M. Girard, de Carare, me pose une intéressante question, toujours d’actualité depuis deux mille ans : « Ai-je tort de penser que quelques affirmations formulées par les chrétiens, enseignées par le clergé, et même inscrites dans les Écritures, sont contredites maintenant par les acquis des Sciences ?
« Ces affirmations ne nécessitent-elles donc pas des rectifications et des mises au point ? Sinon elles ne peuvent que contribuer à détacher, de plus en plus, notre société de la religion et même de la foi ».
M. Girard a certainement raison : il faut répondre à ceux qui croient pouvoir opposer la foi à la religion.
Mais il faudrait le faire une fois pour toutes, en se fondant, non point sur les acquis changeants de la science ou sur les contradictions actuellement supposées entre la science et la foi.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les certitudes définitives de la science sont rares. De plus, parmi ces rares certitudes, encore plus rares sont celles qui ont une signification philosophique ou religieuse. Enfin et surtout, je n’ai jamais rencontré un enseignement religieux qui contredise un acquis de la science, ou même qui en eût la possibilité lointaine.
En ce qui concerne d’abord les dogmes, rappelons-nous qu’ils sont peu nombreux, brefs, et entièrement contenus dans le Symbole des Apôtres1. Ces dogmes que les chrétiens se transmettent de siècle en siècle ne concernent que des vérités spirituelles informulables scientifiquement2.
Je ne peux imaginer, fut-ce de très loin, comment un acquis de la science pourrait, par exemple, réfuter le dogme de la communion des saints, un des plus beaux du christianisme, que l’on ne cessera d’approfondir jusqu’à la fin des temps, alors même que l’homme aura subi depuis d’innombrables millénaires des changements eux aussi inimaginables.
Je n’ai jamais rencontré un enseignement religieux
qui contredise les acquis de la science
Ce dogme nous apprend une vérité spirituelle fondamentale : que tous les humains sont Un, comme le corps du Christ est Un. Affirmation qui, même il y a deux mille ans, pouvait paraître physiquement absurde devant la multiplicité des hommes et la solitude de chacun3. Mais évidemment le dogme ne concerne que la part de l’homme qui fait son humanité, non son corps qu’il partage avec les animaux et qui même lui est étranger, puisque je n’ai conscience de presque rien de ce qu’il fait, ni de ses métabolismes, ni de son vieillissement, ni de l’incompréhensible physique qui forme son architecture invisible4.
On pourrait ainsi examiner tous les dogmes. Ce qu’ils nous apprennent n’est accessible que dans l’ordre intérieur de la grâce, parfois de la conscience, dont la science depuis Descartes prend bien soin de ne pas parler, quoique la physique moderne la réintroduise peut-être dans sa vision, mais par un biais sans relation imaginable avec la réalité religieuse5.
Ce que beaucoup entendent par « les acquis de la science » est une sorte de corpus intellectuel appartenant plutôt à ce qu’on appelle les sciences humaines : « comment conciliez-vous la vision chrétienne de l’homme avec la psychanalyse ? », par exemple.
Mais d’abord, la psychanalyse n’est pas une science humaine, c’est une école de pensée comme le pythagorisme, le marxisme, l’astrologie, etc.6 Et les « sciences humaines » ? Eh bien d’abord, elles devraient porter un autre nom que la physique, la chimie, la géologie, etc., sauf à ne constituer qu’un répertoire ordonné de faits bien avérés, et cela seulement. Alors, en effet, elles seraient des sciences, comme la systématique qui classe les êtres vivants.
Les quelques lois qui émergent sont très instructives sur la statistique de l’homme : démographie, répartition des biens, diffusion de telle culture… Chaunu nous donne actuellement une excellente leçon de ce qu’est une science humaine. Mais dans ses analyses ne subsiste rien, rigoureusement rien des élucubrations pseudo-scientifiques héritées des deux derniers siècles et qui prétendaient nous dire ce qu’est l’homme. C’est ce coup de balai qui place le travail d’un Chaunu dans le corps de la science7.
Mais des histoires telles qu’Adam et Ève, Josué et le soleil, Jonas dans sa baleine, ou même l’historicité des livres historiques de la Bible ? Ou le péché originel ?
