Double appartenance - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Double appartenance

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L’affaire peut paraître mince, elle n’en est pas moins révélatrice d’un confusionnisme intellectuel assez répandu. Un prêtre du diocèse d’Annecy vient d’être relevé de son ministère par son évêque pour appartenance à la franc-maçonnerie. L’intéressé dit son incompréhension d’une telle décision, tandis que le grand maître du Grand Orient de France dénonce un retour à l’obscurantisme ! Décidément, le temps passe, les termes injurieux d’hier sont toujours de mode. Surtout, la prétention à l’ouverture et à la liberté de pensée masquent une remarquable cécité mentale. Comme si la double appartenance dont se réclame le père Pascal Vesin n’était pas contraire à une exigence de déontologie sacerdotale élémentaire.

Nos confrères de Témoignage Chrétien crient au scandale et au déni de liberté, ce qui est assez étonnant, à moins que la liberté ne consiste dans l’incohérence et le déni des évidences. C’est vrai qu’en jouant sur les mots, on peut démontrer tout et le contraire de tout. Pour un chrétien, a fortiori pour un prêtre, la double appartenance, loin d’être un signe d’indépendance, constitue un symptôme de duplicité. De même qu’on ne peut servir deux maîtres, Dieu et Mammon, on ne peut se réclamer en même temps de credos antagonistes et de morales antinomiques. La véritable décision libre, dans une telle situation, consiste à choisir l’Église ou la loge. À moins de s’engager dans la constitution d’un culte syncrétique, qui correspond, il est vrai, assez bien aux propensions au bricolage religieux et aux divers néo-gnosticismes à la mode.

Il est quand même étrange que les défenseurs du prêtre sanctionné ne comprennent pas que la question posée est celle de la confiance réciproque qui lie un pasteur et des fidèles. Cette confiance n’existe que parce qu’elle est fondée sur une communauté de foi, une communion intime au mystère chrétien. Cette confiance n’existe plus lorsque le pasteur est dépositaire d’un double message qui corrompt sa prédication en de douteux compromis. L’ancien curé de Megève est un partisan résolu du mariage homosexuel, en quoi il se montre bon adhérent des convictions de la rue Cadet. Invoquer l’Évangile pour couvrir ce type de trahison, c’est se moquer. « Que votre oui soit oui, que votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement » est-il dit dans saint Matthieu (5,37). Ce qui relève de la simple probité dans le commerce habituel des hommes est ici de l’ordre de la charité, exigence supérieure de celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie (Jn 14,6).