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C’est actuellement l’époque des premières communions. Dans notre paroisse comme dans toutes les paroisses du pays, de jeunes garçons et filles reçoivent pour la première fois Notre Seigneur dans l’Eucharistie. Mon propre fils a communié pour la première fois le week-end passé, en même temps que nombre de ses amis et camarades de classe. C’était une célébration joyeuse. Les parents et grands-parents rougissaient de fierté, dans l’admiration de l’innocence des gamins.
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J’avais dit à mon fils que lorsqu’il recevrait l’Eucharistie, il recevrait Dieu Lui-même – le Dieu qui a créé l’univers, qui a fait toutes les bonnes choses, qui nous a créés. Je lui ai dit qu’il recevrait le Dieu même qui avait libéré son peuple de l’esclavage en Egypte et qui a pris soin de son peuple même quand il péchait. Je lui ai dit qu’il recevrait ce Jésus qui est né de Marie à Bethléem, qui a travaillé aux côtés de Joseph, qui a guéri les malades et ressuscité les morts – qui a souffert, est mort et est ressuscité pour nous libérer du péché.
Et je lui ai dit que quand nous recevons le corps et le sang de Jésus, quand nous sommes unis si intimement à lui, nous sommes également unis à tous ceux qui sont unis à Lui – aux grands saints, nos ancêtres dans le ciel, notre famille et nos amis, proches ou lointains. Je lui ai dit que je pensais souvent à mon propre père, qui est mort quand mon fils était très jeune, et comment je le rencontrais avec Notre Seigneur à la messe. Je le lui ai dit car grâce à cela je ne suis jamais seul, afin que lui non plus ne soit jamais seul.
Et je me demandais : il sait tout cela, mais le comprend-il vraiment ? Comprend-il réellement tout, ainsi que je le souhaite ? Sait-il tout ce que cela signifie ? Il est si jeune.
Je me suis alors rappelé le visage de mon fils comme il revenait de la communion. Radieux. Rayonnant. Et je n’ai pu m’empêcher de me demander : est-ce que moi je comprends ? Est-ce que je comprends réellement tout ce que cela signifie ? Ou suis-je devenu, à mon détriment, trop sophistiqué ? « Amen, je vous le dis, à moins de redevenir comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux ». Merci Seigneur pour l’innocence des enfants.
C’est l’époque des ordinations. Dans mon diocèse, notre évêque ordonnera neuf prêtres ce week-end. Je connais certains d’entre eux. Ce sont des hommes bons ; ils feront d’excellents prêtres. Nous avons de la chance.
Ces neuf hommes ont été appelés par leur évêque à servir l’Église par toute leur vie. En répondant à cet appel, nul doute qu’ils donnent bien plus – et reçoivent bien plus – qu’ils ne peuvent pleinement le comprendre. Ils vont être transformés pour toujours, conformés par le sacrement de l’ordre à la prêtrise de l’unique Grand Prêtre.
Quelqu’un m’a dit un jour que tout homme n’ayant pas eu quelque désir d’être prêtre n’a tout simplement pas compris ce qu’est un prêtre. C’est probablement vrai. Quel homme ne comprend pas le désir d’être mis à part pour défendre son troupeau, le conduire et le guider, pour lui sacrifier sa vie ?
Quel homme ne désire pas la liberté de savoir pour quoi il meurt ? Quel homme ne désire pas offrir à ceux qui lui sont confiés un don plus grand qu’aucun don pouvant être confectionné par des mains humaines ? Quel homme n’est pas touché par les mots du psaume : « un prêtre pour toujours, selon l’ordre de Melkisédek » ?
Le mariage n’est pas ainsi. Il s’achève avec la mort : « à la résurrection, ils ne se marient pas ni ne sont donnés en mariage mais ils sont comme les anges dans le ciel ». Cela me rend triste. Non parce que j’aime ma femme (je l’aime effectivement) mais parce que j’imagine que le Ciel sera diminué par manque de mariage. Plutôt, parce que nous souhaitons tous que les bonne choses durent, même au-delà de la mort. Cela m’attriste qu’un don aussi merveilleux que le mariage – un don qui n’a pas été perdu par la Chute ni noyé par le Déluge – ne perdure pas après la mort.
Mais il dure d’une certaine façon, pour ceux d’entre nous dotés d’enfants. Le lien du mariage peut bien ne pas survivre à la mort. Le mariage peut bien ne pas nous changer ontologiquement comme le font le baptême et le sacrement de l’ordre. Mais mon fils sera toujours mon fils et celui de mon épouse. Nos filles seront également toujours nos filles à tous deux. La paternité dure. La maternité dure. Même au-delà de la tombe.
La Pentecôte est bientôt là. Le temps pascal, si fécond en grâce pour nos familles, paroisses et diocèse va culminer avec la grande fête de l’Esprit-Saint. Notre monde est disloqué. Notre Eglise aussi est blessée. Le péché et la souffrance abondent. Mais ce n’est pas un monde différent – ce monde réel, là dehors – de celui truffé des rythmes de la liturgie, des sacrements et de la grâce.
L’Esprit-Saint est à l’œuvre dans le monde, ne vous y trompez pas. Et au milieu de cet apparent chaos, il insuffle la richesse, la bonté et l’ordre : il fait toute chose nouvelle. C’est merveilleux à voir.
Pour aller plus loin :
- Jean-Paul Hyvernat
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- CET UNIVERS OÙ NOUS PASSONS