Prenons l’épisode le plus « réfutable » par la science, Jonas et sa baleine. D’abord, je ne le trouve pas dans le Symbole des Apôtres. Aurions-nous là l’une de ces croyances longtemps enseignées quoique non dogmatiques, et que les acquis de la science ont balayées ?
J’ai souvent entendu des croyants expliquer avec un peu de gêne qu’il faut prendre cette belle histoire de façon symbolique, qu’évidemment aucune baleine ne peut avaler un homme, qu’aucun homme supposé avalé ne survivrait plus d’une minute ou deux, mais que la fable comporte un enseignement, etc. On me permettra de trouver comiques ces explications et cette gêne.
Ma chatte croit que ma voiture est une
grosse bête pas méchante quoique dangereuse
J’ai aussi entendu des savants linguistes expliquer qu’en réalité il ne s’agit peut-être pas d’une baleine, car le mot hébreu signifierait parait-il, « gros poisson » et qu’alors en tirant un peu par-ci, en tournant un peu par-là et en faisant surtout un appel généreux au principe élastique de l’interprétation symbolique… Surtout, voyez-vous, que des fables semblables, on en trouve des foules dans le folklore antique au Moyen-Orient, alors…
Tout cela est bel et beau, mais il reste que la Bible est un livre inspiré. Comment Dieu s’est-il mis si grossièrement le Doigt dans l’œil, si l’on me permet de parler ainsi ? Ou encore, pourquoi inspirer à l’écrivain sacré une pure fable qui serait prise pour la stricte vérité pendant des millénaires jusqu’à ce que la Science enfin nous détrompe ? N’avait-il pas d’autres moyens plus loyaux envers l’homme et qui maintenant nous embarrasseraient moins ?
Je ne suis pas théologien et le plus souvent je n’entends rien à la théologie. En revanche, il me semble que les Écritures sont d’une parfaite limpidité, pourvu qu’on y croie de la façon la plus simple, c’est-à-dire littéralement. Quoi, Jonas, littéralement ? Oui, littéralement, et ne nous affolons pas.
Ma chatte croit que ma voiture est une grosse bête, pas méchante, quoique dangereuse si l’on ne s’en méfie pas. Elle a deux gros yeux qu’elle allume la nuit, elle se refroidit quand elle dort, pour marcher il faut qu’elle ronronne, et c’est alors qu’il faut s’en méfier. Elle a le nez très chaud, après avoir ronronné, et il est très agréable l’hiver de dormir dessus un moment avant qu’il refroidisse.
Un jour, un cannibale très intelligent et qui depuis longtemps savait à quoi s’en tenir sur les simagrées de son sorcier trouva ma voiture abandonnée dans un ravin.
« Pauvre demeurée, dit-il à ma chatte après avoir décortiqué l’épave avec sa hache (de pierre), ça une bête ? Un tas de ferraille, voilà ce que c’est. »
Lequel, du cannibale ou de ma chatte, est le plus près de la vérité ? Cela se discute, mais je me pose une autre question : pour un usage raisonnable de ma voiture, vaut-il mieux croire ma chatte ou le cannibale ? Ma chatte aime méditer sur la grosse bête qui ronronne.
Pourquoi je prends la mystérieuse
baleine de Jonas comme on la conte
Elle y découvre sans cesse de nouveaux avantages, dont le moins surprenant n’est pas celui de se déplacer plus vite que le sorcier lui-même dans ses vanteries les plus ridicules. Elle en fait les louanges au cannibale, qui sourit d’un air entendu.
Je respecte les sorciers de l’an 2000, je ne me lasse pas d’étudier leurs découvertes. Qu’ont-ils à m’apprendre sur Jonas et sur sa baleine ? Je ne vois pas pourquoi l’on m’aurait révélé quelque chose que je puisse trouver moi-même. Sur ce sujet donc, je les laisse dire, sachant, comme ma chatte, que je suis plus près du bon usage de la mystérieuse baleine en la prenant comme on me la conte plutôt qu’assortie des ténébreuses explications des sorciers8.
