Certainement nos lecteurs ont le moyen de lire le bulletin quotidien du Vatican par ailleurs, mais nous nous permettons de mettre à la disposition de nos amis ce numéro « VISnews 090318 » sur notre propre site car « l’affaire du préservatif » réclame qu’on soit parfaitement et rapidement informé…
On pourra lire la transcription complète de la conférence de presse aérienne par Il Corriere della Sera. Traduction sur le site « Benoit-et-moi » et nous la publions également en annexe du VIS
http://benoit-et-moi.fr/2009/0455009b820d06502/0455009b8807bfe0e/0455009bd20744c01.html
DIALOGUE AVEC LES JOURNALISTES
CITE DU VATICAN, 17 MAR 2009 (VIS). Pendant le voyage de Rome à Yaoundé Benoît XVI s’est entretenu avec la presse qui l’accompagne, et a répondu à quelques questions de journalistes :
Après surtout votre lettre explicative aux évêques, nombre de journaux ont parlé de la solitude du Pape. Vous sentez-vous seul?:
« A dire vrai, j’ai envie de rire quand on fait état de ce mythe. Je ne me sens pas du tout seul. Je reçois chaque jour la visite de mes collaborateurs les plus proches, à commencer par le Secrétaire d’Etat… Il s’agit d’un entourage d’amis et d’une belle collaboration entre évêques et autres collaborateurs, ce dont je me réjouis ».
A propos de l’impact de la crise mondiale sur l’économie des pays pauvres, et de la perspective d’une prochaine encyclique sur le sujet, le Saint-Père a répondu:
« Un élément fondamental de la crise est le manque d’éthique des structures économiques. L’éthique ne doit pas être étrangère à l’économie mais en son sein car elle ne peut fonctionner si elle ne prend pas compte de la dimension éthique ». Revenant sur une encyclique consacrée ai social, il a dit: « J’étais sur le point de la publier lorsqu’a éclaté la crise et on a retenu nécessaire de revoir le document pour mieux l’adapter dans le contexte des compétences de l’Eglise, de la doctrine sociale… J’espère qu’ainsi l’encyclique pourra être un outil meilleur pour aider à surmonter la crise ».
Puis le Saint-Père a répondu à une question relative à la spécificité du message catholique en Afrique face à la pression des sectes:
« Nous n’annonçons pas un Evangile du succès mais le réalisme chrétien, non des miracles comme le font certains mais la sobriété de la vie chrétienne. Nous sommes convaincus que c’est cette sobriété et ce réalisme qu’a annoncé Dieu fait homme, un Dieu profondément humain qui souffre avec l’homme et donne un sens à ses souffrances, qui dévoile un horizon plus vaste et à venir. Nous savons que les sectes ne sont pas stables et que si, dans un premier temps, elles promettent la prospérité ou cures miraculeuses, la vie demeure ce qu’elle est, difficile. Seul un Dieu humain qui partage les souffrances des hommes est convainquant. Plus vrai il est d’une grande aide dans la vie ».
A propos ensuite du SIDA, et de la position de l’Eglise qui est considérée peu réaliste et peu efficace par certains, le Pape a dit que
« dans la lutte contre le SIDA l’Eglise catholique et ses mouvements sont précisément les plus présentes… On ne saurait le vaincre par de simples slogans. Si on veut aider les africains, ce ne sera pas par une distribution de préservatifs qui, au contraire, risque d’accroître le problème. Il n’y a de solution que dans un double engagement, l’humanisation de la sexualité qui implique un renouveau spirituel et moral portant à un nouveau comportement, et ensuite une solide amitié envers surtout ceux qui souffrent. Cette disponibilité implique sacrifices et renonciations personnelles ».
PV-CAMEROUN/PRESSE AVION/… VIS 090318 (500)
CAMEROUN, TERRE D’ESPERANCE
CITE DU VATICAN, 17 MAR 2009 (VIS). L’avion papal a atterri vers 16 h à Yaoundé, la capitale du Cameroun, première étape du premier voyage de Benoît XVI en Afrique. Le Saint-Père a été accueilli par M.Paul Biya, Président de la République, par Mgr.Simon-Victor Tonyé Bakot, archevêque de Yaoundé et Président de la Conférence épiscopale, et le Cardinal Christian Wiyghan Tumi, Archevêque émérite de Douala. Après avoir été présenté aux autorités locales et aux diplomates en poste au Cameroun, le Pape a répondu au salut du chef de l’état:
« Je viens parmi vous comme un Pasteur…pour confirmer mes frères et sœurs dans la foi. C’est la mission que le Christ a confiée à Pierre à la dernière Cène, et c’est la mission des Successeurs de Pierre. Quand Pierre prêchait aux foules venues à Jérusalem pour la Pentecôte, il y avait, présents parmi eux, des pèlerins provenant d’Afrique. Et, aux premiers siècles du christianisme, le témoignage de nombreux grands saints de ce continent…montre la place remarquable de l’Afrique dans les Annales de l’histoire de l’Eglise. Depuis lors et jusqu’à nos jours, d’innombrables missionnaires et de nombreux martyrs ont continué de rendre témoignage au Christ dans toute l’Afrique, et aujourd’hui l’Eglise est bénie par la présence d’environ 150 millions de membres ».
