Douzième jour du synode : proche d'une décision ? - France Catholique
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Douzième jour du synode : proche d’une décision ?

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Tard dans sa vie, Saint Augustin a rendu publiques ses Retractationes, que l’on peut traduire, ce me semble, par ‘Rétractations » ou « Reformulation » de ce qu’il avait écrit précédemment. C’est ce que je vais faire. Hier j’ai rapporté que les évêques du synode avaient voté — contre la tentative du cardinal Baldisseri, directeur du synode de supprimer les rapports des petits groupes linguistiques — afin que ces rapports soient effectivement publiés. Ce n’était pas exact. Laissez-moi reprendre les faits. Avec davantage d’information aujourd’hui, il semble que les choses se soient passées ainsi : Baldisseri semblait avoir décidé, dans l’impulsion du moment, de ne pas autoriser la publication. A cette annonce, un murmure général (c’est-à-dire à voix haute) a parcouru le hall du synode. Le cardinal Pell, comme je l’ai correctement rapporté hier, a été la voix dominante. Mais Baldisseri a été vaincu, et très embarassé, quand le pape s’est assis silencieusement tout en observant. Les participants du synode n’ont même pas voté car la décision de rendre le document public s’est pratiquement faite par acclamation. C’était une tentative inconsidérée que de vouloir les arrêter, et quoi qu’il en soit, l’insatisfaction largement répandue en raison de la tournure que prenaient les choses n’allait pas être facile à dissimuler. Il y a quelques déclarations fort abruptes dans les rapports des dix groupes linguistiques – dans chacun des dix – mais pas tant que dans un document produit par toute autre assemblée de cette importance. Le groupe francophone « a regretté » le langage de la relatio post disceptationem, déclarant le style « ampoulé, décousu, verbeux et pour cette raison généralement plutôt fastidieux ». (Pour traduire, bien qu’ayant traduit du français plusieurs livres dans leur intégralité, j’ai dû consulter le dictionnaire, en raison des termes employés, délibérément cinglants. Mais les Français resteront les Français. (NDT : fort heureusement, il n’a pas parlé des Françaises !) Dans les matières plus importantes, d’autres points ont émergé. Nous ne savons toujours pas avec exactitude comment les quatre paragraphes radicaux sur les homosexuels se sont introduits dans la relatio originelle. Je n’étais pas présent quand la relatio a été lue lundi dernier. (Je venais à peine d’arriver à Rome.) Mais quelqu’un qui y était m’a dit quelque chose de significatif – que nous devons garder à l’esprit dans les mois qui viennent. L’archevêque Bruno Forte et Antonio Spadaro, S.J., rédacteur en chef de La Civilta Cattolica, la voix officielle et officieuse du Vatican, là où le Saint-Père publie la primeur d’interviews controversés, se sont ostensiblement fait signe l’un à l’autre, en levant le pouce. Cela semble signifier que même eux n’étaient pas certains que ces passages subsisteraient dans le document provisoire. Il n’y avait pas un grand groupe d’évêques du synode derrière ces propositions. Entre Saint Jean-Paul II et Benoît XVI (1978-2013), il y a trente-cinq années de nominations d’évêques – tous ne peuvent, même parmi ces grands hommes, être qualifiés de solides. Mais trente-cinq ans de véritable orthodoxie font leur effet. Le bloc pro-gay, pro communion aux divorcés remariés est une minorité, mais une minorité agissante. Plusieurs m’ont demandé, en Amérique et ici à Rome : que pense le pape ? Des journalistes ont prévu de faire le siège du Vatican ce matin pour obtenir une sorte de communiqué – ou l’annonce gênante de ne pas désirer faire de déclaration. Il n’y a pas de réponse facile. Le pape – tout le monde en convient – n’a rien dit et n’a donné aucune indication sur sa position depuis son discours d’ouverture du synode. Certains m’on demandé s’il avait vu le document fauteur de troubles avant qu’il soit rendu public. On ne peut que spéculer, en raison des limites posées à la presse par les animateurs du synode, mais je n’ai rencontré personne à Rome pensant que le pape ne l’avait pas vu. D’après les sources les mieux informées, il aurait vu le document le samedi et l’aurait retourné au comité de rédaction le dimanche. Demain (samedi), c’est le dernier jour du synode. J’ai parlé avec des journalistes chevronnés et avec des gens de confiance au sein même du synode. Tous pensent qu’il n’y aura pas de document final demain. (Je prends un vol de retour dimanche, donc à moins d’un événement inattendu tard dimanche, je vais cesser les rapports sur ce synode, je livrerai le dernier lundi.) Il y a une trop grande complexité et trop de désaccords pour arriver à un texte consensuel dans le temps restant. S’il en est ainsi, que retenir d’une telle fin ? Il y a deux grandes possibilités. Quelqu’un impliqué dans le processus de rédaction dit que ce ne sera pas un désastre – bien que générant une certaine confusion. Cette source déclare que le pape voulait vraiment entendre ce que les gens pensaient. C’est maintenant le cas – et peut-être plus qu’il ne le souhaitait. Alors il soupèse chaque position avec attention, et si un document sort, cela l’aidera à décider quoi faire pour la suite. Un autre point de vue envisage que l’échec de ce groupe à arriver à un consensus annonce un désastre. Si vous revenez un peu dans le passé, il doit vous frapper qu’il était peut-être optimiste de penser que plus de deux cents personnes pouvaient arriver à un consensus en raison de la folie qui règne dans notre monde quand on en vient à parler de mariage, de famille et de sexualité. Par exemple, le cardinal Schönborn de Vienne, un homme que j’admirais profondément autrefois, a changé de ton jeudi pour parler d’un couple homo qu’il connaît. Quand l’un des deux tombe malade, l’autre le soigne « de manière admirable ». Sans doute. Mais comment la sollicitude d’une personne pour une autre – parent pour enfant, enfant pour parent, proche pour proche, ami pour ami, toutes réelles formes d’expression de l’amour du prochain – devrait-elle nous conduire à réévaluer l’homosexualité ? Que vient faire l’érotisme là-dedans, qu’il soit homo ou hétéro d’ailleurs ? Peut-être devrions-nous encoyer au cardinal Schönborn et consorts un exemplaire du livre de C.S. Lewis : Les quatre amours. Il n’est pas difficile de voir que quoi qu’il arrive maintenant – document ou non, vote final ou non – la « sensibilisation » aux gays et la communion pour les divorcés remariés font maintenant partie des débats au plus haut niveau de l’Eglise. Et y resteront, à moins d’une action énergique du pape François. Il y a eu tout au long d’habiles manipulations des procédures d’échanges oraux pour nous amener là. Même avec une rectification au cours des prochains mois, l’Eglise devra faire dans un proche avenir avec cette confusion qui sème la discorde. Robert Royal est rédacteur en chef de The Catholic Thing. illustration : une même famille de pensée : Schönborn et Bergoglio http://www.thecatholicthing.org/synod_report/synod_report/synod-day-12-on-the-way-to-a-decision.html