Du conclave dans la Rome de Michel-Ange - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Du conclave dans la Rome de Michel-Ange

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Que dire après cette entrée en conclave, qui, étant une vraie liturgie, nous offre quelque chose de surhumain ? Non pas quelque chose de démesuré au sens du surhomme nietzschéen, mais quelque chose qui nous indique que l’homme passe infiniment l’homme, selon la formule de Pascal. Non pas encore, décidément, comme le voulait aussi l’auteur de Zarathoustra parce qu’il serait une sorte d’animal avec une part d’inachevé en lui. Non, la liturgie nous introduit dans une autre dimension, celle qui nous fait citoyen d’une autre cité. J’avoue que, contrairement à beaucoup de gens de ma génération, je ne suis nullement indisposé par le décorum romain. Ceux qui voudraient plus de simplicité, pour être plus proche des pauvres, ne me convainquent pas du tout. J’ai le sentiment que toute cette beauté romaine appartient particulièrement aux pauvres, qui n’ont pas à en être dépossédés.

Je suis toujours perplexe quand on m’explique qu’il faudrait revendre tout cela. Pour quel usage ? Pour alimenter les spéculations sur les objets d’art ? Ceux qui vivent dans ces palais n’ont pas de train de vie luxueux. Et l’autorité qui y réside préside toujours, comme le disait saint Ignace d’Antioche, à la charité. Ce mot de charité renvoie certes à l’économie de la grâce, mais aussi au service de tous les démunis de la planète. Alors, laissons les trésors accumulés dans la ville éternelle, à l’admiration du plus grand nombre. Tous les grands artistes qui ont travaillé ici – et beaucoup étaient loin d’être des saints – nous aident à méditer sur le royaume annoncé, dont l’espérance vit en nous. Je pense à Michel-Ange qui a décoré la chapelle Sixtine où se déroule le conclave. Mais je songe aussi à bien d’autres, au Bernin qui construisit la colonnade de la place Saint-Pierre, au Caravage, avec sa sublime conversion de saint Matthieu qui se trouve à Saint-Louis-des-Français.

J’ai dit hier que la Rome des papes n’avait pas toujours été exemplaire. Mais elle n’en demeure pas moins un point de repère qui, dans notre société de communication, reçoit une sorte de signification de surcroît. Oui, j’espère de toutes mes forces que les regards du monde qui convergent vers le conclave sauront trouver là-bas quelque chose qui renvoie au secret d’un chacun et à la liturgie qui aspire en tous à retrouver l’ultime charité.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 13 mars 2013.