Ce 29 Mars 2OI8. Le Jeudi, saint entre tous.
Ce Jour, source de tout amour, fête de l’Amour au-delà de tout amour, de l’Amour en sa plénitude de beauté, le Seigneur Jésus nous en donne la clé : « D’Amour plus grand, il n’y en a pas, que celui qui livre sa vie pour ses amis » et même pour ses… ennemis ! Et le comble : Il l‘a fait !
Et voici – bouleversante trouvaille de l’Esprit-Saint !- en ce même jour est en-Ciel-é un enfant de Dieu qui vient de donner sa vie pour sauver une vie : Arnaud Beltrame.
Ce 23 Mars , après avoir essayé pendant deux heures de toucher le cœur de Radouane Ladkim , de faire appel au plus humain, au meilleur, au plus profond de ce qu’il porte en lui, pour lui éviter le pire, voyant qu’il n’arrive à rien, qu’il se heurte à une porte désespérément fermée, il cesse de donner des conseils, de palabrer, d’extorquer une reddition. Que fait-il ? Va-t-il lui tirer une balle ? Non ! Que propose-t-il ? Il SE propose. Il SE donne. Il SE livre.
Sa dernière arme : déposer son arme. Regarde : Il s’avance lentement. Bras et mains levés. Tel un détenu. Un capturé. Un otage.
Il ne s’avance pas vers un délinquant de misère : il monte vers une cime de lumière. Et pour qui offre-t-il-la vie, sa vie à lui ? Sa maman, sa sœur, un ami ? Non ! Une personne qu’il ne connaît pas. Mais qui est un enfant de Dieu, unique parmi des milliards. Cela suffit.
Cela, librement, consciemment, volontairement, lucidement ce qui veut dire : amoureusement. Stupeur de ses hommes. Sidération des gens présents. Emerveillement des Anges. Bouleversement du Père. Ressemblance totale à Jésus. Chef d’œuvre du Saint-Esprit. Saisissement de Marie.
Instant d’éternité.
Au fait, quel jour ? Un Vendredi ! Et pas n’importe quel vendredi :celui du temps de la Passion, consacré depuis des siècles à Notre-Dame des sept douleurs, Marie de toutes nos douleurs ! Et à quelle heure ? L’Heure de Jésus : neuvième heure du jour. L’Heure de l’Amour en son maximum d’incandescence. Précision chronologique de l’Esprit-Saint !
Le plus puissant se fait le plus faible. Le plus fort se fait le plus fragile. L’armé, le voici dés-armé. Ce geste bouleversant va-t-il désarmer le djihadiste ? Non. Il le tue. L’officier est égorgé. Arnaud est vaincu. Il perd et le duel et la vie.
Face à la violence de la haine, il offre la violence de l’Amour. Cette violence qui s’empare du Royaume. Face à l’assassin, il se comporte comme un saint.
Mais qui sort vainqueur ? Le meurtrier ou l’officier ? Radouane ou Arnaud ? Le djihadiste de Daesh ou le disciple de Jésus ? Qui en est glorifié ? Qui en reçoit l’hommage national ? Qui est applaudi par toute une nation unanime ? Qui va en être béatifié et canonisé ? Des deux, lequel sera vénéré de génération en génération ? Le vaincu, le voici vainqueur ! Le tué, le voici ovationné ! Le plus faible, le voici le plus fort !
Renversement total. Révolution pascale.
Mais qui lui a ouvert ce passage ? Qui lui donne de vivre cette Pâques ? Qui lui a ouvert la brèche ? Dans le sillage de qui met-il ses pas ?
Qui ? Sinon un seul. Le Seul : son Jésus. Notre Jésus à tous
Au-delà de Jeanne d’Arc, des Chouans de Vendée qu’il admirait tant, au-delà de tous nos grands chevaliers de toute génération, il y a le 1er Martyr de tous : Jésus.
Ce n’est pas seulement en tant qu’homme, que citoyen de la République, que militaire qu’il offre sa vie, c’est surtout en tant que disciple, frère et ami de Jésus. Lui dont il avait fait une si intense et profonde découverte voici dix ans. Lui avec qui il préparait son mariage à l’église et en Église. Lui qui est venu le visiter une dernière fois à l’hôpital, en ses sacrements et en son prêtre. Lui qu’il contemplait déjà pour la première fois dans toute la splendeur de son Royaume.
Il est l’enfant et le fruit de toux ceux quil l’ont précédé, de toute une généalogie de héros, de saints, de chevaliers qui lui ont tracé la route vers ces sommets lumineux du don-de-soi, de la générosité, du dévouement, bref de la charité divine.
Son acte suprême est le fruit de toute sa propre vie. Depuis tant d’années, depuis son enfance le Seigneur le préparait. Les témoignages de tous ceux qui ont vécus avec lui sont unanimes. Il était le premier à prendre des risques avec détermination et courage, comme tout chef doit le faire. Notamment à Bagdad en pleine guerre. Toute sa vie tien t en un seul mot : servir. Et depuis ce Jeudi Saint, régner c’est servir. Arnaud est Prince, car serviteur.
