Egypte de toutes les incertitudes - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Egypte de toutes les incertitudes

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Les réserves que je faisais hier à l’encontre d’une certaine illusion lyrique, à propos de l’Egypte, ont été justifiées par les événements qui se sont produits cette nuit au Caire. Encore une fois, je n’ai, comme tous les autres commentateurs politiques, aucune certitude à propos d’une situation qui est toujours insaisissable. Comment interpréter les contre-manifestations des partisans du président Moubarak ? Faut-il y voir une manœuvre policière, destinée à casser la dynamique du mouvement contestataire ? Faut-il discerner un réel soutien populaire au pouvoir, même s’il est minoritaire ? Peut-on craindre une logique de guerre civile qui s’enclencherait à partir de ces mouvements de foule ? Je n’ai pas la réponse. J’écoute tous les commentaires possibles et je reste sur ma faim.

Et si l’on prend un peu de distance par rapport à la rue, la perplexité se renforce encore. On ne peut, en effet, faire abstraction de la dimension géostratégique du conflit et du rôle prépondérant joué par l’Égypte au Proche-Orient. Que le président Obama suive les ééènements heure par heure dans son quartier général opérationnel ne peut étonner, lorsqu’on soupçonne le cataclysme que serait pour les Etats-Unis un après-Moubarak qui déboucherait sur un changement radical de politique. Ne serait-ce qu’à l’égard d’Israël. Il semble qu’Obama et son équipe souhaitent un départ de Moubarak qui sauverait la mise des intérêts américains, dans la mesure où son successeur aurait leur agrément, tout en réformant le pays et ses institutions autant qu’il est possible.

Le problème, c’est que Moubarak n’est sans doute pas prêt à partir dans l’immédiat et qu’il dispose encore de quelques cartes — on l’a vu hier — pour contrer une opposition qui apparaissait irrésistible la veille. Bien sûr, l’attitude de l’armée est observée à la loupe. Jusqu’à quel point est-elle encore liée au président égyptien ? Jusqu’à quel point est-elle en mesure d’exiger son départ et de désigner son successeur ? Les militaires du Caire savent qu’ils dépendent étroitement du financement américain, et que ce financement est lié au rôle de l’Égypte dans la région.

C’est donc bien l’armée qui a en main la décision. Son attitude, apparemment attentiste ces derniers jours ne doit pas cacher qu’elle a la réalité du pouvoir et qu’elle la gardera, avec ou sans Moubarak, d’autant que la complexité de la société et de l’équilibre des forces ne détermine aucune autre alternative politique.