Que dire des rebondissements de l’affaire DSK sinon que cette histoire ressemble à un scénario de série américaine à la télé et que l’on se demande qui sera le premier scénariste à la transposer presque sans arrangement pour le petit écran ? Bien sûr, mais c’est la loi du genre, une bonne partie des faits demeure énigmatique. Saura-t-on jamais ce qui s’est passé dans la chambre du Sofitel de New York ? Si, sur le terrain judiciaire, c’est un non-lieu qui est prononcé, rien ne sera vraiment établi, et chacun pourra imaginer ou supputer ce qui manque à l’intégrité du vrai scénario en temps réel.
Les médias auront-ils intégré une leçon de prudence ? Ceux qui ont été les plus durs, les plus péremptoires hier sont ceux qui se précipitent à nouveau dans un même emballement pour dire le plus de mal possible de la plaignante, l’ancienne présumée victime, qui est désormais décrite comme une étonnante manipulatrice. Et pourtant, son avocat persiste à asséner un récit d’une rare crudité, qui n’est pas sans vraisemblance, pour autant qu’il se fonde sur des indices matériels que les défenseurs de DSK n’ont — à ma connaissance — jamais contestés. Ce qui ne les empêche pas, depuis le début, de plaider l’innocence.
Du coup, les interprétations conspirationnistes reprennent de plus belle. Cette « ténébreuse affaire » aurait pu faire le bonheur d’un Balzac.
J’en suis à me demander ce que moi-même j’ai bien pu écrire au fil des événements et répercuter dans mes éditoriaux. Est-on jamais assez vigilant ? L’exercice est périlleux. Comment accueillir les informations brutes qui vous tombent dessus, en gardant une certaine distance et en respectant la fameuse et indispensable présomption d’innocence ? Mais l’affaire est loin d’être terminée. Elle se complique avec le dépôt de plainte de Tristane Banon. Au total, ce scénario infernal, quelle que soit sa conclusion, nous laissera un goût de cendre.
Chronique à Radio Notre-Dame, le 5 juillet