Digérer le 13 janvier ? - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Digérer le 13 janvier ?

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On ne digérera pas si facilement une journée comme celle du 13 janvier 2013. Je sais bien que certains font le gros dos, en espérant que ça passe et que l’on oublie. Un indice sérieux, pour moi dévoreur de journaux. Libération et Le Monde, qui sont pourtant champions de la cause du mariage gay, ont omis d’éditorialiser hier matin sur cet événement capital. Il est vrai que l’opération militaire au Mali, qui requérait aussi toute leur attention était venue à leur secours pour les dispenser de nous offrir leurs pensées profondes sur la manif. Nous devrons sans doute attendre les éditions suivantes, pour qu’avec un peu de distance, nos distingués confrères s’expriment avec la pertinence que nous leur connaissons. Ils se sont contentés de décrire les choses, en insistant l’un et l’autre, le quotidien du matin et celui du soir, sur l’importance et la nature de l’engagement de l’Église catholique. Conclusion de Bernadette Sauvaget dans Libé : « S’il est minoritaire, le catholicisme connaît une mutation interne : moins de troupes certes mais plus de militants… Et plein de nouveaux alliés, religieux et politiques. »

La remarque est intéressante, car on nous expliquait, il y a peu, que ladite Église était moribonde, notamment lors d’une discourtoise interpellation du cardinal André Vingt-Trois à l’Assemblée Nationale. Il est impossible de nier l’engagement des catholiques dans la Manif pour tous, elle est flagrante, elle est significative, à mon sens, d’un réveil de ses forces vives, sollicitées par la gravité du débat et la nécessité d’un engagement civique. Mais il faut aller au bout de la remarque de Bernadette Sauvaget, car la question des alliés est aussi très importante. Bien des gens de bonne volonté se découvrent sur la même longueur d’onde que les catholiques, sans partager leurs convictions religieuses. C’est d’ailleurs la preuve que le mariage, s’il est un sacrement, est aussi l’institution la plus structurante de la société. Je me répète ici volontiers, car j’ai souvent repris l’expression de ce grand penseur qu’est le psychanalyste Pierre Legendre, qui parle d’instituer la vie. Tout part de là : l’institution pose le cadre généalogique du destin de la vie à la mort. C’est pourquoi défendre le mariage, c’est-à-dire l’union de l’homme et de la femme, c’est se mettre ensemble au service du destin de notre commune humanité.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 15 janvier 2013.