La franc-maçonnerie naît officiellement à Londres le 24 juin 1717. Vingt ans plus tard, elle est l’objet de la première condamnation pontificale. Le pape Clément XII publie à cet effet en 1738 la bulle In eminenti apostolatus specula. Les mots du Saint-Père sont virulents, évoquant les francs-maçons comme « ce genre d’hommes qui tels des voleurs percent la maison, tels des renards travaillent à démolir la vigne, et pervertissent le cœur des simples ». Le Souverain pontife achève le document de manière très explicite : « Nous avons conclu de condamner et d’interdire ces dites sociétés. […] Nous les condamnons par notre présente constitution valable à perpétuité. […] Nous ordonnons aux fidèles de Jésus Christ de s’en tenir à l’écart sous peine d’excommunication. »
La condamnation de Léon XIII
Par la suite, tous les papes confirmeront la sentence de Clément XII. Benoît XIV, dans le document Providas en 1751, Pie VII en 1821, dans Ecclesiam a Jesu Christo, Léon XII dans Quo graviora en 1825, Pie VIII avec l’encyclique Traditi en 1829, Grégoire XVI avec l’encyclique Mirari vos en 1832, et Pie IX en 1846 avec l’encyclique Qui pluribus.
Mais l’un des textes pontificaux les plus précis en la matière reste l’encyclique Humanum genus du pape Léon XIII en 1884. Non seulement le Souverain pontife y critique la duplicité de la franc-maçonnerie – « Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits et un mauvais n’en peut pas porter de bons » –, mais il y souligne aussi sa haine à l’encontre de l’Église. Avec presque cent ans d’avance, il fustige « l’hédonisme et ses graves conséquences dans le domaine des mœurs », notamment « l’attaque contre le mariage et l’éducation des enfants ». Léon XIII est d’autant plus combatif que l’Église subit alors en France, sous la IIIe République, les violentes attaques des francs-maçons, qui conduisent dès 1880 à l’expulsion de 265 congrégations religieuses et l’interdiction de tout enseignement religieux dans les écoles publiques.
De nos jours
Il faudra ensuite attendre 1983 pour que la Congrégation pour la doctrine de la foi coupe court à toute interprétation fallacieuse d’une possible double appartenance à l’Église et à la franc-maçonnerie. La déclaration romaine du cardinal Ratzinger, alors préfet de cette Congrégation, dit ceci : « Le jugement négatif de l’Église sur les associations maçonniques demeure inchangé dans le nouveau Code de droit canonique, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Église et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Église… Il est stipulé par ailleurs que les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la communion eucharistique. » Le document, approuvé par Jean-Paul II, ne rappelle pas que les catholiques initiés à la franc-maçonnerie sont excommuniés, la sanction demeurant en effet inchangée. En mai 2013, deux mois après l’élection du pape François, un curé de Haute-Savoie, membre d’une loge rattaché au Grand Orient de France, a été démis de ses fonctions par l’évêque d’Annecy, à la demande de Rome.
Dès son accession au trône de saint Pierre, l’actuel Souverain pontife s’est en effet toujours montré très hostile à la franc-maçonnerie, allant jusqu’à l’évoquer à son retour des JMJ en juillet 2013 dans l’avion qui le ramenait de Rio de Janeiro au Vatican. Il dénonçait alors « les lobbys de la cupidité, les lobbys politiques, les lobbys maçonniques » qui faisaient pression pour infiltrer l’Église
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