Puis il a dit être venu en Afrique pour célébrer avec ses peuples « la foi au Christ, qui donne la vie, qui soutient et nourrit de si nombreux fils et filles de ce grand continent! ». Evoquant le prochain Synode des évêques consacré à l’Afrique, il a dit que ce moment de grâce devait constituer pour tous les catholiques africains l’occasion de relancer la mission de l’Eglise et « d’apporter l’espérance au coeur du continent, de ses peuples et des peuples du monde… Même au milieu des pires souffrances le message chrétien est porteur d’espérance… Face à la violence, à la pauvreté, à la faim, à la corruption, à l’abus de pouvoir, le chrétien ne doit pas renoncer… En Afrique aussi tant d’hommes et de femmes…tant de personnes sans toit, de veuves et d’orphelins, …attendent encore de recevoir cette parole d’espérance et de réconfort ».
« Sur un continent où jadis tant d’habitants furent déportés et réduits en esclavage, le trafic d’êtres humains, femmes et enfants en particulier, est devenu une nouvelle forme d’exploitation. En un moment difficile pour l’économie et l’alimentation, de dérèglement des systèmes et du climat, l’Afrique souffre encore plus que les autres. Un nombre croissant de ses habitants sont réduits à la famine, assaillis par la pauvreté et la maladie. Ils réclament la justice et la paix que l’Eglise leur offre… Non une nouvelle oppression politique ou économique mais la liberté des fils de Dieu. Non l’imposition de modèles sociaux ignorant le droit à la vie des non nés mais l’eau pure de l’Evangile de la vie. Non de sanglantes rivalités ethniques ou religieuses mais la paix et la joie du Royaume ».
Le Saint-Père a ensuite salué la sollicitude pastorale de l’Eglise locale envers les malades et a insisté sur le fait que les malades du sida puissent recevoir au Cameroun un traitement gratuit. « L’éducation est un autre aspect essentiel du ministère de l’Eglise » a ajouté Benoît XVI, en saluant notamment l’œuvre accomplie par l’Université catholique d’Afrique centrale, qui constitue un signe de grande espérance pour l’avenir de cette région africaine.
« Le Cameroun est bien une terre d’espérance pour beaucoup… Des milliers de réfugiés, fuyant des pays dévastés par la guerre, ont été accueillis ici. C’est une terre de la vie où le gouvernement parle clairement pour la défense des droits des enfants à naître. C’est une terre de paix : à travers le dialogue qu’ils ont mené, le Cameroun et le Nigeria ont résolu leur différend concernant la péninsule de Bakassi et montré au monde ce qu’une diplomatie patiente peut produire de bon. C’est un pays…béni parce que la population y est jeune, pleine de vitalité et décidée à construire un monde plus juste et plus paisible. A juste titre, le Cameroun est décrit comme une Afrique en miniature qui abrite en son sein plus de deux cents groupes ethniques différents capables de vivre en harmonie les uns avec les autres ».
Venant parmi vous aujourd’hui, a conclu Benoît XVI, « je prie pour que l’Eglise, ici et dans toute l’Afrique, puisse continuer à croître en sainteté, dans le service de la réconciliation, de la justice et de la paix ». Après ce premier discours, le Pape a gagné la nonciature de Yaoundé, où il passera sa première nuit africaine.
