ou au milieu d’une ruine financière.

Comme saint Paul l’expliquera ultérieurement :

Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Les tribulations, la détresse, la persécution, la faim, le dénuement, le péril, l’épée ?… Non, en toutes ces choses nous sommes les grands vainqueurs par Lui qui nous a aimés. Car je suis sûr que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni le présent, ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, aucune chose de la création n’est capable de nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur (Romains 8:35-39).

La joie rend Marie capable (comme toutes les grandes femmes de foi – Sarah, Anne, Ruth – dans la Tradition Hébraïque) de voir à travers l’obscurité de sa grossesse inattendue, au-delà de l’ignominie du Calvaire, jusqu’à la gloire de la résurrection du Christ et de sa propre Assomption. La joie donne aux gens la capacité de voir les affaires temporelles « sous l’aspect de l’éternité ». L’homme moderne est pauvre en joie parce qu’il est pauvre en foi.

Ce que l’ange a commencé en saluant Marie, Élisabeth le poursuit, car le travail des Cieux doit être complété sur la terre, tout comme le travail terrestre est achevé dans les Cieux. Donc, la salutation de Gabriel à Marie qui la décrit comme « pleine de grâce » est implicitement reconnue par Élisabeth qui déclare que Notre Dame est « bénie parmi toutes les femmes », tout comme le fruit des ses entrailles, Jésus, est béni.

Et ce qu’Élisabeth a dit, l’Église l’a toujours répété depuis. La Bienheureuse Mère, sous l’influence de l’Esprit-Saint a déclaré dans son Magnificat ( utilisé chaque jour dans la prière des Vêpres) que cela se produirai : « car voici, de ce fait toutes les générations me diront bienheureuse » (Luc 1:48). En fait, tout son cantique de louange n’est qu’une continuation du cycle de la foi et de la joie qui a ses origines chez Élisabeth.

En effet, les chants inspirés par sa foi (le Benedictus et le Magnificat) sont les charnières mêmes du sacrifice de louange de l’Église offert chaque jour dans la Liturgie des Heures, cette prière qui jaillit de la foi et donne naissance à la joie.

La promesse de Dieu à Élisabeth n’était qu’une partie de la promesse beaucoup plus vaste faite à Marie et accomplie à Bethléem, qui est notre espérance d’entrer un jour dans la Jérusalem Céleste.