Divna - collector 10e anniversaire - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Divna – collector 10e anniversaire

À l'occasion du 10e anniversaire de la collaboration des éditions Jade avec Divna, interprète de chant byzantin, voici un entretien à propos de son nouveau CD du meilleur de sa production discographique.
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Quelle a été votre formation ? Comment avez-vous découvert le chant ?

Divna Ljubojevic : Avant de parler de mon éducation et de ma formation personnelle, j’aimerais exposer une vision générale de l’homme, une vision ontologique sans laquelle nous restons incompréhensibles à nous-mêmes. Je crois que l’homme a été créé parfait pour tout voir à travers lui-même. Et lorsque je dis l’homme, j’entends bien sûr chaque homme. Mais le scénario du péché a déstabilisé la nature humaine qui ne trouve plus la perfection en elle. L’aveuglement dont elle est victime la prive de la lumière de la simplicité originelle.

Le pire c’est que l’on se réfugie alors dans des artifices qui aggravent cette séparation, on crée un monde factice. Par exemple pourquoi donner aux bébés des jouets en plastique au lieu de leur donner quelque chose provenant de la nature ? Une grande part de notre éducation, chaque jour, nous empêche de regarder en nous. On nous impose des expériences préconçues, au rebours de notre personnalité. Or l’éducation doit plutôt donner les moyens d’acquérir une expérience personnelle. Le monde est déjà fait et il faut suivre son chemin.

Comment se débarrasser de ces empêchements ? Nous sommes tous uniques. L’Esprit va nous montrer le chemin de la plus haute réalisation. Il faut donc trouver le dialogue entre l’Esprit de Dieu et son propre esprit.


Cette vision de la vie s’est-elle dessinée très tôt dans votre existence ?

Il y a chez moi, d’abord, un profond amour de la nature. Mon père, professeur de lettres, m’a communiqué cet amour. C’est à travers lui que j’ai senti la présence de cette simplicité dont je viens de parler. Dès l’âge de six ans, mon père m’a offert des livres. Des livres sérieux, sans illustrations. Car d’une certaine façon les illustrations inhibent l’imagination. Ainsi, j’ai pu développer très tôt une culture littéraire bien sûr, mais surtout le sens du dialogue avec mon esprit, une vie intérieure profonde.

Mon père me disait toujours et cela m’a marquée : « Que vas-tu faire dehors ? Reste à la maison, lis et remplis-toi d’intelligence à travers toi-même. » Mon père s’était construit tout seul, comme une forteresse. Cela a eu du bon pour moi, intrinsèquement, mais aussi par réfraction parce que j’ai dû trouver des stratégies de contournement pour échapper à cette autorité noble mais sèche. C’est l’art nécessaire de la tangente, sans lequel on ne peut passer, vers 15 ans, à un stade supérieur de développement.

Et votre mère ?

Ma mère… Quand je la vois, je vois les gestes de l’amour… pour sa famille, au sens large… Pour elle l’amour s’incarnait à travers la famille ; elle a su créer des liens très forts avec chaque membre de ma famille.

Quelle a été votre formation spirituelle ?

Nous allions chaque dimanche à l’église. À travers la foi des miens, j’ai compris le mystère ecclésial. Nous chantions tous le même Credo, nous adhérions tous aux mêmes mystères de la foi, mais nous avions tous une spiritualité différente, nous portions tous des regards différents sur la spiritualité. Cette richesse a contribué à accélérer en moi le processus d’intelligence de la foi. Pour passer d’une foi imitative à une foi personnelle et vécue.

Dans cette initiation à la foi, quel a été le rôle du chant religieux ?

Nous avons tous en nous une force primaire qui vient de Dieu, qui sommeille en nous. Le chant est une façon privilégiée de la révéler et de la manifester. À l’église orthodoxe de Belgrade, j’ai été émerveillée très jeune par le chant sacré qui résonnait à mes oreilles. J’ai commencé à chanter dès mes toutes premières années, j’ai pris des cours de chant classique à l’école de musique et de chants religieux au monastère de Vavedenje. C’est là que, aux alentours de ma dixième année, en écoutant la voix d’une religieuse, j’ai eu la pleine révélation de ce que serait ma vocation.

Qu’entendez-vous par vocation ?

Quand on reçoit un don de Dieu, c’est un devoir de le faire fructifier, de le restituer, de le partager. Il faut se montrer à la hauteur. Cela interdit toute forme d’apathie, de relâchement, de dépression même. Car on ne vit plus pour soi-même, on vit pour les autres. C’est le paradoxe d’un appel qui ne vient pas de nous, comme tous les appels ; mais la réponse que nous avons à donner ne vient pas de nous non plus…

Vous avez évoqué le rôle capital du monastère de Vavedenje, pourriez-vous nous dire quelques mots de ce haut lieu spirituel ?

C’est un monastère de femmes près de Belgrade, qui fut un sanctuaire de la religion orthodoxe durant la période communiste. Les sœurs cultivaient le chant russe orthodoxe traditionnel. Tous les pères spirituels qui deviendront les futurs évêques de l’Église serbe actuelle ont fréquenté ce monastère. Dans les années 1970-1980, j’ai pu vivre de nombreux moments aves ces hommes. Après la liturgie, nous parlions, partagions des repas où la conversation se poursuivait : des conversations importantes, portant sur l’essentiel. Cette ouverture a été fondamentale pour enrichir ma formation spirituelle et en imprégner les dons que j’avais reçus.