Si vous avez de l’argent à perdre et si vous ne préférez pas en faire cadeau à M. Delors9 ou à d’autres œuvres charitables, procurez-vous une dizaine d’éditions critiques de la Bible. À volume égal, on y trouve au moins dix fois plus d’ingéniosité que dans les déductions d’Agatha Christie. Palpitante lecture pour les jours de pluie !10
Si maintenant vous préférez une lumière sur votre destinée, une consolation de vos malheurs, une voie vers votre accomplissement, achetez-en la traduction la moins chère, avec peut-être quelques notes et cartes. Jamais le roi David dans sa splendeur n’en eut de plus belle. Et en plus, il y a la suite, et même la fin.
Aimé MICHEL
Chronique n° 376 parue dans F.C-E. – N° 1907 – 1er juillet 1983
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Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 27 avril 2015
Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 27 avril 2015
- Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre. Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur ; qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers ; le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts. Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen. D’après la tradition, ce résumé (très partiel) de la foi chrétienne a été composé à Jérusalem par les apôtres. Son nom de symbole (du grec « signe de reconnaissance ») des apôtres lui a été donné par Ambroise, évêque de Milan (374-397), l’un des quatre principaux Pères latins de l’Église avec Jérôme, Augustin (qui reçut le baptême d’Ambroise dans la nuit de Pâques du 25 avril 387) et Grégoire le Grand. Ambroise vécut sous le règne de Théodose, le dernier empereur romain à régner sur l’Orient et l’Occident et à résister aux invasions barbares. Le Symbole des Apôtres est usité dans l’Église catholique, l’Église anglicane et de nombreuses Églises protestantes mais pas dans l’Église orthodoxe.
- À ce mot de « dogme » bien des lecteurs se renfrogneront sans doute. On ne le prononce plus guère même dans les églises. Pourtant il ne fait pas peur au philosophe Claude Tresmontant qui en explique l’origine et le sens dans son Introduction à la théologie chrétienne (Seuil, Paris, 1974). Il y rappelle que le mot dogme vient du latin dogma, terme philosophique qui veut dire opinion, théorie, croyance. Le mot latin provient lui-même du grec dogma qui signifie « ce qui paraît bon après réflexion », d’où opinion philosophique. « Les dogmes de l’église, ce sont donc les opinions, les thèses qu’elle professe, ce qu’elle estime être vrai. En langage moderne, c’est le contenu de l’information qu’elle estime devoir communiquer au monde. » Puis il ajoute : « Depuis plusieurs générations, le mot dogme a très mauvaise réputation. Être dogmatique est considéré comme une tare. Or tout le monde professe des opinions, c’est-à-dire des dogmes. Ceux qui ne professent aucun dogme (…) sont ceux, s’il en existe, qui suspendent constamment leur jugement. (…) En fait, en sciences, en médecine, dès lors que l’on pense que quelque chose est certainement vrai, on l’enseigne, et donc on professe des dogmes » (comme ce fameux dogme central de la biologie moléculaire cher à Jacques Monod dont nous parlions il y a quelques semaines, dans Les savants comme Job – Sur le rôle du hasard et la forme d’humour sous-jacente à la nature entière, chronique n° 250, 30.03.2015). Le problème bien diagnostiqué par Tresmontant c’est que cet enseignement des dogmes ne passe plus ou mal. « Une maladie qui sévit parmi les chrétiens, aujourd’hui, (…) consiste dans le refus de prendre en considération le contenu de la doctrine chrétienne, et de se donner la peine de l’étudier. (…) La maladie généralisée parmi les chrétiens (…) c’est qu’ils confondent le christianisme avec une certaine forme d’affectivité, ou de sentiment, d’ailleurs assez mièvre. (…) Les chrétiens d’aujourd’hui veulent bien apprendre toutes les sciences, depuis les mathématiques et la physique jusqu’aux sciences dites humaines. Mais la théologie chrétienne, ils ne veulent pas l’apprendre. Ils contestent même qu’elle soit une science. Ce n’est pas d’ailleurs qu’ils y soient allés voir. Mais cela se dit, et donc cela se répète, depuis un siècle. (…) Il n’y a donc rien à apprendre. Le christianisme concerne le cœur et non pas la raison. C’est là que se trouve l’erreur de base. Le christianisme est aujourd’hui entouré, enveloppé par une haie de malentendu et de contresens (…) si haute et si touffue, que pratiquement, avec la meilleure volonté du monde, un esprit formé aujourd’hui aux sciences positives ne peut plus comprendre ce qu’est le christianisme. » (C’est moi qui souligne). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Tresmontant s’était attaché à présenter les dogmes à cet « esprit formé aux sciences positives » en de multiples livres dont cette intéressante Introduction à la théologie chrétienne. Aimé Michel était un fervent admirateur de Claude Tresmontant. Ce qui ne signifie pas qu’il partageait toutes ses conceptions, notamment en ce qui concerne la raison humaine.
