12000 personnes réunies à Lourdes par l’Église de France sur le thème : « Servir la fraternité », ce n’est pas une information anodine. L’Église serait infidèle à elle-même si elle oubliait le service de la charité. La lecture des Actes des apôtres, pratiquée par la liturgie durant la période du temps pascal, nous montre que c’était déjà la caractéristique de la première communauté chrétienne de Jérusalem, en même temps que l’écoute de l’enseignement des apôtres et la fraction du pain. L’institution du diaconat correspond d’ailleurs à la nécessité de créer un service particulier pour cette tâche. Cela explique le nom retenu pour le rassemblement de Lourdes : « Diaconia ». La reprise de ce vocable signifie aussi que le même impératif s’impose toujours aujourd’hui. Malheureusement, la crise a multiplié les situations de précarité dans les pays les plus favorisés, et les chrétiens sont particulièrement sollicités par la pauvreté qui s’est développée aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural.
Un tel événement montre également que l’Église n’est pas livrée à un unique combat pour la famille, même si celui-ci a pris une importance singulière dans l’engagement de ces derniers mois. François Soulage, président du comité de pilotage de Diaconia 2013 et président du Secours catholique, a bien eu raison d’affirmer qu’« à un moment important pour la société française, ce rassemblement a montré que l’anthropologie chrétienne conduit l’Église à se mobiliser au service de l’homme, sur l’ensemble des questions qui le concernent ». Ainsi est-il répondu au reproche de privilégier une cause au détriment des autres, comme si l’Église de France avait opéré un choix discriminant. Diaconia s’inscrit en faux contre cette affirmation, en rappelant que plusieurs centaines de milliers de chrétiens militent dans les associations caritatives. Dans le pays de saint Vincent de Paul et du bienheureux Frédéric Ozanam, c’est une tradition profondément ancrée dans les esprits et qui n’a cessé d’inspirer des réseaux d’entraide dans l’ensemble des paroisses. C’est le signe de l’originalité et de l’indépendance de l’Église, capable d’intervenir sur tous les terrains, dès lors que le souci de l’homme et la primauté du pauvre sont en cause. Notre pape François nous montre l’exemple à ce propos dans toutes ses interventions, en affirmant qu’il n’y a aucune séparation possible entre la défense de la vie sous toutes ses formes et la charité la plus concrète. Oui, le pape, comme l’Église, est vraiment catholique à épouser ainsi l’universalité du service de l’humanité à l’image de Dieu.
Pour aller plus loin :
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- La fraction du pain
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu