Il y a 30 ans, le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait, mettant fin à plus de 70 années de communisme qui avaient divisé l’Europe et le monde. Pourtant, dès la première moitié du XXe siècle, l’Église avait bien tenté de mettre en garde contre cette idéologie. D’abord la Sainte Vierge, à Fatima, dès 1917 : si la Russie ne se convertit pas, « elle répandra ses erreurs sur le monde », avait-elle affirmé aux enfants portugais. Pie XI ensuite, qui dans son encyclique Divini Redemptoris de 1937 expliquait que le communisme était « intrinsèquement pervers ». Pourquoi pervers ? Car selon le Souverain pontife, il renfermait « une idée de fausse rédemption, un pseudo-idéal de justice, d’égalité et de fraternité ». Et dès lors, il n’était possible en aucune manière de collaborer avec lui.
Aveuglement des intellectuels
Hélas son avertissement n’a pas été écouté, pas plus que celui de la Vierge Marie… Avec le recul d’un siècle, on ne peut que regretter en effet que le marxisme-léninisme ait séduit jusqu’à nos intellectuels français, et même certains clercs. Ce qu’ils ne voyaient pas, c’est que ce matérialisme athée niait la nature spirituelle de l’homme, au point de la persécuter violemment. Le nombre de chrétiens, catholiques et orthodoxes, déportés et tués n’a rien à envier aux martyrs des premiers siècles… Rien que pour le clergé orthodoxe, le chiffre de 200 000 victimes est avancé.
Pour autant, est-on sûr d’avoir retenu la leçon de ces soixante-dix années ? C’est tout le sens du retentissant discours d’Alexandre Soljenitsyne à Harvard, en 1978. Intitulé Le Déclin du courage (éd. Les Belles Lettres), il gagne à être relu aujourd’hui. Car pour l’ancien prisonnier du goulag et écrivain, la séduction exercée par le communisme s’expliquait avant tout… par l’humanisme sans religion des Lumières – d’origine française pour la plupart. Un humanisme par conséquent perméable à une autre idéologie sans Dieu, et promettant le paradis sur terre. Et qui mène à la catastrophe, car elle ignore délibérément l’existence du mal.
Aujourd’hui, face à la nouvelle menace islamiste, qui tue autant au Mali qu’à la préfecture de police de Paris, la France semble là encore se perdre dans les contradictions de sa laïcité, qui méconnaît l’aspiration spirituelle en tout homme. Et dès lors se prive de tout moyen de répondre efficacement à ce terrorisme religieux, en ne laissant que l’idéologie du bien-être comme seul horizon à la jeunesse désœuvrée de certains quartiers.
Notre pays ne saurait donc se passer de l’aide de la religion d’amour qu’est la foi catholique. Laquelle a non seulement présidé à l’unité de la France, mais est encore le moteur de très nombreux dévouements caritatifs dans la société.
Dans son plaidoyer, Soljenitsyne constatait encore que ces années d’asservissement avaient affermi et approfondi les caractères à l’Est, en une sorte d’« école spirituelle », prélude à une nouvelle « flamme spirituelle ». Puisse ainsi le soleil (spirituel) se lever encore à l’Orient !
Pour aller plus loin :
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