Le Monde daté du mercredi 5 janvier titrait: « Islam et intégration: le constat d’échec franco-allemand ». En effet, un sondage réalisé en même temps en France et en Allemagne par l’IFOP révèle que 68% des Français et 75% des Allemands considèrent que les musulmans ne sont pas bien intégrés dans leur société. Autre chiffre significatif: 42% des Français et 40% des Allemands considèrent la présence de communautés musulmanes « comme une menace ». Lorsqu’on interroge les intéressés sur les causes de cette non-intégration, la raison qui est la plus invoquée concerne les « trop grandes différences culturelles » qui sépareraient les musulmans des pays d’Europe.
Avant tout jugement de valeur sur les opinions révélées par ce sondage, il convient d’abord de faire un constat de réalité. La méfiance à l’égard de l’islam s’est accrue ces dernières années. Et il s’agit là d’évidence d’un phénomène à l’échelon européen. Tous les indices vont dans le même sens, le plus spectaculaire étant celui des deux votations de la Confédération helvétique qui ont démontré un véritable basculement de la population suisse dans le sens de mesures d’une protection à l’égard de l’immigration. Il ne s’agit donc plus de franges dites extrémistes, qui se caractériseraient par des pulsions foncièrement xénophobes voire racistes. Les enquêtes indiquent que, même si c’est d’une façon inégale, tous les secteurs de l’échiquier politique et idéologique sont désormais touchés par une vraie hantise de débordement.
Les responsables politiques ne peuvent, on le conçoit, rester insensibles à de tels mouvements d’opinions. Ils réagissent parfois spectaculairement. On l’a vu chez nous avec l’insistance sur la notion d’identité nationale. On l’a vu en Allemagne avec la Chancelière Angela Merkel, signifiant l’échec du « multi-culturalisme ». Faut-il stigmatiser de telles réactions, comme certains le font, en incriminant le rôle des politiques qui insisteraient trop, désormais, sur les obstacles à l’intégration, en renforçant la peur de l’islam ? Et s’il s’agissait d’un phénomène de fond, disons le mot : de civilisation, non pas pour avaliser la trop célèbre thèse de Samuel Huntington sur le choc des civilisations, mais pour prendre la mesure du défi. Il ne s’agit surtout pas de barrer la route à ceux qui sont venus chez nous et veulent s’intégrer. Il s’agit de faire l’apprentissage exigeant d’un vivre ensemble, qui passe par des règles communes et le respect des valeurs propres aux nations européennes.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 6 janvier 2010.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La République laïque et la prévention de l’enrôlement des jeunes par l’État islamique - sommes-nous démunis ? Plaidoyer pour une laïcité distincte
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Édouard de Castelnau