Discours de Monseigneur Marc Stenger - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Discours de Monseigneur Marc Stenger

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C’est un honneur insigne pour Pax Christi France d’accueillir cette année la cérémonie de la remise du prix 2010 de la Paix de Pax Christi International, ce prix qui est décerné chaque année à une personne ou à un groupe ayant accompli de façon exemplaire des réalisations pour un monde plus pacifié.
C’est un honneur que nous voudrions accueillir avec humilité, car on ne fait pas son fond de commerce de la souffrance des hommes. Le seul honneur dont nous voulons nous targuer, c’est l’honneur de servir, de s’engager pour l’homme, pour la paix et la justice. Il n’y a pas plus symbolique à cet égard que cette cérémonie que nous allons vivre debout, prêts à nous mettre en route pour le rendez-vous de la paix.

Ce prix est un prix modeste, humble, qui n’a évidemment rien de commun avec le Nobel, mais qui n’en est pas moins affecté d’une lourde charge symbolique, puisque, je le dis d’entrée de jeu pour mettre à l’aise notre lauréat 2010, plusieurs de ceux qui l’ont reçu dans les années passées ont payé de leur vie leur courageuse défense des droits de l’homme. Parmi eux, je citerai volontiers Margarida Maria Alves, présidente de l’Union des travailleurs agricoles du Brésil, qui a perdu la vie pour s’être fait l’avocate des travailleurs ruraux pauvres, première lauréate à titre posthume du Prix de la paix de Pax Christi en 1988 ; ou encore Sergio Vieira de Mello, haut-commissaire aux droits de l’Homme des Nations-Unies et représentant spécial de l’ONU en Irak, victime d’un attentat avec une partie de son personnel à Bagdad.

Cher Monseigneur Sako, vous êtes là, vous, parce que vous savez que rien ne compte plus que l’homme, sa dignité de citoyen et d’enfant de Dieu, quelle que soit la couleur de sa peau, quelle que soit sa condition, sa culture et sa religion. Rien ne compte plus que de lui faire justice, car c’est là signifier la reconnaissance de sa valeur singulière et irremplaçable, rien ne compte plus que la fraternité entre les hommes, car elle est le gage d’un monde harmonieux et épanouissant pour tous. Vous êtes là, parce que vous croyez de toute la force de votre foi, que cet homme, créature à l’image de Dieu, est sans prix et que le service de sa dignité mérite tous les sacrifices.

Bienvenue donc à vous du plus profond du cœur. A travers vous, c’est à tous ceux qui avec vous, comme vous, travaillent au dialogue et à la réconciliation là-bas, sur cette terre d’Irak où l’Evangile a pris racine dès le commencement, habitée depuis toujours par des chercheurs du Dieu unique, un Dieu qui n’était pas conduit par le caprice et l’arbitraire, mais par la justice et l’amour, que nous souhaitons la bienvenue. A travers vous, c’est devant toutes les victimes du fanatisme, de l’extrémisme, des recherchées effrénées d’intérêts particuliers, de la volonté de pouvoir et de domination que nous nous inclinons respectueusement. A travers votre distinction, c’est un signe de notre foi en l’avenir de la paix, en Irak et sur d’autres terres que nous voulons poser. Tant qu’il y aura des hommes disposés à se battre pour la paix, sans jamais renoncer, sans jamais désespérer devant cette toile de Pénélope que représente souvent ce combat, une lumière brillera au ciel de nos obscurités, la lumière de l’espérance.

Il n’est pas anodin, permettez-moi de le dire, que cette cérémonie se déroule dans cette Maison où bat le pouls de l’Eglise de France. C’est une manière de signifier que le soutien apporté aux chrétiens d’Irak particulièrement éprouvés en ce moment, et plus largement à tous ceux qui, de quelque confession et croyance qu’ils soient, menacés, humiliés, assassinés, n’est pas l’affaire de Pax Christi, mais aussi de l’œuvre d’Orient, du Secours Catholique, du CCFD, mais aussi de tous les chrétiens, catholiques, protestants, orthodoxes, de France et d’Europe, représentés par des amis de plusieurs sections européennes de Pax Christi et avec eux, tous les hommes de bonne volonté, de tous les hommes de religion et de responsabilité qui n’acceptent pas les dénis d’humanité et veulent un monde réconcilié et respectueux de chacun.

Vous êtes entouré ce matin de beaucoup d’amis de la paix, du monde religieux, du monde politique, économique et social, du monde des médias. Je ne les nommerai pas tous, car il faudrait nommer aussi tous ceux qui se sont excusés de ne pas pouvoir être là et cela prendrait, croyez-moi, beaucoup de temps. Je ferai trois exceptions si vous le permettez :
Je voudrais saluer Mgr Antoine Hérouard, secrétaire général de la Conférence des Evêques de France. C’est lui qui nous accueille et à mis ses services à notre disposition. Que lui et ses services en soient remerciés.
Je voudrais saluer aussi Monsieur Olivier Poupard, conseiller pour les affaires religieuses du Ministère des Affaires Etrangères. Sa présence est le signe que nous sommes en phase avec les pouvoirs publics pour un véritable engagement en faveur de la sécurité et de la paix.
Je voudrais saluer enfin les représentants de la Présidence et du staff de Pax Christi International, en particulier Madame Claudette Werleigh, secrétaire générale de Pax Christi International. Permettez-moi de préciser qu’elle représente aussi de par ses origines un autre pays martyr, Haïti, où elle a exercé des responsabilités politiques importantes.

Je donne à présent la parole au Professeur Herman Teule, Directeur de l’Institut pour les études sur les chrétiens d’Orient à l’Université Raboud de Nimègue. Il est un ami de Mgr Sako, et il va faire pour parler en termes académiques la « laudatio » du lauréat.

Paris, le 8 décembre 2010

+ Marc Stenger
Evêque de Troyes
Président de Pax Christi France