EGYPTE : pessimisme et espoir fou - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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EGYPTE : pessimisme et espoir fou

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Les événements restent comme suspendus en Egypte. La célèbre place Tahrir au centre du Caire, où se trouve concentrée l’attention du monde entier, sous l’œil de caméras toujours aux aguets, demeure le symbole d’une révolution dont on ne sait encore où elle mènera. Simplement, sur cette place, une toute petite image qui surprend, qui émeut, et dont on se demande si elle est un réel signe d’espoir ou une fugace illusion. La Croix et le Croissant sont assemblés à un endroit, pour signifier qu’ici la guerre de religions n’a plus cours et que chrétiens et musulmans sont appelés à vivre non seulement pacifiquement, mais fraternellement. Une messe copte a même été célébrée sur la place. Encore une fois, il est périlleux, à partir d’un élément si fragile, de tirer des plans sur la comète. Mais quand même !

La controverse est partout. Qu’est-on en train de vivre dans les pays arabes ? Un printemps des peuples ? Une émergence de la démocratie ? Qu’il y ait des éléments qui vont dans ce sens, cela me paraît indéniable. Le tout est de savoir s’ils seront décisifs pour renverser le cours de l’histoire.

Certains sont d’un avis contraire, et on ne peut les ignorer. L’ancien ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi explique dans Marianne, « pourquoi la révolution égyptienne lui fait peur ». Je le cite: « Le jour où les Égyptiens seront appelés aux urnes pour des élections libres, ce ne sont pas les intellectuels et les membres des professions libérales du Caire qui feront le poids, mais les 70 millions de paysans et les masses urbaines pauvres, illettrées et privées d’avenir. Ceux-là ne connaissent que l’Islam et ses promoteurs, les Frères Musulmans, la seule force politique et caritative organisée du pays. Il est, hélas, probable que ce qui est arrivé à Téhéran, à Alger et à Gaza se reproduise au Caire et demain dans toute la région. »

Pessimisme accablant. Exagéré ? En tout cas, la prudence d’un Obama n’a pas d’autres raisons. Je me permettrai de signaler en terminant, une autre petite lueur d’espérance, celle qui nous vient du dernier moine de Tibhérine, le frère Jean-Pierre qui s’exprime pour la première fois dans le Figaro Magazine : « Il faut espérer que l’amour soit toujours le plus fort. Que l’amour de Dieu aura le dernier mot. » Frère Jean-Pierre perçoit cet amour chez les musulmans qu’il a connus et il fait le pari fou de la fraternité. Est-ce le seul qui nous soit permis ?

Chronique lue le 7 février sur Radio Notre-Dame