Du 2 au 4 août à Lourdes Les catholiques vietnamiens de France fêteront leurs martyrs - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Du 2 au 4 août à Lourdes Les catholiques vietnamiens de France fêteront leurs martyrs

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Du 2 au 4 août 2013, les catholiques vietnamiens de France fêteront aux sanctuaires de Lourdes les 25 ans de la canonisation des martyrs du Vietnam (1988-2013). Au programme : messes d’action de grâce, célébrations, conférences, animations culturelles.

Pour les Vietnamiens en diaspora, ce sera un grand événement, une occasion exceptionnelle de se remémorer l’histoire de l’Eglise du Vietnam, née dans le sang des martyrs. On estime à près de 100.000 le nombre de chrétiens morts entre le 17ème et le 19ème siècle au nom de leur foi. Parmi eux, 117 ont été canonisés le 18 juin 1988 par le pape Jean Paul II au Vatican dont 10 missionnaires français.

Les organisateurs comptent sur environ 1000 pèlerins, venus de différentes villes de France et d’Europe. La plupart d’entre eux sont arrivés en France dans les années 1980/1990 après la chute de Saigon en 1975. On les appelait les Boat-people. Aujourd’hui ils sont intégrés dans les Eglises locales mais ils ressentent toujours le besoin de se rassembler pour vivre ensemble des moments forts de leur histoire commune.

Selon les chiffres fournis par différentes organisations, il y a actuellement près de 300.000 vietnamiens résidant en France. Parmi eux près de 30% sont catholiques. Les aumôneries vietnamiennes, au nombre de 47, sont reconnues par la Conférence des évêques de France et font partie de la Commission épiscopale des migrants et des réfugiés.

Ce rassemblement national des catholiques vietnamiens veut être un témoignage de la foi et un signe de communion avec l’Eglise du Vietnam, toujours soumise à la surveillance du régime communiste. Plus que jamais, dans une société laïque, les Vietnamiens ont besoin de retrouver leurs racines chrétiennes à travers la fidélité à leurs martyrs.

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Quelques éléments sur les martyrs au Vietnam.

Le Pape Jean Paul II a canonisé 117 martyrs du Vietnam le 19 juin 1988. Parmi eux, 10 français, 11 espagnols et 96 vietnamiens, prêtres ou laïcs.

– Quand l’Eglise du Vietnam a-t-elle été fondée ?

– Pourquoi des persécutions ?

– Quelle implication de la part de l’Etat français ?

– Que dire de l’évangélisation au Vietnam ?


I. Au commencement (1533 )

l. Un certain Ignace

Une première trace des missionnaires a été mentionnée par le livre d’histoire du Vietnam. On parle d’un certain Ignace qui a fait l’objet d’un édit d’expulsion. C’était en 1533. Missionnaire européen, probablement portugais, arrivé de Malacca, il exerçait son apostolat dans quelques villages de la côte du Tonkin.

A l’époque, le Vietnam entrait dans une période de troubles politiques. Le roi Lê était détrôné par le Mac. Il se réfugiait dans le Sud, à Thanh Hoa. Mac et Lê se sont fait la guerre pendant 60 ans.

Cette guerre s’est terminée en 1620 par la division du pays en deux : le nord gouverné par la famille Trinh, le sud, par la famille Nguyên. Le roi Lê restait en place mais sans réel pouvoir. Le conflit a duré jusqu’en 1788, date du soulèvement de Tây Son.

La société vietnamienne est en fait un élargissement de la famille. Le pouvoir du roi est à l’image de celui du père. Il est le père du peuple, de la nation. Le sujet (le citoyen) lui doit respect, obéissance, soumission. Par le père, le fils est relié à ses ancêtres (lien du sang), dont la mémoire est particulièrement honorée à travers le culte des ancêtres. La famille rend un culte à ses ancêtres, le village vénère ses génies tutélaires. La morale sociale est basée sur 5 piliers : Humanisme, Reconnaissance, Coutume, Intelligence, Fidélité.

2. Après Ignace, d’autres prêtres.

Après ce mystérieux Ignace, on trouve la trace d’autres missionnaires franciscains, dominicains, jésuites, venus de Malacca. A l’époque, cette ville connaissait une forte implantation chrétienne. Elle était la base arrière d’où partaient les missionnaires pour la Chine, le Vietnam, le Cambodge. …

3. Le père Alexandre de Rhodes.

Le père Alexandre de Rhodes a fait plusieurs séjours au Vietnam. (1624-1644)

Avec d’autres missionnaires, il formait des catéchistes, fondait des communautés chrétiennes, construisait des églises. Le nombre de baptisés passa de 6 700 à 82 000 en 10 ans. En 1644, il est arrêté, puis expulsé définitivement. Au père A. De Rhodes revient la paternité du Quốc Ngữ (transcription du Vietnam en caractère Latin). Cette écriture est devenue l’écriture nationale au début du 20ème siècle.

