Il est des sujets que j’ai scrupule à aborder pour différentes raisons. Par exemple, je m’abstiens en général de parler des problèmes de politique intérieure, sauf s’ils mettent en cause des principes auxquels je suis fermement attaché. En aucun cas, je ne me considère comme un prescripteur lorsqu’il s’agit de désigner les responsables de la vie publique. Ma réserve me conduit souvent à m’abstenir aussi sur des sujets de politique étrangère. J’ai dû évoquer la campagne présidentielle américaine d’il y a quatre ans sans m’engager vraiment. Devant la personnalité pour le moins atypique de Donald Trump, j’ai sans doute émis quelques réserves, sans pour autant me passionner en faveur de son adversaire, Mme Clinton.
Pendant tout le mandat de Trump à la Maison Blanche, j’aurais pu me mêler aux débats sanglants qui ont traversé l’Atlantique, mais je n’avais rien à apporter d’original. Et peut-être n’aurais-je pas été compris, si j’avais fait part de mon sentiment singulier à l’égard de cet homme fantasque. Il ne correspondait vraiment pas à un modèle rêvé, mais son accession au sommet m’interrogeait néanmoins sur sa signification. Il me paraît indéniable que Trump correspond aux attentes et aux frustrations d’au moins une bonne moitié de l’Amérique. Et de cela, il est impossible de ne pas tenir compte. Si je me résous, en fin de partie, et alors que les choses se sont passées au plus mal pour lui, à évoquer cet aspect des choses, c’est que la défaite de Trump ne signifie pas qu’il sera oublié demain. Nous nous trouvons face à un pays profondément divisé. Et si l’intéressé n’a rien fait pour le réconcilier, il n’est pas la seule cause d’un mal-être qui risque de se perpétuer et dont nous avons beaucoup à craindre.