CAMEROUN/ARRIVE/YAOUNDE/VIS 090318 (760)
AVEC LES EVEQUES CAMEROUNAIS
CITE DU VATICAN, 18 MAR 2009 (VIS). Après la messe privée, le Pape a quitté ce matin la nonciature pour rencontrer le Président Biya. Puis il a quitté le palais de l’Unité pour l’église du Christ-Roi, où il a rencontré les 31 évêques du Cameroun. En cette année consacrée à saint Paul, leur a-t-il dit, il est opportun de rappeler l’urgence qu’il y a d’annoncer à tous l’Evangile. Et pour assumer cette mission d’évangélisation et répondre aux multiples défis du monde, il faut « une coopération effective entre les diocèses, notamment pour une meilleure répartition des prêtres dans votre pays, ne peut que favoriser les relations de solidarité fraternelle avec les Eglises diocésaines plus pauvres afin que l’annonce de l’Evangile ne souffre pas du manque de ministres ». Puis il a souligné l’importance pour les évêques d’être solidement unis à leur clergé. « L’exemple et l’enseignement de l’évêque sont précieux pour que la vie spirituelle et sacramentelle occupe une place centrale dans le ministère sacerdotal. Cela aide le prêtre à vivre plus profondément sa mission de pasteur et d’homme de prière. Cette vie est une immense richesse reçue pour nous mais aussi ceux qui nous ont été confiés ».
Le Pape a alors dit sa joie pour les nombreux jeunes candidats au sacerdoce, et rappelé combien il est essentiel que la vocation se fasse avec sérieux et discernement, en donnant la priorité à la sélection et à la formation des directeurs spirituels. Puis il a parlé de la vie religieuse en rappelant que depuis le début de la christianisation du pays, religieux et religieuse ont fourni une contribution fondamentale à la construction et à la vie de l’Eglise, rendant grâce à Dieu pour le développement de la vie consacrée parmi les camerounais et saluant également le travail des catéchistes qui développent l’inculturation de la foi en donnant une formation doctrinale de base. Benoît XVI a alors cité un des grands défis, celui de la famille et de ses difficultés. Il faut, a-t-il affirmé, préserver les valeurs fondamentales de la famille africaine et en favoriser l’évangélisation, favoriser la perception de la nature, de la dignité et de la mission du mariage, union indissoluble et stable.
Rappelant que « la liturgie doit occuper une place centrale dans l’expression de la foi », le Saint-Père a dit qu’il est essentiel que ses divers modes d’expression ne soient pas un obstacle à la communion avec Dieu. Et face au danger des sectes et autres mouvements ésotériques, de l’influence croissante des superstitions et du relativisme, on doit relancer la formation des jeunes et des adultes, dans le monde universitaire et intellectuel notamment. Il s’est ensuite réjoui des nombreuses associations de laïcs qui fleurissent dans les diocèses, et a encouragé la participation des associations féminines dans les différents secteurs de la mission de l’Eglise »: Cela montre « une prise de conscience réelle de la dignité de la femme et de sa vocation particulière dans la communauté ecclésiale et dans la société ». Quant à la mission épiscopale, elle conduit l’évêque « à être le défenseur des droits des pauvres, à susciter et à encourager l’exercice de la charité, manifestation de l’amour du Seigneur pour les petits ». L’Eglise étant une véritable famille de Dieu, cela « exclut tout ethnocentrisme et tout particularisme excessif et contribue à la réconciliation et à la collaboration entre les ethnies pour le bien de tous… Aussi est-il du devoir des chrétiens, particulièrement des laïcs qui ont des responsabilités sociales, économiques, politiques, de se laisser guider par la doctrine sociale de l’Eglise, afin de contribuer à l’édification d’un monde plus juste où chacun pourra vivre dans la dignité ».
PV-CAMEROUN/RENCONTRE EVEQUES/YAOUNDE VIS 090318 (610)
En voyage avec Benoît XVI
« Moi, seul ? Un mythe que me fait un peu rire »
Le Pape en vol vers l’Afrique : « Je proposerai un programme de foi et de morale, et non politique et economique »
Il Corriere della Sera
Du VOL PAPAL –
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Vol Alitalia Az 4000 de Rome à Yaoundé, au Cameroun. Départ à 10h15, un quart d’heure de retard. Même avec le Pape à bord, impossible de partir à l’heure, à Fiumicino. Trois quarts d’heure plus tard le Boeing B777 survole la côte africaine et Benoît XVI, de sa place à l’avant, rejoint les journalistes à l’arrière de l’avion. Tranquille, souriant, l’air intrigué.
Le porte-parole, le père Federico Lombardi commence : Santità, les journalistes ont préparé trente questions (le Pape écarquille les yeux) et à la fin nous en avons choisi six (le Pape imprime à ses traits une expression de soulagement). Benoît XVI écoute attentivement les journalistes. Qui lui demandent si vraiment il se sent seul.
Voilà l’interviewe intégral recueillie en vol.
– Depuis longtemps, et en particulier après votre dernière lettre aux Évêques du monde, les journaux parlent de solitude du Pape. Qu’en pensez-vous? Vous sentez-vous seul ? Et avec quels sentiments, après les récents événements, volez-vous maintenant vers l’Afrique ?
