Divine impatience - France Catholique
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La justice de Dieu
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Divine impatience

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Rosa Parks refusant d’aller s’asseoir au fond du bus. [NDT: il n’y a pas si longtemps — quelques décennies — la ségrégation en vigueur séparait noirs et blancs dans les transports en commun de certains États]. Martin Luther King Jr. en prison à Birmingham, écrivant que la justice ne peut attendre indéfiniment. Alexandre Soljénitsyne interné au goulag, déclarant qu’une seule vérité peut l’emporter sur le monde entier. Partout sous des régimes totalitaires, un homme seul se dressant pour proclamer ce qui est juste a souvent infléchi le cours de l’Histoire.

Patience, persévérance, courtoisie, sont toutes des qualités humaines indispensables. Mais une sorte de divine impatience, un sens de l’urgence, l’activisme civique, sont aussi, parfois, irremplaçables. Cette année électorale nous montre l’urgent besoin d’une action héroïque pour la défense du premier de nos droits: la liberté de conscience.

En 1965, la Cour Suprême a notoirement établi par sa sentence au procès Grinswold contre l’État du Connecticut qu’un droit constitutionnel jusqu’alors ignoré, le « droit à l’intimité », pourrait autoriser la vente de contraceptifs (à des couples mariés). Personne à l’époque, ni même récemment, n’aurait pu penser qu’en 2012, une Secrétaire d’État à la Santé décrèterait que, par le biais des assurances complémentaires de santé, la fourniture gratuite de contraceptifs — y-compris la « pilule du lendemain » et autres pilules abortives — serait obligatoire, même dans des établissements religieux.

Mais c’est ce qui est arrivé vendredi dernier après-midi, moment propice (les rédacteurs en chef sont alors partis en week-end) pour publier des annonces discutables avec la moindre diffusion possible. La Secrétaire d’État à la Santé Kathleen Sebelius (citée une fois par Wikipedia comme « Catholique hérétique ») ajouta cependant que son administration accorderait aux institutions religieuses prises par les délais trop brefs d’application du système « Obamacare » une année supplémentaire pour étudier les moyens de s’y soumettre.

Explication de Mme Sebelius: « Je suis persuadée que cette mesure donne un parfait équilibre entre le respect de la liberté de conscience et un meilleur accès à d’importants services de prévention.» Critique cynique qu’on pourrait formuler : « Autrement dit, le Président et Mme Sebelius n’ont rien à faire des opinions des groupes religieux, pourvu qu’ils fassent ce qu’on leur dicte. »

Qu’en diront maintenant l’Université Notre-Dame et autres institutions catholiques qui croyaient pouvoir dialoguer avec Obama ? Et qu’en dira William B. Daley, autre catholique notoire, qui vient juste de démissionner de son poste de Chef de Cabinet du Président ?

Comme je l’écrivais voici deux ans, Daley avait accusé le célèbre cardinal de Chicago S.E. Francis George de semer la division dans l’Église en émettant une simple remarque sur le problème posé par les honneurs accordés à Obama à l’Université Notre-Dame. [NDT: un diplôme honoris causa controversé]. Ce cardinal est pour le moins un catholique dont l’autorité est reconnue de par sa position hiérarchique. Daley aura-t-il à faire des remarques sur les ingérences du pouvoir fédéral dans l’Église Catholique — et dans toutes les autres institutions religieuses émettant des objections morales à la politique gouvernementale de la santé ?

Ce 23 janvier, c’est la trente-neuvième « Marche pour la vie » à Washington. J’ai participé à presque toutes, et je peux vous affirmer que si une manifestation d’occupation du District of Columbia (Washington) [NDT: allusion aux récentes manifestations « anticapitalistes » de New York et autres grandes villes — Occupy Wall street, Occupy D.C., etc. — campant « contre la crise » dans la rue] est sincèrement altruiste, c’est bien cette Marche pour la Vie. Le seul avantage qu’en attendent les manifestants est l’espoir de vivre un jour dans une Amérique moins brutale et plus soucieuse de la dignité de la vie humaine.

Sous bien des aspects, cette marche est une histoire de patience et de persévérance. Un succès doucement croissant. L’opinion publique a miraculeusement évolué de sorte qu’une légère mais nette majorité d’Américains se déclare maintenant « pro-vie ».

Mais cette année se jouera en Amérique une partie pour tous ceux qui en connaissent l’enjeu : la lutte pour la vie. Une action urgente est attendue. Comme les nouveaux règlements assénés par le Ministère de la santé publique le montrent, à moins d’agir nombreux et dès à présent — c’est urgent, sortons de notre coquille — nous allons être soumis à un nouveau style de gouvernement.

Notre site n’est pas voué aux partis politiques. Si vous êtes Démocrate [gauche] et si vous pensez que le gouvernement actuel peut entendre raison, alors, mettez en œuvre tous les moyens dont vous disposez pour l’infléchir dans le bon sens. Bon courage !

Mais il y a encore bien d’autres actions à entreprendre, et tous dans tout le pays doivent agir désormais et jusqu’en novembre [NDT: prochaines élections aux États-Unis] pour empêcher les restrictions à la liberté religieuse dans notre pays, comme c’était dans les pays communistes, où des règles officielles de liberté de conscience étaient cruellement piétinées dans la pratique.

Puis-je vous suggérer une démarche ? Parlez à quelqu’un, peu importe qui, au travail, à l’école, à la gym, ou dans votre paroisse. Posez-lui la question: « est-il conforme à l’esprit de justice, de loyauté, à l’esprit Américain, de contraindre des institutions religieuses à des pratiques contraires à leurs croyances? » Il ne s’agit pas de la pratique hors-la-loi du sacrifice humain. Il s’agit de règlements inutiles et agressifs concernant la contraception — comme s’il n’était déjà facile d’y accéder, parfois même gratuitement, dans nombre d’établissements dans tout le pays. L’excès de pouvoir est trop évident — et ce n’est qu’un début.

Si vous pouvez convaincre cette personne, demandez-lui d’agir de même avec une autre personne. Ce n’est certes pas un sujet facile à aborder. Mais sauf si beaucoup — j’insiste, beaucoup — sortent de leur confortable train-train — vigoureusement et rapidement en cette période électorale — nous vivrons sous peu dans une Amérique différente, une Amérique ayant perdu ses fondations de gouvernement peu contraignant et de liberté de conscience.

Cela n’est pas une prédiction à long terme. Le changement a déjà commencé.


Photo : L’état-major « catholique » d’Obama

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/divine-impatience.html

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Note du traducteur. Notre petite équipe de traducteurs bénévoles est un peu à bout de souffle et nous manquons ainsi beaucoup d’articles très intéressants sur le site The Catholic Thing. N’y aurait-il pas parmi les amis de France Catholique, quelques anglicistes qui pourraient venir nous donner un coup de main ?