- La communion des saints est la troisième affirmation de la troisième phrase du Credo. Aimé Michel m’en donna l’explication suivante : supposons qu’un homme perdu au milieu du désert ait une idée géniale et meure sans l’avoir communiquée à personne. Eh bien, malgré tout, sa contribution ne sera pas perdue pour l’humanité car elle ne forme qu’un seul corps grâce justement à cette communion des saints, « et des pas saints » avait-il ajouté le jour où il m’en parla. C’est une de ces affirmations uniques « qu’on ne trouve nulle part ailleurs » que dans les enseignements du christianisme.
- Cette idée que « je n’ai conscience de presque rien de ce que fait le corps » est développée dans L’Apocalypse molle (éditions Aldane, www.aldane.com), voir les lettres du 24.03.1981 et du 02.08.1981. Ainsi dans l’alimentation et la digestion, seuls la bouche et l’anus sont conscients, mais non l’entre deux. « Ni les reins, ni le foie, ni la rate, ni le cerveau, ô paradoxe. Ne serait-il pas tentant de commander à tous ces viscères, d’en maîtriser les maladies ? Voire le vieillissement ? Tellement tentant que l’Inde et la Chine, mais par des voies sans issue, poursuivent ce rêve depuis des dizaines de siècles. »
- La physique a en effet réintroduit l’observateur, donc la conscience, dans sa vision. Aimé Michel l’a signalé à plusieurs reprises (voir par exemple la chronique n° 286, Qu’est-ce qui n’est pas dans le temps ni l’espace et qui est infini ? – Le désaveu de la physique qui ne serait que physique, 17.03.2014) et je l’ai aussi plusieurs fois commenté (par exemple en note 5 de la chronique n° 325, Einstein, prophète de l’imprévisible – La querelle du déterminisme, 13.04.2015). Par contre le passage du temps est venu limiter les deux autres affirmations de ce passage. D’une part, la digue qui interdisait aux biologistes et aux psychologues depuis Descartes de parler de la conscience s’est rompue : on ne compte plus les articles et les livres qui en traitent, les uns pour l’expliquer, les autres pour avouer leur impuissance à le faire. D’autre part, il ne me paraît pas si sûr que le biais de la physique moderne soit à ce point « sans relation imaginable avec la réalité religieuse ». « Ce que nous apprennent les dogmes, écrit Aimé Michel, n’est accessible que dans l’ordre intérieur de la grâce, parfois de la conscience ». Veut-il ainsi distinguer ce qui relève de nos propres forces (conscience) et ce qui nécessite une aide divine (grâce) ? Pour mieux comprendre ce dernier mot, à la longue histoire, on peut lire l’article éclairant que le théologien Georges Casalis consacre à la « Grâce » dans l’Encyclopaedia Universalis. Il y explique que le Christ est la grâce en personne par « le caractère de don inattendu, d’absolue gratuité, de sa venue dans ce monde ». C’est parce que tous les écrits du Nouveau Testament rendent témoignage à sa vie, sa mort et sa résurrection « qu’ils sont nommés évangiles ou sont évangéliques, c’est-à-dire porteurs de la bonne nouvelle, annonciateurs de joie, messagers de l’humanité véritable. Quoi qu’elle soit devenue par la suite, la prédication de l’Église primitive a une tonalité heureuse et une force contagieuse, libératrice, attirante. Si le message actuel des Églises ne connaît pas le même rayonnement et n’exerce pas le même attrait, c’est sans doute parce que, perdant le secret de la grâce christique, il s’est perverti en moralisme sourcilleux ou en doctrine plus soucieuse de rectitude que d’annonce vivante du Christ gratuit et gracieux. »
- Cette interprétation de la psychanalyse comme école de pensée semblable aux écoles de l’Antiquité, et non comme science, a été défendue notamment par Henri Ellenberger, le grand historien des recherches sur l’inconscient, voir notamment la chronique n° 23, La psychanalyse : connaissance ou chimère ? (07.12.2009).