Il nous sauve de nous-mêmes
Comme le dit si bien notre ami Francois-Xavier Bellamy :
« Il n’a pas seulement sauvé une jeune femme, une maman. C’est nous tous qu’il a sauvé ». Il nous sauve de la médiocrité, de l’égoïsme, du quant-à-soi, du petit confort perso. Il met un cran d’arrêt à toute une société qui se précipitait vers l’hédonisme, la lâcheté, la facilité. Il réveille en nous ce que nous portons, souvent sans le soupçonner, ce que nous portons de plus vrai, de plus profond, de plus divin en nous : cette soif irrépressible d’absolu, de beauté, de vérité qui nous habite au plus intime.
Il nous entraîne tous, tel un premier de cordée, bien au-delà de nous -mêmes : vers qui je suis, vers le Ciel, vers Dieu. Vers cette plénitude de vie divine pour laquelle je suis créé.
« Face à son bourreau, un gendarme désarmé nous sauve tous en nous rappelant qui nous sommes : de ceux qui sont prêts à mourir, non pour tuer, mais pour sauver »
(F.-X. Bellamy)
Le mot de Mgr Claverie, évêque dominicain d’Oran, juste avant son martyre me revient : « La mort ne me prendra rien, car l’amour a déjà tout donné »Et, en écho, Francois Xavier Bellamy : » On ne prend rien à celui qui donne tout. Mourir n’est pas subir dès lors qu’on sait pour quoi on meurt »Pour quoi et surtout pour Qui. Le meurtrier ne lui arrache pas la vie : il l’avait déjà livrée. En toute vérité il peut faire sienne la parole de son Maitre : » Ma vie, nul ne la prend, c’est Moi qui la donne ».
Ces chevaliers qui crient : oui, l’Autre Vie existe. Nous l’attestons !
L’offrande sacrificielle d’Arnaud doit actualiser pour nous tant et tant de personnes qui aussi ont « perdu » – ou plutôt gagné – leur vie pour en sauver d’autres, parmi pompiers, gendarmes, policiers, militaires GIGN, DGPN, etc.
Leur devise : sauver ou périr. Dans les casernes de sapeurs-pompiers, chaque lundi on rend le salut militaire en tenue de feu. A chaque nom de la litanie, on répond : « mort au feu » L’un d’eux : « Une prise de risque n’est rien en comparaison d’une vie. C’est un profond amour de l’autre qui nous donne la force, la clairvoyance et le courage dans le sauvetage. Tous ceux qui ont donné leur vie sont les témoins de l’Amour tout-puissant qui se trouve au fond de chaque homme. Ce ne sont pas des héros, ce sont des hommes qui ont aimé jusqu’à mourir d »’amour pour une vie. En chacun se trouve ce feu ardent de la vie Et ce mot de splendeur d’un gendarme secouriste de haute montagne : » Le Christ a pris tous les risques pour moi. S’il m’arrivait un jour de laisser ma vie par amour d’un autre que moi, j’aimerais que ce sacrifice ultime honore Celui qui m’en rend digne ». Et le général Iratorza : » Si vous leur ôtez la croyance en une autre vie , vous n’avez plus le droit d’exiger d’eux le sacrifice de leur vie –1 »
Arnaud et cette multitude de chevaliers de la vie sont la preuve flagrante de l’im-mortalité de notre existence. Dans un monde capsulé sur l’immédiat, recroquevillé sur le trottoir : ils sont les témoins de notre avenir, les voyants de notre futur, les périscopes du Ciel. Ils crèvent le mur de béton de la dite mort. Ils en ouvrent la brèche. Ils nous dégagent l’horizon. À l’infini.
Dans un monde obsédé par le rendement, l’efficacité, la rentabilité, la finance à tout crin : voici l’amour en toute sa gratuité. Tel le flacon d’albâtre brisé sur le corps du Seigneur Jésus, le parfum de nard de très grand prix se répand dans toute la maison, dans toute la nation, toute l’Europe, toute l’Eglise, et finalement dans toute l’humanité.
Quel fantastique stimulant pour notre jeunesse ! La voilà entrainée vers les cimes ! Voilà tout son potentiel de générosité, de dévouement, de don-de-soi, prodigieusement réactivé !
Que c’est beau que tout un peuple, dans une fabuleuse unanimité- dépassant tous les clivages politiques-lui rende, à travers Président et son gouvernement un hommage national. Les medias auraient pu taxer Arnaud d’extrémiste catho, ou de tête brûlée. Il n’en est rien. Tout un peuple debout l’ovationne. Et d’avance ovationne tous ceux qui, sur ses traces, donneront leur vie pour sauver une vie, basculant ainsi d’un coup dans la Gloire pascale de ceux qui règnent sur l’univers
Arnaud fait « rimer France avec Espérance » (Général Didier Tauzin). Car avec confiance.
En finale, que nous clame à chacun le geste héroïque d’Arnaud ? « O ma joie ! Christ est ressuscité ! »
Arnaud, prophète de la Beauté éternelle, Témoin de la Gloire im-mortelle , car serviteur d’un Amour plus fort que la mort : Sois-en béni à tout jamais !
A Jeunesse-Lumière. Pâques 20I8.