II. L’envoi des premiers Vicaires Apostoliques au Vietnam.

De retour en Occident, le Père Alexandre de Rhodes fit campagne pour obtenir de Rome l’autorisation et les moyens pour former un clergé autochtone. Il parvint à gagner la confiance de la Congrégation de la propagation de la foi.

Deux premiers évêques sont envoyés au Vietnam : Lambert de Motte (1660) et François Pallu (1662). Ils reçurent de Rome quatre consignes :

l. Créer un clergé autochtone.

2. S’adapter aux mœurs et coutumes.

3. Eviter de s’ingérer dans les affaires politiques.

4. Se référer à Rome pour toute initiative, en particulier, l’ordination des évêques

Les prêtres des Missions Etrangères de Paris avaient reçu d’autres consignes. Ils devaient s’adresser en priorité aux petits, aux gens du peuple, aux humbles, ceux à qui Jésus en son temps s’était adressé.

Malgré de nombreuses difficultés tant au niveau interne qu’externe, le séminaire d’Ayuthia au Siam fut fondé en 1669. En 1700, on comptait 45 prêtres vietnamiens.

En 1670, Mgr Labert de la Motte a créé une congrégation de «  filles », appelée « les Amantes de la croix ». La première communauté se composa de 5 religieuses. Le nombre doubla rapidement. Cent ans après, elle comptait un demi – millier de membres dans les différents vicariats. En 1970, les Amantes de la Croix dépassaient 2000, vivant dans 325 maisons.
Quant au nombre de fidèles, on estimait qu’en 1756, ils étaient 300 000.

III. Les persécutions.

1. Les raisons de la persécution.

L’évangélisation au Vietnam n’a jamais reçu un accueil favorable de la part des Seigneurs du Nord comme du Sud. Plusieurs édits de proscription sont apparus dans tout le pays.

«  Nous avons chassé et nous chassons à perpétuité hors de notre royaume ces Pères, lesquels, fugitifs de leurs terres, sont venus enseigner aux peuples grossiers, aux ignorants et aux femmes une loi qui est sans fondement, d’autant plus pernicieuse et ridicule qu’elle enseigne qu’il ne faut point adorer ni le Ciel ni la Terre, qu’il ne faut point rendre de culte à l’esprit ni au démon, une loi qui fait que les femmes quittent leurs maris et que les maris abandonnent leurs femmes »

Selon cette proscription, le christianisme est considéré comme une religion étrangère. Elle ne respecte pas les lois de la société vietnamienne, elle détruit des familles et les remodèle sur un type nouveau, elle s’adresse aux simples et aux ignorants, elle est exclusive, elle suscite un attachement fanatique, elle s’oppose aux croyances fondamentales sur lesquelles est bâti le Vietnam.

Au Tonkin, les années de persécution ouverte se succèdent à intervalles plus ou moins réguliers : 1696, 1713, 1721, 1736, 1773- 1778…


. 2. Monseigneur Pigneau de Behaine et la reconquête des Nguyên.

Dès 1771, les trois frères Tây-Son se révoltaient contre le Seigneur Nguyên ( Sud ). Ils sont parvenus à conquérir l’ensemble du pays en 1778. L’héritier du Trône, Nguyên Anh était en fuite. Il a rencontré Mgr Pigneau de Behaine. Celui-ci a accepté de venir en France demander l’intervention des Français pour aider Nguyên Anh à reconquérir le trône. En contrepartie, celui-ci cède à la France l’ile de Hai Nam, Poulau-Condor, et l’exclusivité du commerce dans tout le royaume d’Annam. Le 28 novembre 1787, fut signé à Versailles un Traité d’alliance entre le Roi Louis 16 et le roi de Cochinchine. Mais ce Traité n’a jamais été appliqué à cause du refus du Comte de Conway, gouverneur de Pondychéry, qui avait été chargé de procéder à l’exécution de ce Traité. Finalement, l’évêque n’a obtenu que l’aide d’un groupe de volontaires d’environ une vingtaine d’officiers et 350 matelots. Nguyên Anh a réussi à reprendre le pouvoir en 1802.