Vous avez également étudié au Conservatoire…

L’Académie de musique, ne sert pas à grand-chose, en tout cas n’aide absolument pas à accroître le talent. Au contraire, elle l’enterre. Je n’ai connu qu’un seul professeur qui m’ait encouragée dans le chemin choisi. Tous les autres tenaient mordicus à imposer le cursus. Ce qui est absolument secondaire pour accomplir son talent.

Très jeune, en 1991, vous fondez le chœur Melodi, pourquoi ?

Ce fut un acte fondateur. D’abord, ce chœur dédié au chant byzantin traditionnel me permettait de revenir chanter à Vavedenje : un retour aux sources essentiel. Il me permettait aussi d’échapper à la charge des différentes chorales dont j’avais pris la direction après le Conservatoire ; ces charges m’éloignaient de la mission qui s’était imposée à moi.

J’ai choisi des chanteurs parmi les différents chœurs dont j’étais chef, tous volontaires eux-aussi pour revenir aux sources, et continuer de travailler selon ma propre manière. Entre nous existait donc cette complicité préalable.

Comment définiriez-vous Melodi ?

Melodi n’est pas le fruit d’un projet préétabli, mais plutôt l’émanation d’une histoire, d’une expérience partagée. C’est un chœur polyphonique mixte. Il s’agit de transmettre à ce chœur la tradition de la musique sacrée et de la lui faire interpréter avec une sérénité spirituelle aux antipodes de l’hystérie du concert.

Notre tradition est celle de Byzance : bourdon à basse continue sur lequel se détache une mélodie. Le chant orthodoxe appartient à un peuple qui est orthodoxe et le répertoire de Melodi englobe des pièces anciennes, remontant jusqu’au IVe siècle, à l’Empire byzantin. Il puise également dans le répertoire de compositeurs des siècles suivants et jusqu’au XXe siècle.

Il n’y a pas eu de rupture au cours des siècles même si tous les compositeurs ne possèdent pas le même feu spirituel, n’entretiennent pas tous avec la même force le lien avec la tradition. Mais les nouveaux compositeurs permettent à ce chant de trouver sa place dans l’ensemble du prisme musical, c’est-à-dire à la fois dans la coutume liturgique et à travers le concert.

Que préférez-vous dans ce vaste répertoire ?

Le répertoire favori de Melodi reste le chant traditionnel byzantin, monodique. Mais aussi les pièces polyphoniques courtes, dont j’apprécie la simplicité, la tendresse. La raison d’être du chœur est bien entendu la liturgie dominicale. Et nous nous sommes formés pour garder l’héritage du chant orthodoxe authentique.

Par rapport au répertoire lyrique traditionnel, quelles sont les particularités du chant sacré ?

Par le chant sacré, on éprouve que la voix est un instrument du divin. Il est difficile de l’expliquer, c’est une vérité merveilleuse qui se situe au-delà de toute explication parce que cela n’engage pas seulement un art, une technique, mais aussi une façon de vivre. Lorsque je chante, j’ai l’impression que ce n’est pas moi qui chante mais un Autre en moi : l’Esprit. Il ne s’agit pas d’un récital mais d’une prière.

Comment définiriez-vous le chant orthodoxe ?

Je comparerais le chant orthodoxe à une icône sonore. Le bourdon du chant, c’est l’or de l’icône ; la mélodie, c’est la lumière de l’icône. Comme l’icône, le chant orthodoxe ne se limite pas à provoquer des sensations, des émotions, du pathos ; bien plus, il est source jaillissante de la Parole de Dieu à l’intérieur de soi-même, et illumination de l’âme par cette parole.

Et votre mission ?

Comme une caresse répétée encore et toujours pour faire honneur à la dignité du don de Dieu qui m’est fait.

Qu’est-ce qui pourrait amener un jeune artiste à chanter ce répertoire aujourd’hui ?

L’état de l’âme ! L’âme est, en nous, ce qui cherche, demande et finalement choisit. Choisit, c’est-à-dire obéit. Une telle vocation ne peut naître qu’au moment où l’être est encore réceptif, innocent, non « pratique », non « sali ». Et c’est en gardant de telles dispositions que l’on peut chanter ce répertoire toute sa vie.

Les Éditions Jade publient cet automne un CD en forme d’anthologie. Qu’est-ce qui a présidé au choix de ces pièces ?

Le plaisir pur ! Nous avons choisi les morceaux qui correspondaient le plus à cet état de l’âme que j’évoquais à l’instant. Le choix n’est pas tant liturgique ou théologique que personnel. Ce sont les morceaux que j’aime plus particulièrement chanter en concert ou à l’office parce qu’ils reflètent plus particulièrement mes dispositions profondes, cette « part » de l’âme dont il est dit dans l’évangile de Luc qu’elle est « la meilleure de nous-même et qu’elle ne nous sera jamais enlevée. »

https://itunes.apple.com/fr/album/divna-collector-10e-anniversaire/id916831090


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