- La terrible prétention de certains praticiens des sciences humaines à dire ce qu’est l’homme, leur dangereuse immodestie, leur incapacité à rester dans les limites de leur savoir concret, leur tendance irrépressible à se payer de mots, ont toujours profondément exaspéré Aimé Michel. L’historien Pierre Chaunu est l’un des illustres représentants de l’histoire quantitative de l’École des Annales. Son œuvre est considérable. Parmi ses multiples livres on peut conseiller notamment son Histoire, science sociale. La durée, l’espace et l’homme à l’époque moderne, SEDES (1974). Comme son titre l’indique cet ouvrage est « une introduction aux principaux acquis de la “nouvelle histoire”, histoire quantitative ou histoire sérielle », très différente de l’histoire traditionnelle des hommes d’État, des batailles et des traités. Il offre une synthèse, vaste, factuelle, claire et précise, de l’histoire prise dans la longue durée de l’ensemble des hommes (la durée), fondée sur l’économie (l’espace) et la démographie (l’homme).
- Aimé Michel évoque une première fois le Livre de Jonas dans une autre chronique, n° 350, Les énigmes de l’homme de Néanderthal (F.C. N° 1832, 22 janvier 1982). « Un de mes livres préférés dans la Bible, je veux dire un de ceux qui m’apprennent le plus à chaque relecture, est le Livre de Jonas. La prière de Jonas dans le ventre de la baleine me console et m’éclaire dans ce monde de ténèbres. Mais faudra-t-il encore, après avoir reçu cette lumière, la seule qui éclaire notre âme, que je me creuse la cervelle sur la très spéciale anatomie de la baleine biblique ? Que je sache et dise, livre en main, si cette baleine était un cachalot ? Ou bien plutôt une de ces très grosses sardines si encombrantes parfois sur les bords de la Méditerranée ? Pitié ! Laissons les baleines aux baleiniers et aux savants. Et lisons la Bible en essayant de comprendre la Bible. ». Nous reparlerons donc de Jonas et de sa baleine à l’occasion de cette chronique-là.
- Durant le premier septennat de François Mitterrand, Jacques Delors (né en 1925) est le ministre de l’Économie et des Finances des trois gouvernements Mauroy (1981-1984) et aussi du Budget (1983). C’est lui qui met en œuvre les nationalisations d’entreprises industrielles et bancaires mais, par la suite, il pèse de tout son poids en menaçant de démissionner pour convaincre le Président et le Premier ministre de mener une politique économique et monétaire réaliste. La « contrainte extérieure » (alors largement minimisée par la Gauche) est prise en compte, la France reste dans le « serpent monétaire européen » et pratique une politique de « rigueur ». Aujourd’hui on se souvient surtout de lui comme président de la Commission des Communautés européennes (1985-1994). Ce fut une période d’élargissement et d’approfondissement de l’Europe communautaire avec notamment la signature du traité de Maastricht et l’instauration de l’Union européenne. Il donna à sa fonction un poids que ses successeurs n’ont pas su lui conserver et qui manque aujourd’hui si cruellement aux Européens.
- Aimé Michel exprime ici discrètement son rejet des rationalisations auxquelles se livrent la plupart des exégètes dès que se manifeste le moindre écart vis-à-vis de l’état des connaissances du moment. C’est un de ses thèmes de réflexion favori. On pourra l’approfondir en partant par exemple des chronique Et si l’intelligence acceptait ses limites ? il y a tant de choses que je ne sais pas… – Science et religion sont-elles en guerre à mort permanente ? (n° 337, 21 ;04.2014), Darwin contre la Bible : un combat d’arrière-garde – La Bible ne dit que deux choses sur l’origine du corps de l’homme (n° 353, 09.02.2015) ou Dans le grand soir de Pâques : l’instant sacré – Le christianisme n’aurait pas existé sans la Résurrection (n° 373, 06.04.2015).