Le Roi Gia –Long a toléré le Christianisme et réservé une grande estime à Mgr Pigneau de Béhaine.  Mais ses successeurs n’ont pas eu les mêmes attitudes. Les persécutions, plus ou moins généralisées ont duré sous les 3 règnes de Minh Mang, Thieu Tri, Tu Duc.

En 1885 s’achève la conquête française et le nombre des catholiques est estimé à 540000, celui des prêtres à 300 pour le Vietnam, et 176 missionnaires qui dans leur majorité appartenaient aux Missions Etrangères de Paris.

Selon l’estimation des historiens, il y a eu l00 000 martyrs, morts de différentes façons à cause de leur foi : épuisement, décapitation, villages incendiés. Même après la signature du traité de 1862 avec le France où le Vietnam s’engage à respecter la liberté religieuse, les chrétiens ont toujours été l’objet de discrimination, de persécutions de toute sorte.

IV. Le Vietnam de l’époque de l’Indochine française jusqu’à aujourd’hui.

On pourrait dire que la paix est revenue pour les chrétiens à partir du moment où l’administration française parvint à contrôler la sécurité sur l’ensemble du pays.

En réalité, le mouvement des Lettrés vietnamiens continuait à faire subir des représailles à de nombreux villages. En 1885, dans le seul diocèse de Quy Nhon, 24 000 chrétiens et 8 missionnaires étrangers disparurent. Au Tonkin, 17 000 fidèles périrent en 1885-1886, 24 000 autres dans les années suivantes.

En 1954, après Diên Bien Phu, 900 000 vietnamiens du nord se sont réfugiés au sud du 17ème parallèle dont 600 000 catholiques. Des paroisses entières ont abandonné leurs biens pour pouvoir pratiquer leur foi librement.

En 1960, Rome procède à l’établissement pour l’Eglise du Vietnam d’un Episcopat vietnamien, comprenant 3 provinces : Ha Noi, Hue, Saigon. Une reconnaissance selon laquelle, l’Eglise du Vietnam est parvenue à maturité et peut avoir une certaine autonomie dans l’administration de l’œuvre d’évangélisation.

On compte actuellement 7 % catholiques sur une population de 82 millions. Il y 26 diocèses, une quarantaine d’évêques.

En 1975, après la défaite américaine au Vietnam, de nouveau, les vietnamiens ont connu l’exode. Les Boat-People sont alors accueillis dans de nombreux pays d’Amérique et d’Europe. Les chrétiens sont nombreux parmi ceux qui ont quitté le pays. Les chrétiens en diaspora restent fidèles à leur foi, et contribuent à en témoigner, tant au niveau de l’Eglise locale qu’au Vietnam.

En France, actuellement, 47 aumôneries sont plus ou moins organisées, reconnues par l’épiscopat français.

Conclusion.

Que dire après avoir revisité l’histoire de l’évangélisation au Vietnam ?

Si on s’attache au résultat chiffré, le bilan est assez modeste.

Qu’apporte l’Evangélisation du Vietnam au pays ? Au peuple vietnamien ?

Faut-il le regretter quand on voit tous ces massacres au long de l’histoire ? Pour quelle vérité les missionnaires partaient-ils évangéliser dans ces contrées lointaines ?

Question bien difficile.

Il faut se garder de juger le passé avec la mentalité actuelle.

L’évangélisation ne peut se faire sans interférence, sans affrontement avec la culture locale. Elle remet toujours en cause les modes de vie, les rapports humains, l’ordre social.

Malgré les persécutions, les souffrances et les larmes, l’histoire de l’évangélisation du continent asiatique et du Vietnam en particulier, est un témoignage de foi bien précieux pour l’ensemble de l’Eglise.

Au delà de cette confrontation, il y a la rencontre des hommes.

Il y a l’amitié qui, dans des situations extrêmes comme la persécution, révèle la communion autour d’un même amour, l’amour pour le Christ, l’amour pour un peuple, l’amour pour des hommes et des femmes qui ont fraternisé au nom de l’Evangile.

Jésus Christ, à l’heure de sa mort, n’avait pas laissé un bilan extraordinaire sur ce qu’il essayait de faire avec ses disciples. Pourtant, ce que l’humanité garde de lui, c’est l’ incarnation qu’il a témoignée aux hommes.

Peut-être qu’à l’égard de ceux qui sont morts à cause de leur foi, nous devons regarder leur témoignage, leur vie, plutôt que leur réussite.

Quant à ceux qui ont voulu la persécution, ou ont été pris dans cette tourmente malgré eux, le pardon est sans doute l’attitude la plus sage à adopter. Le chemin de la réconciliation est à mon avis le seul qui offre une espérance, qui ouvre à l’humanité un avenir meilleur.