« Pour dire la vérité je dois un peu rire sur ce mythe de ma solitude. En aucune façon, je ne me sens seul. Chaque jour je reçois les collaborateurs les plus proches, du secrétaire d’État jusqu’à La Propagation de la foi, je vois régulièrement tous les chefs de discastère, je reçois des évêques en visite ad limina, dernièrement j’ai vu les évêques du Nigeria et d’Algérie, nous avons eu deux assemblées plénières ces jours-ci, la congrégation du culte et celle du clergé, en plus de nombreux entretiens amicaux, un réseau d’amitiés : mes amis d’Allemagne sont venus bavarder avec moi. Aucune solitude, je suis vraiment entouré d’amis, en étroite collaboration avec des évêques et des collaborateurs et avec les laïques, et j’en suis heureux. Je me rends en Afrique avec une grande joie. J’ai beaucoup d’amis africains depuis que j’étais professeur, j’aime la joie de leur foi, cette joyeuse foi qu’on trouve en Afrique. Vous savez que le mandat du Seigneur pour le successeur de Pierre est de confirmer ses frères dans la foi et moi chercherai à le faire. Mais je suis sûr que ce sera moi qui serai confirmé par mes frères, contaminé pour ainsi dire par leur joyeuse foi ».
– Santità, vous faites ce voyage en Afrique alors qu’une crise économique mondiale est en cours, qui se reflète aussi dans les Pays pauvres. En particulier l’Afrique doit faire face aussi à une crise alimentaire. Cette situation trouvera t’elle écho dans votre voyage ? Vous adresserez-vous à la communauté internationale pour qu’elle prenne en charge les problèmes de l’Afrique ? Sera t-il question aussi de ces problèmes dans l’Encyclique qui se prépare ?
« Naturellement je ne viens pas en Afrique avec un programme politique et économique, il me manquerait la compétence. J’arrive avec un programme religieux, de foi, de morale, mais justement cela peut donner une contribution essentielle pour la crise économique que nous avons en ce moment. Nous savons qu’un élément fondamental de la crise est le déficit d’éthique dans les structures économiques. On a compris que l’éthique n’est pas une chose hors de l’économie, mais dans. L’économie ne fonctionne pas si elle ne porte pas en elle un élément éthique. Donc en parlant de Dieu et des grandes valeurs spirituelles je cherche à donner une contribution pour dépasser la crise et rénover le système économique de l’intérieur, là où réside vraiment le noeud de la crise. L’église est catholique, universelle, traverse toutes les cultures et les continents, elle est présent dans tous les systèmes politiques et ainsi la solidarité est le principe fondamental du catholicisme. Je voudrais faire appel à la solidarité catholique et à la solidarité de tous. Évidemment je parlerai de cela dans l’encyclique, c’est le motif du retard, nous étions sur le point de la publier lorsque la crise s’est déchaîné et nous avons repris le texte pour répondre au changement dans le cadre de nos compétences, de la doctrine sociale de l’Église, mais en référence aux éléments réels. J’espère que l’encyclique pourra être un élément d’aide, une force pour dépasser cette crise ».
– Le Conseil spécial pour l’Afrique du Synode des évêques a demandé que la forte croissance quantitative de l’Église africaine devienne aussi une croissance qualitative. Parfois les responsables de l’Église sont considérés comme un groupe de riches et de privilégiés et leurs comportements ne sont pas cohérents avec l’annonce de l’Évangile. Inviterez-vous l’Église en Afrique à un engagement d’examen de conscience et de purification de ses structures ?
« J’ai une vision plus positive de l’Église en Afrique : c’est une Église très proche des pauvres, des souffrants, des personnes qui ont besoin d’aide. Donc il me semble que c’est une institution qui fonctionne encore lorsque les autres institutions ne fonctionnent plus. Toujours avec son système d’éducation, ses hôpitaux, elle est très présente parmi les pauvres. Naturellement le péché originel est aussi présent dans l’Église. Il n’y a aucune société parfaite. Il y a des pécheurs et des manquements dans l’Église, et même en Afrique. En ce sens un examen de conscience et une purification intérieure deviennent nécessaires : j’en parlerai mais cela fait partie aussi de la liturgie eucharistique : on commence toujours avec une purification de la conscience. Je dirais que, plus qu’une purification des structures, toujours nécessaire, il faut une purification des coeurs. Une purification des structures est nécessaire mais elle est inutile sans une purification des coeurs. Les structures sont un reflet des coeurs : faisons notre possible pour donner une nouvelle force à la spiritualité, à la présence de Dieu dans notre coeur, tant pour purifier les structures de l’Église que pour aider la purification des structures de la société ».
– Lorsque vous vous adressez à l’Europe, vous parlez souvent d’un horizon dont Dieu semble disparaître. En Afrique il n’en est pas ainsi, mais il y a la présence agressive des sectes, il y a les religions traditionnelles africaines. Quelle est alors la spécificité du message de l’Église catholique que vous pouvez présenter dans ce contexte ?
« Nous reconnaissons tous qu’en Afrique le problème de l’athéisme ne se posent presque pas. La réalité de Dieu est si présente que ne pas croire en Dieu ou vivre sans Dieu n’est pas une tentation. C’est vrai, il y a aussi des problèmes de sectes. Nous n’annonçons pas comme ils le font un évangile de prospérité mais un de réalisme ; la sobriété de la vie chrétiennes, pas des miracles ; mais nous sommes convaincus que justement cette sobriété, un Dieu fait homme, profondément humain, que souffre avec nous, donne un sens à notre souffrance, a un horizon plus vaste et un futur. Nous savons que ces sectes ne sont pas très stables. Prospérité, guérisons, miracles… mais ensuite on voit que la vie est difficile et un Dieu humain qui souffre pour nous est plus prometteur, plus humain, d’une plus grande aide dans la vie. Et ensuite nous avons la structure de l’Église, pas un petit groupe qui à la fin se perd. Un grand réseau d’amitié qui nous unit, aide à dépasser le tribalisme et à arriver à l’unité dans la diversité qui est la vraie promesse pour le futur ».
– Parmi beaucoup de maux qui tourmentent l’Afrique, il y en en particulier celui de la diffusion du Sida. La position de l’Église catholique sur la manière de lutter contre lui, est souvent considérée pas réaliste et pas efficace. Affronterez-vous ce thème pendant le voyage ?
« Je dirais le contraire. Je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente et la plus forte dans la bataille contre le Sida est vraiment l’Église catholique avec ses structures, ses mouvements et communautés. Je pense à Sant’Egidio qui fait tant dans la lutte contre le Sida, aux ‘camilliani’, aux soeurs qui se consacrent aux malades. On ne peut pas surmonter le problème du Sida seulement avec l’argent, qui aussi est nécessaire, s’il n’y a pas une âme qui sait appliquer une aide. Et on ne peut pas surmonter ce drame avec la distribution de préservatifs, qui au contraire augmentent le problème. La solution peut être double, une humanisation de la sexualité et une vraie amitié envers les personnes souffrantes, la disponibilité, même avec des sacrifices personnels, à être avec les souffrants. Ceci est notre double force : rénover l’homme intérieurement, lui donner la force spirituelle et humaine pour avoir un comportement juste et en même temps la capacité de souffrir avec les souffrants dans les situations d’épreuve. Cela me semble la juste réponse que l’Église donne, une contribution importante ».
– Quel signe d’espoir l’Église voit-elle dans le continent africain ? Pensez-vous pouvoir adresser à l’Afrique un message d’espoir ?
« Notre foi est espoir par définition. Qui porte la foi est convaincu de porter aussi l’espoir. Malgré tous les problèmes que nous connaissons bien, il y a de grands signes d’espoir, de nouveaux gouvernements, de nouvelles disponibilités de collaboration, de lutte contre la corruption – grand mal qui est en train d’être surmonté – et aussi l’ouverture des religions traditionnelles, à la foi chrétienne. Tous connaissent Dieu mais il apparaît un peu lointain et ils attendent qu’il se rende plus proche. Et ensuite le culte traditionnel des ancêtres trouve sa réponse dans la communion des saints : qui ne sont pas les canonisés mais tous nos morts. Il y a une rencontre profonde qui donne espoir. Le dialogue interreligieux croît. J’ai parlé avec plus de la moitié des évêques et ils me disent que la relation avec les musulmans est très bonne. Le respect réciproque la responsabilité éthique commune, la joie d’être chrétien grandissent. Un problème des religions traditionnelles est la peur des esprits. Un évêque m’a dit : quelqu’un est vraiment converti et devient pleinement chrétien s’il sait qu’avec le Christ il n’a pas peur, que Jésus est plus fort que les esprits. Les forces spirituelles, sociales et économiques qui donnent espoir grandissent aussi. Voilà : je voudrais mettre en lumière l’élément de l’espoir ».
Gian Guido Vecchi
17 marzo 2009